Sites de crowdfunding et acteurs traditionnels : l'entente gagnante
Pour évangéliser un marché encore peu mature, nombreuses sont les plateformes de crowdlending et de crowdequity qui se sont appuyées sur des acteurs traditionnels pour établir leur légitimité, rassurer leurs utilisateurs et se développer plus rapidement… Tandis que les banques, assurances ou courtiers partenaires voient dans leur soutien une occasion rêvée de s'afficher en tant qu'acteurs innovants et d'attirer une nouvelle cible.
Dans son étude "Les nouveaux modes de financement des entreprises : crowdlending & crowdequity", Xerfi dénombre quatre partenariats adoptés.

Les plateformes de crowdfunding bénéficient avec l'appui d'acteurs traditionnels d'un flux d'utilisateurs qualifiés et vont parfois jusqu'à nouer des alliances pour abonder leurs financements sous forme de co-investissement.
Ainsi, Groupama Banque va prêter 100 millions d'euros sur quatre ans à Unilend aux côtés d'autres investisseurs, sans dépasser 20% des crédits accordés. Allianz, de son côté, investira 5 à 10 millions sur cinq ans dans une centaine de start-up présentes sur Smartangels en doublant les fonds investis par ses propres clients, dans la limite de 50 000 euros par client et par entreprise. La plateforme Lendix a fait le choix de cibler majoritairement des investisseurs institutionnels, parmi lesquels des family offices, la banque Wormser Frères, Decaux Frères Investissement et Symocore.
Sécuriser les prêteurs
Plusieurs plateformes de crowdfunding ont fait appel à des assureurs pour offrir à leurs utilisateurs des services de protection. Finsquare a souscrit, par l'intermédiaire du courtier Gras Savoye, une assurance gratuite qui couvre le décès ou la perte d'autonomie du représentant légal de l'entreprise, ainsi que le redressement ou la liquidation judiciaire. Le risque est porté par Groupama-Gan Vie et Gan Assurance. De son côté, l'acteur de crowdlending Prêt à la Carte, qui utilise la solution en marque blanche de Particeep, inclut un pack Protection du capital avec deux assurances conçues par des filiales d'AXA.
Preuve que les acteurs conventionnels sont pour les internautes gages de sécurité et de fiabilité, une étude de l'Institut Think montre que 21% des Français seraient plus enclin à prêter ou investir sur des plateformes de crowdfunding si une compagnie d'assurance est partenaire.

Du côté des acteurs conventionnels, le crowdfunding représente aussi de nombreux avantages : enrichir son offre de produits et services, conforter son image de marque, attirer une nouvelle clientèle, enrichir l'expérience client… Car les jeunes pousses disposent d'une réactivité, simplicité et flexibilité sans pareil : elles ne réclament par exemple pas de garanties ou caution, s'engagent sur des délais très courts… Des qualités qui font souvent défaut aux acteurs conventionnels.
Les banques, assureurs, conseillers en gestion de patrimoine ou établissements publics territoriaux voient ainsi dans le crowdfunding un moyen de proposer à leur clientèle d'entreprise un mode de financement alternatif et complémentaire. Le groupe Société Générale renvoie certains clients vers Spear quand son offre paraît plus adaptée er Crédit Coopératif, qui a pris une participation au capital de Wiseed, promeut les services de la plateforme auprès de ses partenaires et réseaux d'entreprises.
Certains acteurs traditionnels ont cependant décidé de s'affranchir de tout partenariat pour lancer leur propre plateforme. Xerfi cite l'initiative toute particulière de la Banque Populaire Atlantique, Proximea, dédiée à l'investissement en capital pour le tissu économique local. Et les acteurs de la finance traditionnelle ne sont pas les seuls à se lancer : Engie a lancé en octobre 2015 sa plateforme consacrée au financement de la transition énergétique, Green Channel, conçue en mode incubation au sein du groupe dont elle est filiale à 95%. Elle ambitionne de financer pour 100 millions d'euros de projets à l'horizon 2019.
L'étude "Les nouveaux modes de financement des entreprises : crowdlending et crowdequity" est publiée par Xerfi, éditeur indépendant d'études économiques sectorielles.