Aide psychologique de l'Etat : comment avoir accès aux soins quand on ne peut pas avancer les frais ?

Grâce aux nouvelles technologies, les mutuelles pourraient payer directement la consultation auprès du praticien de santé - sans surcharge administrative, tout en facilitant l'adhésion du réseau de soins au dispositif.

La souffrance psychique générée par la crise sanitaire et économique liée au Covid-19 est plus que jamais d'actualité. Pour aider les Français à y faire face, trois organisations professionnelles de l'assurance (CTip, FFA et FNMF) ont mis en place un dispositif inédit de prise en charge des consultations de psychologues.

Ces consultations qui ne sont pas remboursées par la sécurité sociale, nécessitent des avances de frais. En 2021, ces derniers ne devraient plus être une raison de renoncement aux soins. Les organismes de santé ont plus que jamais besoin de régler la question de l’accès économique aux soins médicaux.

Ne pas avancer les frais : c’est vital

Depuis le début de l’épidémie, la santé mentale des Français est au cœur des préoccupations. Le dispositif d’accès à un suivi psychologique est une première étape pour prévenir l’isolement, la dépression, le décrochage scolaire, l’arrêt de maladie longue durée dans les entreprises.

Cependant, un suivi psychologique a un coût et peut peser lourd dans le portefeuille des Français (représentant entre 400 et 1100 euros pour une dizaine de séances), qui s’arrangent parfois financièrement avec les praticiens.

De plus, ces consultations, qui ne sont d’habitude pas couvertes par le régime obligatoire d’ Assurance Maladie, nécessitent une prise en charge totale (ou majeur) par les complémentaires santé, au même titre qu’un grand nombre de consultations de médecine préventive. Il faudrait donc demander à l’assuré d’envoyer directement sa facture à sa mutuelle et d’attendre les délais de remboursement (qui peuvent prendre plusieurs semaines chez certaines complémentaires santé).

Usuellement ce sont les organismes de tiers payant qui répondent aux problématiques d’avances de frais, bien connues dans l’optique, l’hospitalisation ou le secteur dentaire. Ces acteurs, essentiels de l’écosystème, évitent ainsi la surcharge administrative dans les centres de gestion des mutuelles.

En cette période de crise économique, de chômage lié au Covid, les avances de frais risquent donc d’être encore plus difficiles à gérer dans certains foyers. Une étude IFOP révélait justement qu'un tiers des Français renoncent aux soins par incapacité à avancer les frais ou à cause de délais de remboursement trop longs.  

Un premier pas a été annoncé par les grands acteurs du monde de l’assurance (comme Klesia-Generali, Malakoff Humanis et Allianz), qui ont décidé de prendre en charge, pour leurs assurés, des séances de psychologues non remboursées par l'Assurance maladie (à hauteur de 60 euros pour 4 séances). Mais cela est-il suffisant en sachant qu’il faut compter 10 séances en moyenne pour un traitement efficace ?

Le paiement dirigé au service de la santé des Français 

Au-delà de l’effet d’annonce, il serait indispensable de permettre à cette mesure de lutter efficacement contre la sinistrose des Français. Pour ce faire, il est essentiel de combiner ce type de dispositif avec une prise en charge directe des assurances maladie complémentaires, qui évite l’avance de frais des assurés.

Les moyens de paiement dirigés ont justement la particularité de conditionner des transactions à des règles strictes de dépense. Ce type de dispositif existe déjà dans de nombreuses industries (titres-restaurants, chèque énergie, …) mais peine à se dématérialiser.

L’exemple du "chèque psy" déployé par le gouvernement en est d’ailleurs la preuve. Trois mois après l’annonce du Président de la République Emmanuel Macron, seulement 900 étudiants avaient pris rendez vous chez un psychologue et jugeaient le dispositif tantôt "bancal", souvent «"très complexe". Malgré les lourdeurs administratives et un système actuel peu attractif pour les praticiens… ce dispositif d’urgence peine à prendre son essor. 

En premier lieu, il serait essentiel de passer par une refonte des applications mobiles et les repenser autour des nouvelles attentes des Français en y intégrant notamment la fonctionnalité de paiement. 6 Français sur 10, disent qu’ils seraient justement prêts à utiliser les applications mobiles des assureurs si celles-ci y intégraient un moyen de paiement

Grâce aux nouvelles technologies, comme les applications mobiles reliées à une infrastructure blockchain, les mutuelles pourraient payer directement la consultation auprès du praticien de santé - sans surcharge administrative, tout en facilitant l’adhésion du réseau de soins au dispositif. Et pour l’assuré, il lui suffirait de payer avec l’application mobile de son assureur pour éviter d’avancer les fonds.

Accentuer la prévention ainsi que mieux prendre en charge ces nouvelles dépenses seront d’ailleurs les principaux axes différenciants des contrats collectifs de complémentaires santé. Et, pour cela, disposer de d’un moyen de paiement dans leurs applications va devenir l’élément central de la relation assureur/assurés.