Vers un nouveau modèle bancaire : la plateformisation des services financiers

Le modèle de la banque mixte universelle a longtemps prévalu en Europe. Et pourtant, il est en train de disparaître en raison de l'open banking.

Le modèle de la banque mixte universelle a longtemps prévalu en Europe. Mixte,  parce que la plupart des établissements jouent à la fois le rôle de banque de dépôt et celui de banque d’investissement. Universelle, parce que les banques proposent un panel complet de produits : une fois qu’un client a choisi la Société Générale ou la BNP, il peut passer par cet établissement pour mener l’ensemble de ses opérations.

Les cinq groupes bancaires qui réalisent 80% du produit net bancaire (PNB) français sont depuis longtemps sur ce modèle mixte universel – contre 15% de petites banques spécialisées, souvent historiques, familiales, qui ont réussi à survivre au cours des années.

Et pourtant : ce modèle est en train de disparaître.

DSP1 : la fin de la banque mixte

La directive DSP1, entrée en vigueur en 2009, a ainsi porté un coup au modèle de la banque mixte : en levant le monopole des établissements bancaires sur le marché des paiements, elle a permis à de petites sociétés financières de voir le jour, spécialisées sur certaines opérations… 

Et donc : les nouveaux acteurs bancaires ne sont plus – loin s’en faut – ceux qui réunissent banque d’investissement et banque de dépôt.

DSP2 : l’open banking et la fin de la banque universelle

Il y a un an, la deuxième directiveeuropéenne sur les services de paiement (DSP2) entrait en vigueur, le 13 janvier 2018. Elle a quant à elle beaucoup affaibli l’aspect universel du modèle bancaire : en ouvrant à tous – et donc aux start-up de la fintech – l’accès aux informations clients, elle achève de sortir les offres de service du giron des banques.

De nouvelles plateformes vont ainsi émerger sur lesquelles chacun pourra consulter les comptes de ses différents établissements, générer des paiements… Elles seront, de plus en plus, à l’interface entre la banque et le client. En d’autres termes : si l’agence est aujourd’hui le point d’entrée du consommateur, il pourra demain, par le biais de ces plateformes, faire son marché – aller chercher, pour chaque opération, la meilleure offre.

Un big bang bancaire

Ce modèle de plateforme va progressivement se substituer à celui de la banque mixte universelle.

Le rôle des établissements bancaires se réduira ainsi de plus en plus à celui de dépôt, là où les plateformes se chargeront des services : prêts, change, virements… Le succès d’acteurs comme Transferwise, Venmo, Paypal ou Younited Credit le montre : beaucoup de clients ont été conquis par ces interfaces intuitives, simples, efficaces, dont les tarifs transparents sont souvent bien inférieurs à ceux pratiqués par les banques et l’expérience client bien meilleure. D’ailleurs, la loyauté d’un client envers sa banque n’existe plus. En effet, une étude menée récemment par le cabinet Deloitte, révèle que 25 % des Français se disent prêts à quitter leur banque pour une fintech.

Ces plateformes seront donc au demeurant idéalement positionnées – bien plus que les acteurs en bout de chaîne – pour collecter des données, développer une approche analytique sur leurs clients. Elles pourront ainsi leur proposer des produits adaptés à leur situation, à leur profil et à leurs besoins : prêt à la consommation, placement..., tout en conservant une fonction indispensable de conseil : "Vous gagnez X par mois, vous dépensez Y. D’après les éléments dont nous disposons, les personnes qui gagnent ce que vous gagnez, dépensent généralement une plus faible partie de leurs revenus dans le loyer."

L’avenir appartiendra ainsi – non pas tant aux néobanques, dont le modèle reste celui d’un établissement traditionnel – qu’aux plateformes. On s’y achemine déjà à grands pas.