Google Pay arrive en France… mais sans les banques

Google Pay arrive en France… mais sans les banques Le portefeuille électronique de Google est notamment disponible auprès des utilisateurs de Boursorama, Lydia, N26 et Revolut mais d'aucun grand réseau.

Google Pay arrive ce mardi 11 décembre dans l'Hexagone… mais sans banque française autre que Boursorama, filiale de Société Générale. Le portefeuille électronique de Google est également disponible auprès des clients des néobanques N26 et Revolut, des applications de paiement mobile Lydia et Boon, ainsi que des détenteurs de cartes tickets restaurant Edenred. Le groupe Up (Chèque déjeuner) sera le prochain sur la liste mais aucune date de lancement n'a été communiquée.

Pour utiliser le wallet de Google, les Français devront télécharger l'application et entrer les identifiants de leur carte bancaire. Quand le logo Google Pay apparaît sur la page de paiement d'un e-commerçant partenaire du wallet (sur site ou dans une application), l'utilisateur a juste à cliquer dessus. Il est également possible de payer avec Google Pay en sans contact, et sans plafond, dans les magasins dotés de terminaux NFC, c'est-à-dire une grande partie du parc français (600 000 commerçants fin 2017 d'après le Groupement GIE Cartes Bancaires).

Les clients des grands établissements bancaires ne peuvent donc pas bénéficier du fameux wallet mais les représentants de Google assurent être "en discussion avec toutes les banques". L'absence de gros partenaire bancaire peut surprendre. Le nom de BPCE, premier établissement français à avoir lancé Apple Pay (juillet 2016) et Samsung Pay (avril 2018) en France, avait circulé ces derniers temps. Dans un article publié en mars 2018, Les Echos indiquaient : "le groupe bancaire mutualiste devrait, selon nos informations, lancer Google Pay dans le courant du troisième trimestre" 2018. Une information que BPCE n'avait ni confirmé ni démenti. Pourquoi aucune banque française n'a sauté le pas alors qu'elles se mettent toutes progressivement à supporter Apple Pay ? Pas pour une question de prix, puisque Google ne prélève aucune commission ni ne facture un quelconque service avec son wallet.

Un concurrent de Paylib et Lyf Pay

L'explication tient en quelques mots : Paylib et Lyf Pay. Le premier est une solution de paiement mobile lancée fin 2013 par BNP Paribas, Société Générale et Le Banque Postale. Le trio a progressivement été rejoint par les autres banques françaises, qui seront au complet en fin d'année, après cinq ans de lobbying. Avec le paiement en ligne et le sans contact en magasin, Paylib (uniquement disponible sur Android) est clairement un concurrent de Google Pay. Le JDN a demandé à plusieurs banques pourquoi elles ne lançaient pas aujourd'hui Google Pay."La solution Paylib est privilégiée", nous indique tout de go le Crédit Agricole, qui cependant "ne s'interdit pas de regarder d'autres solutions". "Nous avons déjà Paylib sans contact pour les personnes utilisant un téléphone Android", ajout-t-on à la Société Générale.

Paylib a lancé début 2018 le paiement entre particuliers qui devrait être disponible dans toutes les banques d'ici la fin de l'année. Une fonctionnalité qui n'est pas disponible dans Google Pay en France. " Nous fondons beaucoup d'espoir sur le peer-to-peer. C'est un domaine où d'autres communautés bancaires ont bien réussi. Les banques américaines ont pu se positionner de manière efficace", nous confiait il y a quelques semaines Marc Espagnon, directeur des paiements et du cash management à la banque de détail en France de BNP Paribas.

"Il y a forcément une réticence plus forte que pour Apple Pay"

Seconde explication : Lyf Pay, également concurrent de Google Pay. Ce wallet lancé en mai 2017 regroupe trois banques (Crédit Mutuel, BNP Paribas et la banque d'Auchan, Oney), trois distributeurs (Carrefour, Casino et Auchan), Total et Mastercard. Il est compatible avec tout type de téléphone, combine le paiement mobile avec des services d'animation commerciale comme un programme fidélité, des coupons et d'autres offres. D'après nos informations, BNP Paribas aurait investi plus de dix millions d'euros dans Wa !, fusionné avec le portefeuille Fivory fin 2016 pour donner naissance à Lyf Pay. Une sacré somme pour une application qui affiche un million de téléchargements mais ne communique pas le nombre d'utilisateurs actifs.

Dernière explication à la réticence des banques : la sécurité. Cette question est systématiquement revenue dans les conversations avec les banques et marchands français. Et les représentants de Google ont beaucoup insisté sur les aspects sécurité lors de la présentation du service à la presse française. Qui dit sécurité dit gestion des données personnelles. Or "le business model de Google est basé sur la data et la publicité. Cela peut donc être un frein pour les banques. Il y a forcément une réticence plus forte que pour Apple Pay", souligne Thomas Husson, analyste chez Forrester. Le géant américain s'en défend : "Nous n'utilisons jamais les données des transactions pour le ciblage publicitaire."

A noter que les banques ne sont pas les seules à freiner des quatre fers. Pour le lancement de Google Pay en France, seulement neuf e-commerçants intégreront Google Pay (Deliveroo, Etam, Flixbus, Asos, Vueling, Drivy, Ryanair, Viruto et Musement). Là encore, les poids lourds ne sont pas au rendez-vous.