Edebex, le discret factor belge qui s'impose dans l'Hexagone

Edebex, le discret factor belge qui s'impose dans l'Hexagone Lancée en 2015, cette société bruxelloise en pleine croissance a réalisé plus de 60% de son chiffre d'affaires en France en 2018. Elle est aussi présente au Luxembourg et au Portugal.

Nouveau record pour l'affacturage. D'après l'Association des sociétés financières (ASF), le montant des créances vendues à des sociétés spécialisées en France (les factors) a dépassé les 320 milliards d'euros en 2018, en hausse de 10,2% sur un an. Les banques françaises, qui ont souvent des branches dédiées à l'affacturage, ne sont pas les seules à profiter de cette croissance. Les fintech enregistrent aussi de bons scores, à l'image du belge Edebex, présent en France, au Luxembourg et au Portugal. En 2018, cette jeune société a vu son chiffre d'affaires croître de 83% pour atteindre 5 millions d'euros. Un succès qui s'explique notamment, selon son fondateur, par la rapidité du service proposé. "Tout le processus, depuis l'inscription jusqu'à la mise en vente de la facture, se fait dans la journée. A peine inscrit, le client n'a plus qu'à télécharger un pdf de sa facture, indiquer quelques renseignements et mettre sa créance en ligne", assure Xavier Corman, CEO d'Edebex. Comptez en revanche environ 72 heures pour vendre une facture alors que certains de ses concurrents comme le français Finexkap ou Cash in Time (la solution 100% en ligne du Crédit Agricole) tablent plutôt sur 24 ou 48 heures. "Nous préférons donner les chiffres les plus réalistes possibles", se défend le dirigeant.

"Plus vous vendez des factures chez nous, moins le pourcentage de la commission est élevée"

Le Belge met également l'accent sur la transparence de ses tarifs. "Avant la mise en vente de la facture, nous affichons le prix que l'entreprise peut espérer obtenir ainsi que la commission prélevée par Edebex", indique Xavier Corman. La jeune entreprise prélève des frais fixes de 150 euros par an, auxquels s'ajoutent 25 euros à chaque mise en vente d'une facture ainsi qu'un pourcentage une fois que la facture est vendue. Celui-ci varie de 1,4 à 2,75% en fonction de la taille de la facture, de la qualité du débiteur et du volume vendu chez Edebex dans l'année. "Plus vous vendez chez nous, moins le pourcentage est élevé", précise le dirigeant, qui assure que 100% des factures acceptées trouvent un acheteur.

Sur les plus de 300 millions d'euros de factures vendus depuis la création de l'entreprise, deux tiers le sont en France, soit environ 200 millions d'euros. Même ratio pour les 5 millions d'euros de revenus réalisés en 2018 par la société. De quoi placer le Belge au coude à coude avec le spécialiste français du secteur, Finexkap, dans l'Hexagone. Ce dernier y a réalisé près de 3,8 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2018. Au total, plus de 1 000 entreprises françaises ont déjà eu recours à Edebex, dont un tiers sont sont des clients récurrents. La majorité des clients ont moins de dix ans d'existence et un chiffre d'affaires allant jusqu'à 15 millions d'euros. Les secteurs de la construction, du transport, de l'IT, et du conseil, sont les plus demandeurs.

"La France est une économie dynamique avec un fort tissu de TPE-PME qui a besoin de financements", explique Xavier Corman. "On est francophones, ça aide évidemment", ajoute-t-il. Quid du marché belge ? "Il est bien plus petit et le coût d'acquisition client est plus faible en France qu'en Belgique. Notre marché est morcelé d'un point de vue linguistique entre Wallons et Flamands, les coûts de développement marketing sont donc plus élevés", précise le dirigeant. La bonne santé du marché français n'a cependant pas poussé la fintech belge à y ouvrir un bureau. Elle pilote toutes ses activités internationales depuis un bureau à Bruxelles où des Français sont présents. Pour conquérir des clients, la société passe par une centaine de courtiers en France mais assure que "beaucoup d'utilisateurs" trouve ses services sur Internet.

Edebex prévoit le recrutement d'au moins 20 nouveaux profils d'ici la fin de l'année pour soutenir sa croissance. Aucune levée de fonds au programme (elle a déjà levé 4,7 millions d'euros au total). "Nous n'en avons pas besoin aujourd'hui car le point d'équilibre a été atteint à la fin du deuxième trimestre 2018", conclut Xavier Corman.