Selon BNP Paribas, les bitcoins pourraient remplacer les organismes financiers actuels

Selon BNP Paribas, les bitcoins pourraient remplacer les organismes financiers actuels La technologie derrière la célèbre monnaie virtuelle est à même de rendre les intermédiaires financiers "superflus".

Selon BNP Paribas, la technologie bitcoin aurait le potentiel de rendre les organismes financiers actuels "superflus". C'est un aveu renversant de la part d'une des plus grandes banques mondiales. Dans Quintessence, le magazine du groupe, l'analyste Johann Palychata explique que le logiciel blockchain qui permet à cette monnaie virtuelle de fonctionner "devrait être considéré comme une invention majeure au même titre que la machine à vapeur ou le moteur à combustion." Cette technologie aurait le potentiel de transformer le secteur de la finance, voire le monde dans son ensemble.

Ce logiciel blockchain est une sorte de grand livre comptable en ligne qui répertorie toutes les transactions réalisées avec des bitcoins. Il prend en compte des milliers d'ordinateurs et de serveurs partout dans le monde et donne accès à l'historique des échanges réalisés à toute personne qui souhaite utiliser cette monnaie. La technologie blockchain renforce la confiance, aspect essentiel des bitcoins : tout le monde peut vérifier qu'un bitcoin n'a pas été dépensé deux fois et qu'il est effectivement détenu par la personne qui le revendique.

Palychata affirme que si ce type de technologie intervienait dans les transactions de titres financiers (les échanges d'actions des entreprises), alors "les intermédiaires actuels de l'industrie bancaire pourraient devenir superflus". Si les investisseurs peuvent s'échanger des actions directement dans un système suffisamment fiable, les courtiers n'ont plus de raison d'être. C'est un aveu renversant de la part d'une banque d'investissement, en particulier de la plus importante de France.

La plupart des banques ont tenté de minimiser la concurrence que représentent les start-up "fintech" en soutenant que les nouvelles technologies représentaient des opportunités plutôt que des menaces.

S'il est possible d'échanger des actions directement dans un système suffisamment fiable, les courtiers n'ont plus de raison d'être

La chute des coûts induits par la recherche technologique et la disruption qui ont suivi la crise financière de 2008 ont mené à une vague d'innovations et à un nombre accru de concurrents pour les banques. Bitcoins et blockchain sont certaines des nouveautés de la "fintech" les plus prometteuses. Des banques comme Santander et Barclays investissent dans leur propre technologie financière en affirmant que c'est un bon moyen d'améliorer leurs services.

Mais, comme l'explique clairement Palychata, ces banques n'ont en vérité pas d'autre choix que d'innover. Il est peu probable qu'une start-up parmi les centaines qui ont vu le jour remplace en définitive Santander ou Barclays mais le système bancaire actuel est attaqué sur tous les fronts. Si les banques ne réagissent pas rapidement, elles vont se retrouver au bord du gouffre.

Le scénario de Palychata (l'application de la technologie blockchain aux échanges d'actions) n'est pas si farfelu : le NASDAQ américain est déjà en train de la tester. Ceci dit, ses prévisions sur la future inutilité des banques est un scénario extrême. Selon lui, il est plus probable que les maisons de courtage adoptent la technologie blockchain pour échanger entre elles plutôt que de la mettre directement à disposition des consommateurs.

De plus, toujours selon Palychata, même si une start-up ou un programmeur crée une blockchain pour échanger des actions et la met à disposition directe des particuliers, les problèmes de sécurité posés par la confidentialité des clefs (les codes d'accès utilisés pour échanger les actifs virtuels sur la blockchain) pousseront les entreprises bancaires à développer une nouvelle activité : la conservation de ces clefs.

Néanmoins, l'utilisation du terme "superflu" par l'analyste d'une grande banque montre que le secteur prend ce problème très au sérieux.

Article de Oscar Williams-Grut. Traduction par Manon Franconville, JDN.

Voir l'article original : One of the world's biggest banks just admitted bitcoin could destroy existing finance firms