Rapport à l'investissement : l'Europe s'américanise

Les services mobiles permettant d'investir aisément, rapidement et à moindre frais sont de plus en plus plébiscités par les millenials. Un phénomène relativement récent sur le Vieux continent.

Dans le présent contexte de mutation sociétale et économique, le numérique et l'arrivée des jeunes générations sur le marché du travail transforment tous les pans de l'économie. Précipité par la pandémie, ce changement de paradigme bouleverse les modes de vie, de travail et de consommation. Le rapport des particuliers à l'investissement ne fait pas exception : les services mobiles permettant d'investir aisément, rapidement et à moindre frais sont de plus en plus plébiscités par les millenials.

Le digital, vecteur de démocratisation de l’investissement

Si l’investissement mobile fait déjà partie du quotidien de millions de particuliers outre-Atlantique, il reste un phénomène relativement récent en Europe propulsé sur le devant de la scène par des jeunes actifs early-adopters. Cette génération apprécie les expériences utilisateurs intuitives, rapides et fonctionnelles qu’il s'agisse de commander des plats à emporter, de se socialiser ou d'effectuer des opérations bancaires. Les néobrokers s’inspirent de ces principes afin de simplifier et de numériser entièrement l'expérience d'investissement, insufflant ainsi un intérêt massif du grand public pour le thème de l’investissement.

Ajoutons à cela le facteur tarifaire. Auparavant, les investissements étaient généralement considérés comme un jeu réservé à une certaine élite aisée. Aujourd'hui, les commissions ont été ramenées à pratiquement zéro (une tendance qui a pris son essor aux États-Unis). Cela a permis de supprimer un obstacle supplémentaire qui a toujours été un frein à la démocratisation de l’investissement boursier.

En France, le rendement réel du livret A est de -0,35 % en 2019 compte tenu de l’inflation

L’allongement du temps de travail, le manque de fiabilité des systèmes de retraites et les difficultés pour accéder à l’immobilier dans les métropoles sont des facteurs qui expliquent l’attrait pour l’investissement boursier. À cause de cet environnement anxiogène, la nouvelle génération d'européens ne peut plus compter sur les bastions traditionnels de l'épargne pour garantir son avenir. Les millénials se mettent désormais en quête de moyens plus autonomes de se constituer un patrimoine. Aux États-Unis, l'investissement a toujours été une nécessité. Environ 40% de la population américaine investit, contre 15% en Europe. La plus faible présence de l’État est un facteur, de même qu’une plus faible aversion pour le risque expliqué pour des raisons historiques et culturelles. Cette proportion qui ne cesse de croître traduit une certaine américanisation de l'investissement sur le vieux continent.

150 000 nouveaux investisseurs se sont lancés en Bourse au mois de mars dernier selon l’AMF et les achats d’actions par des particuliers français ont été multipliés par quatre. Ce nombre montre que la confiance des Français envers l’investissement en Bourse s’est accrue. Ceux-ci voient désormais les investissements dynamiques comme un moyen d’assurer une subsistance future alors que 70% des Français considéraient en 2018 ces mêmes investissements comme un risque de perdre ses économies (étude Odoxa).

Qui sont ces nouveaux investisseurs ?

Si traditionnellement, l’investissement en Bourse est avant tout motivé par la perspective de réaliser une plus-value intéressante, la nouvelle génération d’investisseurs souhaite posséder des parts d’entreprises correspondant à leurs centres d’intérêts et à leurs valeurs : protection de l’environnement, diversité... L’investissement devient ainsi une affaire de perception et de sentiment. Au même titre que le bilan financier, les millenials considèrent la politique RSE d’une entreprise comme un critère majeur dans leur choix d’investissement.

La dernière étude menée par le Forum pour l’investissement responsable démontre bien cet attrait des jeunes pour les investissements à coloration écologique ou sociale : 28% des moins de 35 ans se disent prêts à réaliser un investissement socialement responsable, contre 21% des plus âgés. Et si 59% des plus de 35 ans disent accorder une place importante aux impacts environnementaux et sociaux dans leurs décisions d’investissement, ce taux atteint 72% pour les plus jeunes.

La démocratisation de l'investissement en bourse va poursuivre son développement en Europe à mesure que le climat économique mondial continuera à évoluer. Les gens n’exercent plus le même travail pendant 30 ans, ou ne considèrent plus nécessairement sur l’immobilier comme un placement sûr. La nécessité de capitaliser pour construire un meilleur avenir financier ne devrait faire qu'augmenter, et avec cela, les néobrokers continueront d’être adoptés en réponse à ces préoccupations.