Bitcoin : quand les cryptomonnaies ne sont perçues qu'en tant qu'instrument de spéculation

Depuis son pic historique fin 2017, la sphère médiatique s'emballe à chaque variation du bitcoin. L'annonce de PayPal en octobre de l'inclusion du bitcoin sur sa plateforme de paiement n'a fait que nourrir davantage cette frénésie à la hausse.

Si l’aspect spéculatif du bitcoin fait le buzz, les technologies de cryptomonnaies et de blockchain pâtissent de cette mauvaise image. Pourtant, ces technologies ont su développer ces dernières années un remarquable écosystème. Elles sont aujourd’hui matures, sources d’opportunités pour l’économie réelle et peuvent permettre aux monnaies locales de se développer plus largement. 

L'écosystème en France représente une centaine d’entreprises françaises spécialisées dans les actifs numériques, avec des ingénieurs de très haut niveau pour la création de projets type monnaies locales. Il y a un double enjeu : celui de démocratiser ces technologies auprès du grand public. Mais aussi celui d'outrepasser les aspects spéculatifs de certaines monnaies pour s’intéresser aux technos qui peuvent s'ancrer dans l’économie réelle.

Il suffit de regarder l’exemple remarquable de la monnaie locale du Pays-Basque, l’eusko, lancée en 2013 pour encourager la population à acheter auprès de vendeurs et producteurs locaux, et renforcer les échanges entre acteurs économiques du territoire. Le sens donné à cette monnaie va encore plus loin puisque les fonds de garantie où les euros sont échangés pour des eusko financent des projets environnementaux et sociaux. Grâce à la création de sa version numérique cette fois, la monnaie a permis de démultiplier le nombre d’eusko en circulation. La crise actuelle a d’ailleurs renforcé la prise de conscience de l’importance de consommer local, et a fait atteindre de nouveaux records : la barre des 100,000 eusko de change automatique mensuel (1 eusko = 1 euro) a été dépassée pendant le premier déconfinement.

Un autre exemple structurant nous vient d’outre-Atlantique, avec le Celo Dollar, une monnaie construite sur la technologie blockchain qui a pour but d’en donner l’accès aux personnes qui ne sont pas bancarisées. Adossée au dollar, cette cryptomonnaie n’est donc pas spéculative et permet d’être utilisée dans un écosystème de commerçants locaux pour lutter contre les cercles vicieux d’hyperinflation (53%, c’était l’inflation en Argentine en 2019). 

Imaginons le cas où gérants de restaurants et de bars auraient créé un jeton numérique commun en France ou dans une région spécifique :  cela aurait pu servir de levier pour éviter des faillites. Ce jeton numérique aurait pu être acheté par les citoyens pour être utilisé à la réouverture de ces établissements le 21 janvier prochain et ainsi éviter les problèmes de trésorerie qui bouleversent tout un écosystème dans l’incapacité de payer ses loyers, maintenir les salaires, honorer les fournisseurs.

On le voit, bien loin des instruments de spéculation comme le bitcoin, ces technologies peuvent offrir une utilité éthique, solidaire et responsable. Les monnaies locales portées par les technologies de cryptomonnaies sont une alternative pour pallier de manière locale les manquements du système financier et recréer de la valeur dans des écosystèmes locaux. La technologie est neutre, à nous d’en créer  des usages vertueux pour ne pas se limiter à l’approche spéculative.