Le rôle social des transferts de fonds

L'industrie du transfert d'argent connaît une profonde transformation. Longtemps réservé aux institutions bancaires et à une petite poignée d'entreprises, on assiste aujourd'hui à l'émergence de nouveaux acteurs.

Aujourd'hui, il est possible de transférer de l'argent presque instantanément à l'autre bout du monde en quelques clics de téléphone.

L'importance de ces avancées technologiques va toutefois au-delà d'une expérience de transfert d'argent améliorée et plus rapide : dans de nombreux pays, l'industrie des transferts de fonds est également devenue un facteur clé du développement social et économique.

Répondre aux besoins des familiaux

Représentant plus de 554 milliards de dollars en 2019, le transfert d'argent de la communauté de la diaspora est vital pour de nombreux pays en développement et leurs populations, comme l'Inde, l'Afrique subsaharienne et les pays d'Asie du Sud-Est.

Les envois de fonds de ces migrants vers leur pays d'origine représentent un moyen crucial d'aider leur famille, restée au pays, à faire face à diverses dépenses, qu'il s'agisse des frais de subsistance quotidiens, des fêtes de famille et des vacances ou de dépenses plus importantes comme les frais de scolarité. Dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, les envois de fonds contribuent de manière significative à la réduction de la pauvreté, à l'amélioration des conditions alimentaires et à la lutte contre la malnutrition.

Une des preuves de l’importance de ses envois de fonds se trouve dans le fait que malgré la pandémie de COVID-19, les transferts d'argent des migrants sont restés stables en 2020, atteignant 540 milliards de dollars, soit une baisse de seulement 1,6 % comparé à 2019.

Favoriser le développement de l'économie locale

Si les envois de fonds des migrants apportent un soutien substantiel à leur famille, ils sont également cruciaux pour l'économie de leur pays d'origine, et peuvent même représenter un tiers de l'économie de certains pays en développement. En 2019, une note d'information de la KNOMAD a indiqué que le flux des envois de fonds vers les pays à revenu faible et intermédiaire autres que la Chine dépassait désormais les investissements directs étrangers et l'aide au développement. En 2020 en Haïti et au Népal, les transferts de fonds de la diaspora représentaient respectivement 23,2 % et 24, 1 % du PIB.

En raison de l'impact fondamental des transferts de fonds sur le développement économique, on peut suggérer sans risque de se tromper que les transferts de fonds vont bien au-delà de l'aide familiale, et soutiennent probablement aussi l'entrepreneuriat local, le commerce, les fondations philanthropiques et les investissements pour développer ces nations dans leur ensemble.

Un outil de lutte contre la pauvreté ?

Dans certains pays qui peuvent manquer d'infrastructures et d'institutions financières développées, ces flux monétaires peuvent aider à compenser un système bancaire peu développé et servir à financer des initiatives locales, des coopératives agricoles et l'éducation. Cela entraîne à son tour le développement de nouvelles compétences et la croissance de certains secteurs économiques.

Certains pays, comme le Rwanda et l'Éthiopie, reconnaissent déjà le rôle important que jouent les transferts de fonds dans le développement financier de leur pays et développent des initiatives au niveau national pour encourager davantage ce financement. L'Agence de la diaspora éthiopienne, qui informe désormais les membres de la diaspora de diverses opportunités d'investissement et d'affaires, ainsi que de projets de développement en Éthiopie, n'en est qu'un exemple.

Outre l'importante contribution financière à l'économie, les envois de fonds de la diaspora contribuent également au développement social, à la réduction de la pauvreté et au développement des compétences grâce au soutien à l'éducation. Plus qu'une simple transaction financière, ces flux d'argent sont l'une des pierres angulaires de la croissance et de l'émergence de nombreux pays en développement.