Comment la blockchain peut décarboner la planète ?

La blockchain peut être un outil fort pour transformer la finance verte, sachant que la transparence et les informations traçables sont majeures pour mesurer et surveiller l'impact climatique...

Les atouts de la blockchain pour une finance verte

Le financement de la transition vers un avenir à faible émission de carbone pourrait trouver un nouvel élan grâce à la blockchain. En effet, la technologie utilise une base de données capable de conserver un enregistrement complet de toute transaction ayant lieu au sein d'un réseau. Elle peut être utile dans toute une série de domaines, y compris la tenue d'un registre des titres fonciers, les dossiers de santé, mais aussi la finance verte. À cet effet, elle peut contribuer à perfectionner le marché des émissions de carbone, la distribution d'énergie propre, les flux de financement climatique, le suivi et la déclaration des émissions de gaz à effet de serre… De plus, les revenus générés par divers projets de blockchain peuvent être utilisés pour diverses causes caritatives. La plateforme Philcoin en est une des illustrations, en permettant de générer des flux de revenus passifs, mais aussi de faire don des fonds accumulés à diverses ONG, tout en respectant les 17 objectifs de développement durable des Nations Unies. D'autres initiatives existent telles que SolarCoin qui offre des jetons aux personnes installant l'énergie solaire.

Le modèle de la plantation « NFT »

La tokenisation des arbres, dans le cadre d'un programme de financement régénératif, peut contribuer à décarboner l’atmosphère. Smart Forest, une startup polonaise, est un exemple de l’investissement dans les forêts en utilisant la puissance de la blockchain. L'entreprise propose des tickets d'entrée à partir de 40 € pour souscrire à une plantation via l’acquisition d’un NFT. Dans ses plantations en Roumanie, où la terre est plus accessible, Smart Forest cultive du paulownia. Selon les dires de la société, un hectare de plantation de cette variété  peut sauver "jusqu'à 30 hectares de forêt naturelle" en raison de sa productivité élevée. Veritree, une entreprise canadienne qui fonctionne sur le même modèle de reforestation via la Blockchain vise à planter 1 milliard d'arbres d'ici 2030. Elle utilise une technologie capable de surveiller, vérifier et suivre les plantations. Cette entreprise a mis en place un partenariat avec de nombreuses entreprises, dont la multinationale coréenne Samsung.

Améliorer la traçabilité du bois

L'exploitation forestière illégale et le commerce du bois « sous les radars » constituent un problème pour les autorités qui ne peuvent pas tout surveiller. Les gouvernements subissent un préjudice en termes de perte de revenus et de dommages pour l’environnement. Avec sa sécurité et sa traçabilité des données améliorées, la blockchain peut aider à certifier les chaînes d'approvisionnement en bois et autres ressources naturelles. Sans parler du fait qu'elle peut faciliter les audits de suivi et de traçabilité du bois en temps réel.

Les «  crédits carbone » tokenisés

Les grandes entreprises trouvent dans l'achat de crédits carbone, le moyen d'atteindre la neutralité carbone en compensant leurs émissions en CO2, véritable ravage des temps modernes. Dans les faits, cette pratique peut rencontrer plusieurs écueils, notamment des doublons avec plusieurs organisations qui revendiquent souvent le crédit pour le même projet. En déplaçant ces crédits vers la blockchain, les projets de finance régénérative espèrent rendre les transactions plus transparentes avec une preuve irréfutable délivrée aux investisseurs, fournisseurs et régulateurs. C’est le cas de Moss.earth, climate tech basée au Brésil, qui vise à convaincre les propriétaires terriens de faire pousser des arbres plutôt que des cultures ou du bétail, avec l’attrait des crédits carbone. Ces crédits étant un moyen de rendre ses terres forestières chères. Single.Earth s’inscrit dans la même logique en proposant des Token pour inciter les propriétaires fonciers à conserver les arbres sur leurs terres plutôt que de les raser aux bénéfices de l’agriculture. Concrètement, les propriétaires fonciers mettent leur propriété sur la plateforme de Single.Earth et la société envoie des biologistes pour évaluer la valeur écologique de la plantation. Une fois certifiées, les investisseurs les achètent, obtenant des crédits carbone en retour sous forme de jetons. En France, comme l’indiquait récemment Les Échos, le château de Chambord chercherait un partenaire afin de valoriser son immense forêt en vendant des crédits CO2...

Encore des limites...

Émettre des crédits carbone sur la blockchain peut soulever d'autres questions environnementales, car l'extraction de crypto-monnaies peut consommer d'importantes quantités d’énergie. Par ailleurs, la blockchain n’est pas forcément la solution miracle pour la planification écologique compte tenu de la volatilité et de l’instabilité des crypto-actifs. Si les prix continuent de fluctuer aussi largement que certains actifs crypto, cela rend difficile la planification et le développement durable… À suivre !