Cinq start-up repérées par le JDN au Singapore Fintech Festival

Cinq start-up repérées par le JDN au Singapore Fintech Festival Plus de 60 000 participants sont attendus du 11 au 15 novembre à Singapour pour l'un des principaux événements fintech dans le monde. Voici cinq pépites découvertes sur place.

Singapour, hub financier mondial mais aussi hub fintech mondial. Pendant une semaine se tient la quatrième édition du Singapore Fintech Festival, événement désormais incontournable dans le domaine des services financiers technologiques. Plus de 60 000 participants de 130 nationalités sont attendus, un record pour cette nouvelle édition. Les grandes banques de la région comme DBS, OCBC ou UOB sont présentes mais aussi les géants américains comme Google Pay et JP Morgan et, bien sûr, les fintech venues du monde entier. Le JDN s'est rendu sur l'espace start-up composé d'une centaine de stands et a sélectionné cinq pépites.

Cashoff mêle open banking et cashback

L'open banking n'a pas de frontière. La start-up britannique Cashoff, qui propose des solutions d'open banking aux institutions financières, est présente à Hong-Kong et Moscou et souhaite développer son activité en Asie du Sud-Est. Comme le français Budget Insight et le suédois Tink, elle fournit des API qui permettent aux clients des banques de catégoriser leurs dépenses et de bénéficier de conseils personnalisés. "Si vous achetez une fois par mois des croquettes pour chien, notre solution vous alertera à une date précise quand vous devez acheter des croquettes. Autre exemple : si vous achetez des billets d'avion, on vous proposera de prendre une assurance voyage", illustre Bill Leung, directeur de Cashoff. La start-up créée en 2013 se différencie de ses concurrents européens avec sa fonction de cashback. Contrairement aux fournisseurs de solutions de cashback qui se connectent aux distributeurs et marchands, Cashoff se plugge directement aux fabricants comme Coca-Cola ou Ariel. Aujourd'hui, la fintech collabore avec une centaine de marques et revendique 50 banques clientes. Côté business model, elle facture des frais d'installation, une souscription mensuelle et récupère un pourcentage du cashback. Cashoff a aussi développé une application de cashback en BtoC, baptisée Yepy, qui est plutôt une vitrine. Elle assure être rentable.

Covergo digitalise toute l'assurance

Pour rattraper leur retard par rapport aux banques sur le terrain du numérique, les assureurs peuvent se tourner vers Covergo. Cette start-up basée à Hong-Kong propose aux assureurs (mais aussi aux banques qui proposent de l'assurance) de digitaliser leurs produits via une API. Elle permet notamment de digitaliser les déclarations de sinistres, de calculer un pricing en temps réel ou encore d'automatiser des processus administratifs. Elle met aussi à disposition des agents une plateforme sur laquelle ils peuvent retrouver toutes sortes de données sur leurs clients (combien de déclarations ont été faites ce mois, le nombre de polices souscrites par une personne…). Covergo compte 40 clients dont des grands noms comme les entités honkongaises de Chubb ou Generali. Elle cherche à s'exporter en Asie du Sud-Est, des pays difficiles à convaincre, d'après le CEO de la start-up. "Le plus dur pour nous est d'éduquer les assureurs. C'est facile de pitcher devant eux mais ils ont souvent peur que cela paralyse leurs systèmes d'information. Il faut prendre le temps de leur expliquer en quoi notre API est rapide et facile à implémenter et que cela améliorera à la fois l'expérience client et leurs process internes", raconte Tomas Holub. Covergo cherche actuellement à lever des fonds (une série A).

Pand.AI met les banques aux chatbots

Les chatbots sont un casse-tête dans la banque et l'assurance. Difficile de trouver un usage pertinent. Pand.AI veut prouver le contraire. Cette fintech fournit des chatbots personnalisés à base de deep learning et de Natural langage processing (NLP), ce qui lui permet de comprendre de façon efficace les questions plus ou moins complexes des utilisateurs, contrairement à de nombreux chatbots qui sont en fait des FAQ dynamiques. Trois cas d'usage sont proposés par Pand.AI : un chatbot orienté marketing (pour générer des lead), un chatbot pour le service client (consulter son solde par exemple) et un chatbot pour booster la productivité des conseillers (chercher des informations sur des produits complexes par exemple). Il est possible d'intégrer le chatbot dans l'application de la banque mais aussi dans des messageries comme Whatsapp, Messenger ou encore WeChat. Pour le moment, les chatbots sont disponibles en anglais, chinois, malaisien, indonésien et bientôt en thaï. Pand.AI a signé avec 10 gros clients dont UBS et Allianz qui paient un abonnement au service. "Plus il y a de conversations, plus le client paie. Nous ne voulons pas faire payer ceux qui utilisent peu le chatbot", explique Shin Wee Chuang, CEO de Pand.AI. Uniquement présent en Asie (Singapour, Malaisie et Chine), Pand.AI, qui compte 20 salariés, prévoit de s'étendre dans les mois à venir au Moyen-Orient et regarde l'Europe.

Know your customer vérifie l'identité des clients des banques

Know your customer. C'est le nom donné au processus de vérification de l'identité d'un client et le nom d'une start-up hongkongaise lancée en 2017. Celle-ci propose aux institutions financières une plateforme qui leur permet de vérifier rapidement l'identité de leur client particulier et entreprise. Chez Know your customer, l'onboarding d'un client corporate prend 1 jour contre 26 jours dans une banque traditionnelle, selon la start-up. Pour réduire ce délai, la regtech est connectée aux registres des organismes officiels type Infogreffe. Pour les particuliers, la start-up vérifie les papiers d'identité, procède à de la reconnaissance faciale et vérifie la géolocalisation. Le business model est basé sur une licence et un pourcentage à l'usage. Know your customer revendique 50 clients dont des grandes banques asiatiques (dont les noms ne sont pas révélés) et la Hamburg Commercial Bank. Les 50 salariés de l'entreprise sont répartis entre les bureaux de Dublin, Hong-Kong, Singapour et Shanghai. Le prochain bureau ouvrira en France l'année prochaine. La fintech est d'ailleurs déjà en discussion avec des banques françaises suite à son passage au Village by CA, l'accélérateur du Crédit Agricole. Elle prévoit d'être rentable mi-2020.

Merkle Science détecte les transactions crypto illégales

Quand on parle de crypto-monnaies, on entend souvent les mots "illégal", "blanchiment" ou "drogue". Même si les bitcoin, ether & co servent de moins en moins à pratiquer ces activités illégales, il y a encore des cas. Merkle Science permet aux exchanges crypto et aux régulateurs de détecter et empêcher l'utilisation illégale de crypto-monnaies. Cette fintech analyse le risque d'une personne (ou plutôt d'une adresse blockchain). "Concrètement, un client nous demande d'analyser une adresse et nous nous occupons de regarder sur la blockchain ses dernières activités. Puis nous lui rendons un rapport", explique Mriganka Pattnaik, CEO de Merkle Science. Pour le moment, la jeune pousse permet seulement d'analyser les transactions en bitcoin et ether, les deux crypto les plus répandues, mais envisage de rajouter le litecoin, le dash et le XRP (la crypto-monnaie de Ripple) dans les mois à venir. Basée à Singapour, Merkle Science a déjà signé avec des exchanges hongkongais et australiens mais également le gouvernement singapourien. La fintech facture un abonnement mensuel ou à l'usage si une entreprise veut juste vérifier si un seul client est risqué. Composée d'une quinzaine de salariés, Merkle Science espère s'étendre en Australie l'année prochaine et plus tard au Etats-Unis et en Europe. Elle espère un jour proposer sa solution aux banques, une fois que ces dernières entreront pleinement dans le monde des crypto-monnaies.