Stripe lève 600 millions de dollars et devient la start-up la mieux valorisée de la Silicon Valley

Stripe lève 600 millions de dollars et devient la start-up la mieux valorisée de la Silicon Valley Ce nouveau méga tour de table, qui intervient moins d'un an après une autre levée de 600 millions de dollars, valorise le prestataire de paiement en ligne 95 milliards de dollars.

Nouveau record dans la Silicon Valley. Et pas n'importe lequel. Suite à une levée de fonds de 600 millions de dollars, la fintech spécialisée dans le paiement en ligne Stripe se valorise 95 milliards de dollars. Ce qui la positionne comme la start-up la plus valorisée de la Silicon Valley. A titre de comparaison, Uber valait 72 milliards de dollars avant son entrée en Bourse en 2019. Les participants à ce nouveau tour de table sont Allianz X, Axa, le fonds Baillie Gifford, Fidelity Management & Research Company, Sequoia Capital et l'Agence nationale de gestion du Trésor irlandais (NTMA). Ce financement intervient moins d'un an après une levée record (déjà) qui s'élevait également à 600 millions de dollars. La valorisation de Stripe s'élevait alors à 36 milliards de dollars. Au total, la fintech irlando-américaine a levé plus de 2 milliards de dollars depuis sa création en 2010.

Les rumeurs sur une possible levée de fonds allaient bon train depuis quelques mois. Pas de quoi surprendre puisque Stripe fait partie des entreprises qui ont profité de la pandémie. De nombreux marchands ont dû rapidement lancer leur site e-commerce pour compenser la fermeture de leurs boutiques. Depuis mars 2020, la fintech a enregistré plus de 200 000 nouveaux clients en Europe par exemple. La France représente une belle part du gâteau avec 20 000 nouveaux clients rien qu'en mars 2020, comme nous l'a indiqué en juin dernier Guillaume Princen, directeur général de Stripe pour la France et l'Europe du Sud.

Depuis mars 2020, Stripe a enregistré plus de 200 000 nouveaux clients en Europe

Ce financement tout frais va permettre à Stripe de se lancer dans de nouveaux pays en 2021 : le Brésil, l'Inde, l'Indonésie, la Thaïlande et les Emirats Arabes Unis. Elle compte également embaucher 1 000 salariés à son siège irlandais d'ici cinq ans et investir plus largement en Europe, où elle est présente dans 31 pays (sur 42 au total). Elle ne communique pas sur le nombre de clients européens ou sur ses volumes de paiement réalisés sur le Vieux continent mais partage quelques références comme comme Axel Springer, Metro, Deliveroo, Doctolib, Vinted ou encore ManoMano. Alors qu'elle ciblait à l'origine les start-up, Stripe a progressivement accueilli dans son portefeuille des grands comptes tels que Booking.com, Amazon, Spotify et Uber. Rien de très étonnant puisque le paiement est un business de volumes… et que les volumes se trouvent chez les gros e-commerçants. Pour acquérir ce type de clientèle, Stripe compte s'appuyer sur ses partenaires comme Salesforce.   

La nécessité de se diversifier

Les 600 millions de dollars serviront aussi à développer de nouveaux produits encore tenus secrets. A ce jour, la start-up propose des solutions de paiement en ligne pour les e-commerçants et marketplaces, des modules de paiement récurrent et de paiement en magasin, une offre d'émission de cartes bancaires, un outil de lutte contre la fraude, une plateforme de création d'entreprise et des solutions de financement (toutes les offres ne sont pas disponibles dans tous les pays). Son dernier produit, Treasury, lancé en décembre 2020 aux Etats-Unis, pourra être déployé en 2021. Il s'agit d'une suite d'API qui permet à ses clients de proposer à leurs propres clients des services bancaires. Stripe a par exemple signé avec la plateforme Shopify qui peut proposer à ses clients marchands d'ouvrir des comptes bancaires. Cette diversification dans le banking-as-a-service s'avère une nécessité dans un secteur ultra concurrentiel et où le modèle de commission sur transaction est peu rémunérateur. A ce jour, Stripe est l'un des rares acteurs de son secteur à prendre ce virage. Même ses concurrents que sont le néerlandais Adyen et le britannique Checkout.com n'ont pas (encore ?) adopté cette stratégie.

Côté revenus, la société irlando-américaine est très avare en chiffres, évoquant seulement traiter des "centaines de milliards de dollars de volumes pour des millions de clients à travers le monde", dans ses derniers communiqués de presse. Difficile donc de la comparer à Adyen, actuellement valorisée 60 milliards de dollars en Bourse et qui a traité 303,6 milliards d'euros de transactions en 2020. Pour assouvir notre besoin de chiffres, il faudrait que Stripe entre en Bourse mais les fondateurs n'ont toujours pas prévu de passer par cette case pour l'instant.