Encadrement des pratiques, régulation et éducation : les piliers de la confiance dans l'univers des NFT

Comme toute nouvelle pratique sur laquelle les enjeux financiers sont colossaux, l'écosystème NFT a besoin d'encadrement, de régulation et d'éducation.

Entre arnaques et ventes mirobolantes, la sphère NFT (Non-Fungible Token) n’en finit pas de faire parler d’elle depuis deux ans. Certains observateurs prédisent à cette certification des actifs numériques dans la Blockchain, une disparition prématurée, d’autres, au contraire, un succès phénoménal. Une chose est sûre, les NFT ne laissent personne indifférent. Dans le monde de l’art, ces jetons numériques battent déjà des records de ventes. Seulement, comme toute nouvelle pratique sur laquelle les enjeux financiers sont colossaux, cet écosystème a besoin d’encadrement, de régulation et d’éducation pour atteindre sa phase de maturité et tenir toutes ses promesses.

Un engouement réel et des perspectives prometteuses

Les NFT, anagramme de non-fungible token ou, en français, jeton numérique unique, ne sont ni plus ni moins que des certificats d’authenticité qui utilisent la technologie Blockchain pour prouver la propriété et la rareté d’un actif numérique. Ce dernier se présente sous la forme de données numériques et cryptographiques représentant une musique, un tableau, une photo, des cartes à jouer, entre autres.

Alors qu’il est d’ores et déjà estimé à 7 milliards de dollars, ce marché mondial pourrait atteindre 260 milliards en 2026 d’après JP Morgan. Comme un écho à cette prédiction, les NFT dans le domaine de l’art contemporain ont battu l’an dernier des records de vente, à l’image du fichier numérique au format JPEG du tableau de l’artiste Beeple, « Everydays : the first 5000 days », cédé pour un montant de 69,3 millions de dollars.

Arnaques et piratages : une problématique finalement assez banale

Parce qu’ils commencent déjà à transformer la façon dont nous achetons, échangeons et vendons des actifs numériques, les NFT attirent, outre les investisseurs et acteurs de la tech, de nombreux hackeurs, bien décidés à profiter des « opportunités » offertes par ce nouveau marché. OpenSea, la marketplace la plus populaire dans le domaine de l’art, vient d’en faire l’amer constat, éclaboussée par un scandale : 80 % des NFT créés avec son outil seraient en fait des œuvres plagiées, de fausses collections ou des spams.

En réalité, il s’agit là d’un faux débat. Toute pratique engageant des transactions financières est soumise à des fraudes et arnaques en tout genre. Et les acteurs des NFT sont loin d’être les premiers à subir ce genre de désagréments. Rappelons-nous les scandales qui ont émaillé l’histoire du pionnier des plates-formes d’échanges, eBay. Plus proche de nous, les fausses annonces et arnaques dénoncées sur les grandes marketplaces comme Le Bon Coin et Amazon sont légion. Pourquoi les NFT, qui suscitent un tel engouement, devraient-ils, dès lors, être épargnés ?

De l’adoption vers la consolidation : un marché encore en construction

Nous parlons ici d’un marché très jeune, encore immature. L’écosystème NFT se situe à un stade où ses acteurs apprennent en marchant. Par ailleurs, les environnements conçus autour des NFT, notamment les Blockchains qui les hébergent, sont aujourd’hui clairement dépassés par les usages qui se généralisent.

L’autorégulation dans un premier temps, puis la réglementation, seront les prochaines étapes à franchir pour mettre de la confiance dans le système. D’ailleurs, les grands acteurs du secteur agissent déjà à leur niveau pour endiguer le piratage sur leurs plates-formes, à l’image de Deviant, qui héberge plus de 500 millions d’œuvres d’art numériques. Celui-ci a mis en place un système d’alertes de fraude, qui scanne la blockchain à la recherche de copies NFT d’œuvres d’art. Depuis août dernier, 80 000 alertes ont ainsi été émises. 

Remettre de la confiance au cœur des NFT

Limiter les risques passera également par l’éducation des acheteurs, souvent perdus dans cet univers qu’ils maîtrisent mal et où tout évolue très vite. Ils doivent notamment perdre cette mauvaise habitude de se précipiter sur un achat de peur de passer à côté d’une opportunité et avoir le réflexe de se renseigner avant toute transaction. Par ailleurs, les outils techniques mis à leur disposition manquent encore cruellement d’ergonomie et ne favorisent pas une adoption sereine. Là aussi, des progrès sont à faire.

L’une des tendances observées est la création d’écosystèmes semi-fermés ; des plates-formes spécialisées sur un secteur - le vin, le sport, la peinture, l’art contemporain, la photo, la musique…-, qui légitiment les actifs numériques qu’elles proposent. Sorare, acteur NFT de référence dans l’univers du football est l’un d’entre eux. Dans l’art, les galeries pourraient, demain, devenir à leur tour ces tiers de confiance dont le marché a tant besoin. Pour autant, quels que soient les garde-fous que nous mettrons en place, n’oublions pas que dans les NFT comme ailleurs, le risque zéro n’existe pas.