Second confinement : seconde ristourne chez les assureurs auto ?
Ce deuxième confinement, qui a fait terriblement souffrir les commerçants en cette période cruciale pour leur chiffre d'affaires, a offert sur un plateau le parfait épouvantail pour faire diversion sur le sujet : Amazon.
Ce n’est maintenant plus un mystère, la crise du coronavirus - et le premier confinement - ont eu un impact majeur sur le trafic automobile, celui-ci ayant baissé de 75% en France pendant cette période. La sinistralité, on s’en doute, a également baissé significativement, tout du moins en ce qui concerne les accidents en circulation (la grêle, par exemple, n’ayant pas eu à produire d’attestation de sortie pour s’en donner à cœur joie).
S’est alors posée la question suivante : fallait-il rembourser une fraction des primes perçues pour faire face à un risque qui, pour partie, avait disparu ?
On connaît la suite, avec deux approches diamétralement opposées : d’un côté quelques acteurs du secteur qui ont annoncé très vite une ristourne, de l’autre une majorité d’assureurs, probablement un peu débordés par une situation inédite, qui ont préféré jouer la prudence et faire les comptes en fin d’année, tout en communiquant très mal sur les actions qu’ils prévoyaient d’engager par ailleurs en matière de solidarité.
Les premiers ont transformé l’opération en coup de génie marketing patiné de sens moral et de mission (cela passe encore mieux), les seconds se sont enfermés dans une prudence mathématique non dénuée de fondement, mais bien incompréhensible pour l’immense majorité d’entre-nous.
Mais dans tout cela, nous avons oublié, il me semble, une question importante, que même les mutuelles et assureurs prétendument les plus vertueux se sont bien gardés d’aborder. Et que les associations de consommateurs, concentrées sur leur objectif à court terme, feraient bien de poser par ailleurs : si les assureurs sont capables de rembourser une partie des primes en raison du confinement, comment se fait-il que nous ayons payé une prime complète toutes ces années quel que soit l’usage de notre voiture ?
Est-ce à dire que nous devrions consulter notre calendrier pour écrire à notre assureur et lui expliquer qu’en juin 2017, la voiture était au garage pour cause de réparation, qu’en mars 2018 nous avons préféré le vélo, et qu’en septembre 2019 nous n’avons roulé qu’un jour sur trois, et qu’il doit donc logiquement nous rembourser les primes perçues en trop ?
Cette question d’assurance auto à l’usage, fondamentale, est travaillée par trop peu d’acteurs du secteur - peut-être parce qu’elle risque d’entraîner une baisse des cotisations perçues sur l’année, et donc du chiffre d’affaires. Le deuxième confinement nous donne l’occasion de poser à nouveau la question, car on sait déjà que le trafic automobile a baissé d’environ 30%. C’est certes moins qu’en avril dernier, mais cela "vaut bien une seconde ristourne", non ?
Et pourtant, même parmi les chantres de l’entreprise à mission, rien, nada, zlitch. Silence radio.
Enfin non, pas tout à fait. Car ce deuxième confinement, qui a fait terriblement souffrir les commerçants en cette période cruciale pour leur chiffre d'affaires, a offert sur un plateau le parfait épouvantail pour faire diversion sur le sujet : le vilain Amazon, dont on voudrait nous faire croire qu’il s’agit d’un géant aux pieds d’argile à abattre au plus vite.
Amazon, qui, contrairement aux assureurs, ne vend pas des produits obligatoires, et pourtant se débrouille plutôt bien pour trouver des clients, et les garder satisfaits.
Amazon, qui a pris un certain nombre de champions français du commerce par surprise ("on ne l’a pas vu venir", concédait récemment l’un de ses patrons).
Amazon, qui, il y a quelques semaines, s’est lancé sur le vaste marché de l’assurance auto en Inde, avec la promesse d’un contrat en quelques clics et d’une gestion de sinistre rapide et fluide.
Amis assureurs : Amazon vous inquiète ?
Continuez d’innover sans relâche, travaillez avec l’écosystème formidable des start-up et des talents qui vous entourent, adaptez-vous aux nouveaux usages de déplacements et de modes de consommation. Ne perdez pas de vue ce qui compte le plus au final : l’intérêt de vos clients.
Deux confinements pour s’en rendre compte, cela suffit, non ?