Dans la finance, la résilience est la meilleure réponse pour résister aux crises

En engendrant un bouleversement massif de l'ensemble de l'écosystème mondial, la crise sanitaire a été à l'origine d'une véritable prise de conscience de la fragilité des chaînes de valeurs.

Sous pression, le mode opératoire de nombreux établissements financiers a dû s'adapter à la crise sanitaire en un temps record, créant un certain chaos organisationnel. Ainsi, le système a montré ses limites avec des modes de fonctionnement devenus, presque d'un jour à l'autre irrémédiablement caducs. La résilience opérationnelle doit être une priorité pour l’ensemble de l’écosystème des services financiers qui est, on ne peut plus, soumis à une régulation stricte. 

La résilience pour une stratégie opérationnelle efficace 

Aujourd’hui, le constat est sans appel : les approches traditionnelles en matière de continuité de service et de planification de reprise d’activité ne sont plus en mesure de répondre aux besoins du secteur financier. La situation continuant à évoluer, il est probable qu’il faille encore s’adapter aux perturbations liées à l’alternance entre des périodes de restriction et de relâchement. Sans aucun doute, il sera difficile de créer des conditions optimales à la reprise dans une période aussi instable, même si le vaccin contre le Covid-19 est porteur d’espoir d’un avenir plus serein. 

Quoiqu’il en soit, la sortie de la crise nécessitera la mise en place "d’opérations résilientes modifiées", selon l’expression de Deloitte. Ce modèle a pour but de favoriser une reprise durable en matière d’utilisation de ressources et suffisamment flexible pour s’adapter à des changements inévitables. Pour ajouter une couche de complexité supplémentaire, avant même la pandémie, les parties prenantes de l’écosystème s’inquiétaient du devenir du secteur, amenant les autorités à se pencher sur la question de la résilience opérationnelle. 

Sont identifiés cinq principaux thèmes à prendre en compte :

  1. La nécessité d’adopter une vision orientée services et de concentrer les efforts et les ressources sur ce qui compte pour les clients.
  2. La nécessité de hiérarchiser les services aux entreprises selon leur importance, en tenant compte de trois considérations majeures : stabilité financière, viabilité de la société et dégâts occasionnés aux clients ou à d’autres acteurs du marché. 
  3. L’importance pour les établissements de faire preuve de clarté quant à leurs seuils de tolérance en matière de préjudices ou de pertes financières provoquées par des perturbations sérieuses, mais néanmoins plausibles. 
  4. La nécessité pour les banques de réfléchir à la meilleure façon d’assurer une communication prompte et pertinente en cas d’incident.
  5. Une fois ces seuils de tolérance établis, ces sociétés devaient se soumettre à des tests de scénarios dynamiques afin de prouver qu’elles étaient en mesure d’y faire face.

Les régulateurs recentrent désormais leurs approches en matière de contrôle sur la résilience opérationnelle afin d’assurer la solidité des établissements financiers, ainsi que la stabilité de l’ensemble du secteur. 

La résilience pour une transition réussie du secteur financier

Cette nouvelle prise de position s’inscrit au cœur d’une stratégie plus globale de transformation numérique. En se fixant comme objectif d’atteindre l’excellence opérationnelle, les structures financières sont plus confiantes quant aux fondations sur lesquelles reposent leur organisation. L’agilité, la continuité, la connaissance de la situation et l’amélioration en continu passeront donc dorénavant d’abord par l’acquisition de certitudes sur chacun des aspects de leurs processus. 

Pour de nombreuses structures, cela implique d’effectuer une révision intégrale de leurs processus métiers réels. Il leur faudra également une visibilité complète sur les performances de leurs processus actuels grâce aux données opérationnelles issues de journaux systèmes. Il leur faudra être capable d’analyser et de diagnostiquer avec précision les problèmes. Les établissements pourront ainsi mesurer en continu et en temps réel les performances de leurs processus métiers afin de vérifier leur conformité et de s’assurer des retours sur investissements constants. La plupart des analystes estiment que ce passage en revue nécessitera initialement un investissement conséquent, ainsi qu’un budget annuel considérable pour la gestion opérationnelle consécutive.

Cela passera, entre autres, par une utilisation plus intelligente des données, une meilleure collaboration entre services et une méthodologie optimisée afin de comprendre où résident les dangers. Des questions restent cependant à poser quant à la gestion des seuils de tolérance par rapport à ces risques. Il ne sert à rien d’exécuter des scénarios expérimentaux si l’on est incapable d’agir rapidement lorsqu’un imprévu survient tel que, par exemple, une interruption de service majeure, une cyberattaque ou un problème de chaîne d’approvisionnement. 

Les efforts visant à accroître la résilience opérationnelle s’inscrivent parfaitement dans le cadre d’autres initiatives, à l’image des transformations numériques ou de la migration de charges de travail et services essentiels vers le cloud. En effet, bien exécutée, une telle transition peut jouer un rôle important dans le renforcement de cette résilience. Jadis considérée comme une source de risques nouveaux et inutiles, cette approche est désormais perçue comme un atout potentiel unique dans cette optique pour les sociétés de services financiers. 

Il est évident que le renforcement de la résilience opérationnelle sera progressif et qu’il faudra en amont procéder à un changement culturel dans les prises de décisions de planification, tout en développant une approche commune. Le secteur de la finance devra adopter les technologies susceptibles de porter cette stratégie. Les structures qui réussiront à devenir résilientes seront également celles qui pourront rebondir en cas de crise.