Les transferts d'argent révolutionnent l'accès aux services financiers dans le monde entier

Plus qu'une simple transaction financière, ces flux d'argent sont l'une des pierres angulaires de la croissance et de l'émergence de nombreux pays en développement.

Chaque année, plus de 280 millions de migrants dans le monde envoient l'argent qu'ils gagnent dans les pays développés à leurs proches. Les transferts d’argent vers les pays à revenu faible et intermédiaire ont dépassé 600 milliards de dollars l'année dernière, dépassant de loin l'aide fournie à ces pays par les agences de développement comme par les gouvernements. Pour de nombreux pays en développement, les transferts de fonds contribuent à plus de 10 % du PIB. Dans le cas du Népal, les transferts de fonds représentent 27 % du PIB. Pour les îles Samoa, ils contribuent à hauteur de 32 %. Les transferts de fonds sont considérés comme si critiques que pendant la pandémie, ils ont été déclarés service essentiel en France afin que les clients puissent continuer à envoyer et à recevoir de l'argent, malgré les différents confinements.

Remarquablement résistants face à la crise, les transferts de fonds ont même augmenté malgré la récession. Le COVID-19 a frappé si durement les économies des pays développés que les analystes ont prédit que les envois de fonds chuteraient de 20 %. En fait, le contraire s'est produit. À l'échelle mondiale, les envois de fonds vers les pays à revenu faible et intermédiaire ont augmenté de près de 1 % en 2020 et de 8 % en 2021. Les flux ont ainsi bondi de 9,7% au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, pour atteindre 62 milliards de dollars, grâce au retour à la croissance dans les pays d’accueil de l’Union européenne. 

Pour les pays concernés, l'argent des exilés est aussi une manne conséquente. D'abord parce qu'il contribue directement à leur croissance. Cette année, les pays où le volume des remises migratoires en pourcentage du PIB est le plus conséquent sont la Gambie (33,8 %), le Lesotho (23,5 %), le Cap-Vert (15,6 %), les Comores (12,3 %), le Liberia (10%) et le Sénégal (9,5%). Ensuite parce que les montants envoyés par les migrants dépassent parfois le montant de l'aide au développement. En 2017, d'après l'African Institute of Remittances (AIR), les transferts de fonds de la diaspora africaine ont atteint 65 milliards de dollars. Soit plus du double de l'aide publique au développement des bailleurs de l'Afrique, à 29 milliards.

Pour les familles, ces transferts de fonds sont une véritable "bouée de sauvetage", qui leur permettent essentiellement de se nourrir, de se soigner, ou de payer la scolarité des enfants. La raison en est que les migrants internationaux savent que l'argent qu'ils envoient chez eux compte pour leurs familles qui en dépendent pour les soins de santé, le logement et l'éducation, notamment. Lorsque la crise frappe, les migrants réduisent leur propre consommation ou puisent dans leur épargne pour continuer à subvenir aux besoins de leur famille. Les transferts de fonds permettent de mettre de la nourriture sur la table pendant les ralentissements économiques.

Les fermetures forcées et les restrictions de voyage pendant la pandémie ont entraîné une énorme augmentation de l'adoption technologique dans le monde et ont permis de réduire les barrières à l'entrée en termes d’inclusion et d’accès aux services financiers. 

Les portefeuilles technologiques et mobiles stimulent l’inclusion financière à l’échelle mondiale

Les progrès rapides de la technologie et l'essor des solutions mobiles, même dans les parties les plus reculées du monde, contribuent à réduire les coûts et à améliorer la rapidité de ces transferts de fonds. La technologie aide également à surmonter les principaux défis de développement tels que l'accès à l'éducation et aux services de santé et contribue à l'inclusion financière. 

Mais pour les personnes du monde en développement, ayant un accès limité aux services financiers traditionnels, les portefeuilles mobiles apportent des améliorations considérables aux conditions de vie. Largement disponibles aujourd’hui, même dans les pays où la plupart des habitants ne sont pas bancarisés, les paiements mobiles sont devenus si robustes qu'ils peuvent remplacer les comptes bancaires. Avec un portefeuille mobile, les utilisateurs ont désormais accès à un large éventail de services financiers, notamment la réception de transferts d'argent, le paiement de factures, l'obtention de prêts ou le retrait d'espèces dans des points autorisés.

Réduire le fossé technologique dans les services financiers

L'expansion numérique est essentielle pour l'avenir du secteur des transferts d'argent transfrontaliers, mais aujourd'hui, 70 % des clients continuent de s'appuyer sur les canaux physiques. Être en mesure d'offrir un service à la fois digital et physique continuera d'être essentiel pour les opérateurs de transfert d'argent à travers le monde. 

La Banque mondiale estime que les transferts de fonds internationaux augmenteront de 3,8 % cette année. Ils constituent un outil de développement essentiel qui contribue à réduire la pauvreté. Il n'est pas surprenant que les Nations Unies aient inclus la réduction du coût des transferts de fonds dans leurs objectifs de développement durable pour 2030. Avec le prix moyen mondial actuel de l'envoi d'un virement transfrontalier à plus de 6 %, il reste du travail à faire pour réduire le coût des transferts de fonds internationaux, et atteindre enfin l'objectif de 3% de l'ONU.

La forte demande de technologie qui a résulté de la pandémie a stimulé l'adoption de technologies dans le monde entier. Cela signifie que la technologie qui existait déjà mais n'avait pas été mise en œuvre à grande échelle était soudainement très demandée en raison des différents confinements. Cela a accéléré plusieurs tendances dans l'écosystème des paiements dans son ensemble et a changé ce que les gens attendent des services de paiement digitaux.

Plus qu'une simple transaction financière, ces flux d'argent sont l'une des pierres angulaires de la croissance et de l'émergence de nombreux pays en développement. Il reste cependant beaucoup à faire pour accélérer les paiements transfrontaliers, et pour permettre à tous d'accéder à un avenir meilleur.