Budget Insight change d'actionnaire majoritaire pour accélérer en Europe

Budget Insight change d'actionnaire majoritaire pour accélérer en Europe Jusque-là propriété de Crédit Mutuel Arkéa, le spécialiste français de l'open banking lève 35 millions d'euros auprès du fonds Providence Strategic Growth, qui financera également de futures acquisitions.

Pour tenter de conquérir au plus vite l'Europe de l'open banking, Budget Insight change de braquet... et de propriétaire. La figure de proue du secteur en France accueille un nouvel actionnaire majoritaire, le fonds américain PSG (pour Providence Strategic Growth), qui prend donc la suite de Crédit Mutuel Arkea, à la tête de 80% de la start-up depuis 2019.

"Une acquisition probablement d'ici un an"

La banque française reste au capital, tout comme le management de Budget Insight, sans que les pourcentages de chacun ne soient dévoilés. Seule concession accordée par le fondateur de la start-up Romain Bignon : la part du Crédit Mutuel Arkéa reste "significative". Le désengagement de la banque, même partiel, n'est pas une surprise, son président ayant déclaré que les jeunes pousses demandant de trop gros investissements pour s'imposer sur leur marché avaient vocation à quitter le giron du groupe.

Nous y voilà : l'argent reste le nerf de la guerre dans un secteur en pleine consolidation, qui demande d'accélérer sur les acquisitions, en particulier à l'international. Exclusivement en Europe dans le cas de Budget Insight. Non content d'injecter 35 millions d'euros au capital (pour une valorisation qui reste elle aussi inconnue), PSG arrive avec une "poche d'investissement supplémentaire bien plus importante", explique le CEO Bertrand Jeannet. Une enveloppe qui ne sera pas de trop dans un monde de la fintech où les levées record s'enchaînent, dépassant allégrement la centaine de millions d'euros, y compris chez les concurrents de Budget Insight (en particulier le britannique TrueLayer, licorne depuis peu). Mais une enveloppe au montant non dévoilé (décidément), fixée pour la durée de l'accompagnement de Budget Insight par PSG, soit "3 à 5 ans", sachant que les acquisitions ont vocation à être réalisées "au départ plutôt qu'à la fin", le fonds ayant tout intérêt à capitaliser dessus, rappelle Bertrand Jeannet.

"Plusieurs cibles sont identifiées, nous parlons sérieusement avec deux d'entre elles"

"L'idée est d'aller assez vite", enchérit Romain Bignon, citant l'exemple de Sellsy : soutenu mi-janvier à hauteur de 55 millions d'euros par PSG, l'éditeur français de CRM s'est emparé dès mars de son homologue RocketChart. Mais encore ? "Une acquisition probablement d'ici un an", précise le fondateur. "Plusieurs cibles sont identifiées, nous parlons sérieusement avec deux d'entre elles", complète Bertrand Jeannet.

Le profil des cibles en question ? Bertrand Jeannet à nouveau : "L'objectif prioritaire est une extension de notre couverture en Europe, dans une grande majorité des pays du continent : très vite le Portugal, le Royaume-Uni, l'Allemagne, les Pays-Bas puis, par extension, les pays baltiques et nordiques". Des localisations qui s'ajouteront à la France, la Belgique, l'Espagne, l'Italie et le Luxembourg, déjà couverts. Quant au profil des entreprises visées, la "première cible, ce sont des TPP(third party providers, ndlr)", ajoute Romain Bignon. S'il y a une "première cible", c'est qu'il y en a une seconde : certaines acquisitions serviront à "l'élargissement du catalogue produits", indique Bertrand Jeannet. "On pense beaucoup à des produits autour de l'enrichissement et du traitement de la donnée". Un secteur lui aussi dynamique.

Qu'on se rassure, Budget Insight compte également sur la croissance organique pour continuer à se développer et maintenir un rythme de croissance de l'activité de "40 à 50%", comme on l'a toujours fait (44% en 2021, ndlr)", promettent les dirigeants, qui consentent à livrer deux chiffres : des revenus récurrents (ARR) de 8 millions d'euros en 2021, la barre des 10 millions qui devrait être franchie en 2022. La rentabilité, elle, a été temporairement abandonnée au profit du développement, avec notamment le recrutement de 50 salariés en 2021, pour un effectif total de 110 personnes. Pour 2022, 50 nouveaux recrutements sont visés ("tech, sales, produit").

8 millions d'euros de revenus récurrents en 2021, la barre des 10 millions qui devrait être franchie en 2022

Si l'agrégation de comptes "DSP2 et hors DSP2" reste la première source de revenus et la principale valeur ajoutée de la start-up fondée en 2012, d'autres produits offrent des relais de croissance. Notamment, "l'initiation de paiement commence à prendre", assure Bertrand Jeannet, qui met en avant la stratégie de son entreprise : vendre sa techno aux prestataires de services de paiement (les PSP) plutôt que de tenter de les battre sur leur terrain. Autre produit à fort potentiel : l'initiation de virement, pour laquelle "une vraie demande" existe de la part de certains prestataires de services aux entreprises (comptabilité, facturation, virement des salaires…). Un secteur particulièrement visé par Budget Insight. Une cible de plus.