GoCardless lève 95 millions de dollars et frôle le statut de licorne

GoCardless lève 95 millions de dollars et frôle le statut de licorne Avec ce nouveau tour de table, la fintech britannique, qui propose une solution de prélèvement bancaire, se valorise 970 millions de dollars.

Quelques 30 millions de dollars la sépare du statut de licorne. Suite à une levée de fonds de 95 millions de dollars annoncée ce 17 décembre, la fintech britannique GoCardless se valorise à 970 millions de dollars. Ce tour de table a été mené par Bain Capital Ventures aux côté d'investisseurs historiques (Accel Partners, Balderton Capital, Notion Capital…). Au total, la start-up spécialisée dans le prélèvement bancaire a levé près de 240 millions de dollars depuis sa création en 2011, dont 75 millions de dollars en février 2019.

Ce nouveau financement va lui permettre d'investir dans la technologie, notamment dans le paiement instantané qui tend à se généraliser en Europe. L'idée derrière est de combiner le paiement par abonnement (appelé aussi paiement récurrent) avec l'instant payment. "Par exemple, quand un consommateur s'abonnera à un service, il pourra d'abord réaliser un paiement instantané pour le premier paiement et ensuite passer au prélèvement", explique Laurent Péron, VP France de GoCardless.

GoCardless a enregistré une croissance de plus de 50% dans l'Hexagone sur un an 

 

Avoir recours à un premier paiement en virement instantané permet au marchand ou à l'entreprise (dans le cas du BtoB) de se faire payer rapidement et améliorer son taux de conversion. La combinaison des deux méthodes de paiement permet également de réduire les coûts puisqu'il n'y a plus de transactions par carte bancaire, donc plus de commission d'interchange à payer à Visa ou Mastercard. Un argument qui plait forcément aux e-commerçants qui n'ont cependant pas encore sauté le pas car les solutions ne sont pas très répandues. La marque BtoB de Bankin', Bridge, vient tout juste de lancer avec Floa (ex-Banque Casino) le paiement par virement.

GoCardless a donc décidé de s'attaquer au e-commerce, quelques années après s'être focalisée sur les entreprises SaaS et le BtoB en général. Mais là encore tous les e-commerçants n'ont pas encore pris le virage de l'abonnement même si Laurent Péron assure que enseignes françaises de la grande distribution s'y préparent.

La levée de fonds permettra aussi à la fintech britannique aux 55 000 clients d'élargir sa palette de fonctionnalités concernant le remboursement ou encore les retards de paiement. Le sujet des délais de paiement a pris d'autant plus d'importance cette année du fait de la crise liée au coronavirus. Au cours des 12 derniers mois, ils ont augmenté de 47%, d'après une étude de Forrester Consulting pour GoCardless auprès de 700 décideurs d'organisations BtoB et BtoC de cinq pays développés dont la France. En avril dernier, GoCardless a notamment lancé un outil qui permet d'identifier le moment idéal pour relancer un paiement qui a échoué et planifie automatiquement les tentatives de paiement le jour optimal pour chaque client, dans le cadre des paramètres définis par le marchand.

10 000 clients en France fin 2021

Sur le plan international, GoCardless, qui a traité 18 milliards de dollars de paiement cette année (10 milliards début 2019), n'a pas prévu de se lancer dans de nouveaux pays. "Nous nous concentrons sur les pays où nous sommes présents", précise Laurent Péron, à savoir le Royaume-Uni, la France, l'Australie, l'Allemagne et, depuis un peu plus d'un an, les Etats-Unis. La France est le deuxième marché de GoCardless avec 3 000 clients dont Doctolib, Sowee (filiale d'EDF) ou encore l'assurance habitation Luko. La fintech a enregistré une croissance de plus de 50% dans l'Hexagone de novembre 2019 à novembre 2020, en ligne avec sa croissance moyenne mondiale (+46%). Elle vise les 10 000 clients en France fin 2021. Pour y parvenir, la jeune société compte sur "l'effet communautaire" de GoCardless, selon les mots de Laurent Péron et son réseau de partenaires, dont l'éditeur de logiciel Sellsy, la solution de gestion d'abonnement Zuora ou encore les logiciels de comptabilité Sage, EBP ou RCA.

GoCardless n'est pas seul dans l'Hexagone, avec notamment le français Slimpay (qui revendique 2 000 clients) mais aussi les prestataires de paiement Adyen et Stripe, qui passent à l'offensive sur le paiement récurrent depuis quelques mois. Sans compter les multiples autres acteurs du paiement qui proposent aussi une solution pour les abonnements. Le JDN a d'ailleurs récemment dressé un comparatif des solutions de paiement récurrent.

Concernant le Brexit, pas de nuages à l'horizon puisque la fintech a obtenu un agrément d'établissement de paiement en France en juin 2019, ce qui lui permet de le passeporter dans tous les pays de l'Union européenne.