Un an après son rachat, Compte-Nickel fait toujours un tabac

Un an après son rachat, Compte-Nickel fait toujours un tabac Le compte "sans banque" a enregistré 350 000 nouveaux clients depuis un an et espère en ajouter entre 400 et 500 000 de plus en 2018.

Le 4 avril 2017, BNP Paribas rachetait Compte-Nickel pour un montant supérieur à 200 millions d'euros, selon Le Monde. Un joli coup pour la banque française qui ajoutait une nouvelle corde à son arc, quatre ans après la création de sa banque en ligne Hello Bank!. Pour Compte-Nickel aussi, c'était un beau succès à l'heure où les néobanques faisaient progressivement leur entrée sur le marché français.

En un an, le compte "sans banque" n'a pas changé. Il est toujours accessible sans condition de revenus pour 20 euros par an et disponible uniquement chez les buralistes. Des buralistes qui restent actionnaires à hauteur de 5% de l'entreprise. "Le réseau de distribution est toujours très impliqué. C'est très important car on a un objectif de passer de 3 000 aujourd'hui à 10 000 buralistes d'ici 2020. Il faut donc en installer environ 200 par mois", explique Hugues Le Bret, fondateur de Compte-Nickel. 

Le nombre de clients a quant à lui bien évolué. Entre avril 2017 et avril 2018, Compte-Nickel a ouvert 350 000 comptes supplémentaires, soit environ 30 000 nouveaux clients par mois. "Chaque fois qu'on ouvre un nouveau buraliste, il ouvre 12 comptes par mois. Nous continuons à garder un très bon rythme de conquête", se réjouit Hugues Le Bret. A ce jour, la fintech compte 866 000 clients et espère en attirer entre 400 000 et 500 000 d'ici fin 2018.

"Chaque fois qu'on ouvre un nouveau buraliste, il ouvre 12 Compte-Nickel par mois"

Le rachat par BNP Paribas a aussi amélioré les finances de la société qui a enregistré un chiffre d'affaires de 35 millions d'euros en 2017. Elle a bénéficié des synergies avec la grande banque française. "On a renégocié les contrats avec Mastercard. Ils sont désormais homogénéisés avec ceux de BNP Paribas. On a fait des gains là-dessus. On a aussi renégocié avec Gemalto. En résumé, on a considérablement amélioré l'efficacité du modèle Compte-Nickel en ayant des prix d'achats bien meilleurs", indique Hugues Le Bret. Compte-Nickel n'a pas non plus dépensé de l'argent en publicité. "65% des ouvertures de compte se font par le bouche-à-oreille, 15% par le buraliste et le reste vient des associations, des médias locaux et les réseaux sociaux. Quand on a des prix très bas comme les nôtres, il faut avoir un coût d'acquisition des clients qui soit cohérent avec les revenus qu'on tire des clients. Dès qu'on fait de la publicité, on multiplie par 10 le coût d'acquisition client et on ne peut pas se le permettre", précise le fondateur. Le coût d'acquisition est inférieur à 15 euros, soit 10 fois inférieur de celui des banques en ligne. Résultat : Compte-Nickel est rentable depuis août 2017.

De 140 à 2 actionnaires

Côté organisation, il y a aussi eu de nombreux changements depuis le rachat. Tout d'abord, la gouvernance est plus simple puisque la société est passée de 140 actionnaires à deux (BNP Paribas à 95% et 5% les buralistes). L'équipe de Compte-Nickel est toujours répartie entre Charenton-le-Pont (100 personnes) et Nantes (120 personnes) mais elle a bien grandi. En un an, une centaine de personnes ont rejoint les rangs de la fintech. Elle a même embauché une personne de BNP Paribas pour prendre la fonction de DRH. L'effectif sera porté à 300 à la fin de l'année. Compte-Nickel recrute des personnes au niveau du service client, du service conformité et de l'IT. "BNP Paribas a très bien compris le besoin d'agilité chez Compte-Nickel et notamment de garder son IT et ses opérations indépendantes", souligne le fondateur. 

Seul Hugues Le Bret a "emménagé" chez BNP Paribas puisqu'il est désormais salarié de la banque au titre de conseiller à la direction générale. "Je passe la moitié de mon temps sur Compte-Nickel et l'autre moitié à aider BNP Paribas à comprendre l'univers des fintech et à regarder comment développer des nouveaux modèles à partir des activités existantes dans différents pays d'Europe et du monde", explique-t-il. Quelques mois après le rachat, il a cédé sa place de président de Compte-Nickel à Arnaud Giraudon, jusque là directeur général . Cependant, Hugues Le Bret est président du conseil de surveillance dans lequel siège désormais cinq représentants de BNP Paribas aux côtés d'un représentant des buralistes. Cette nouvelle gouvernance convient parfaitement à Hugues Le Bret. "Nous n'avons pas fusionné avec le réseau, nous gardons donc une bonne autonomie. Tant qu'on a autant de croissance et qu'on a ce modèle qui fonctionne, on gardera cette autonomie", assure-t-il.

"Nous n'avons pas fusionné avec le réseau BNP Paribas, nous gardons donc une bonne autonomie"

Cette autonomie n'est pas non plus synonyme de cloisonnement. "On a mis en œuvre des synergies de savoir-faire dans les domaines des risques, de la conformité, de la sécurité, la compliance et l'expérience en temps réel. Sur l'ensemble de ces processus, notamment sur la cybersécurité, on est dans les normes du groupe, donc on est plus solide", détaille Hugues Le Bret. "De notre côté, nous mettons à disposition de BNP le savoir-faire de nos data scientists, autrement dit notre capacité à traiter des gros volumes d'opérations en temps réel", ajoute-t-il.

Compte-Nickel a prévu d'accélérer sur ce terrain. La société est en train de finaliser son projet Cobalt pour l'été prochain. "Le but est d'avoir une puissance de calcul considérable et variable dans le temps et donc d'avoir des délais de traitement en temps réel sur l'ensemble des opérations", indique Hugues Le Bret. L'offre de Compte-Nickel restera la même en 2018. Quelques améliorations seront tout de même apportées. "On travaille actuellement sur des pistes comme le sans contact et le rechargement du compte par carte" conclut-il.