Jocelyne Amegan-Douaud (Django) "Django proposera des prêts personnels à partir d'octobre"

Le paiement fractionné n'était qu'une première étape pour la filiale de la Banque Postale, Django. Sa directrice générale Jocelyne Amegan-Douaud a choisi le JDN pour parler perspectives.

JDN. Six mois après son lancement en mars dernier, quel bilan tirez-vous des débuts de Django ?

Jocelyne Amegan-Douaud. Le grand plus c'est évidemment l'accueil des commerçants, certains d'entre eux ont même toqué à notre porte afin que l'on travaille ensemble et je dois bien avouer ne pas m'y être préparée. Sur un aspect un peu moins joyeux, je n'avais pas anticipé une telle décélération du secteur du paiement fractionné et cela avant même l'application des nouvelles réglementations. Cela fait notamment suite au resserrement de vis de juin dernier du côté du Royaume-Uni. Il nous faut absolument renforcer nos points forts que sont notre positionnement et notre technologie. Beaucoup d'acteurs vont avoir du mal à lever de nouveaux fonds et les seuls qui survivront seront les entreprises les plus fortes et les historiques. Ce sont celles que l'on entend concurrencer même s'il est vrai que cela arrive plus tôt que prévu.

Comment appréhendez-vous la concurrence qui s'annonce ?

Le marché se transforme et laisse apparaître de nouvelles formes de paiements fractionnés. Django sortira son application dans le courant 2023. Celle-ci permettra de proposer du paiement fractionné jusqu'à quatre fois pour répondre à des demandes imprévues ou urgentes comme après un vol ou une perte. Nous allons mettre en place des options de paiement fractionné en 90 jours, mais aussi au-dessus et avec des échéances en dix, quinze ou vingt fois. Dans le même temps nous allons également proposer du crédit pour nos partenaires marchands sous forme de crédit affecté, à savoir consacré à l'achat d'un bien ou d'un service précis. Enfin, nous allons lancer le prêt personnel à destination des consommateurs, disponible sur la plateforme Django à partir du 15 octobre 2022.

Aujourd'hui, quels produits proposez-vous ?

Nous proposons du paiement fractionné en deux, trois et quatre fois qui permet d'acheter maintenant et de régler en plusieurs échéances dans une limite de 90 jours. Notre deuxième produit, c'est le paiement différé qui permet également d'acheter maintenant et de payer sous quinze, trente ou quarante-cinq jours. Ces deux options sont déjà présentes chez 80 partenaires marchands après six mois (22 mars) et nous avons de nouveaux partenariats à annoncer dans le courant du mois d'octobre.

Quelles sont les ambitions de Django ?

La Banque Postale a vocation à aller à l'international. Dès l'année prochaine nous allons nous développer en Europe du Sud, notamment en Espagne et en Italie au troisième trimestre 2023. En qualité d'intermédiaire d'opérations bancaires en services de paiement, Django bénéficie de l'agrément de sa maison mère, la Banque Postale. Cela facilite évidemment nos ambitions internationales.

Au final, pourquoi vous être lancé dans ce segment ?

Nous avons raté le rachat de FLOA en février 2022, c'est là que la Banque Postale a décidé de lancer son propre acteur du Buy Now Pay Later et du crédit conso. Le projet consistait à créer un acteur du paiement fractionné qui puisse se démarquer par une dimension citoyenne. C'est avec cet objectif que nous avons scellé notre partenariat avec l'association CRESUS d'aide aux particuliers surendettés. Cela nous permet de travailler sur la meilleure manière de proposer des prêts à impact positif, de communiquer efficacement auprès de nos clients et de leur permettre d'accéder directement au lien BGV (budget grande vitesse, ndlr), l'outil de CRESUS permettant de calculer son reste à vivre.

Cet engagement citoyen n'est-il pas qu'un axe de communication ?

Nous voulons être en conformité avec la nouvelle directive européenne du crédit conso. Certains acteurs dépassent le taux d'usure, ce plafond trimestriel fixé par la Banque de France et auquel les organismes de crédit doivent se tenir. Le paiement fractionné ne pouvant dépasser les trois mois, celui-ci n'est pas soumis à la réglementation du crédit conso. De la même manière, cette nouvelle directive doit permettre de protéger les consommateurs de l'accumulation de paiements fractionnés, tout comme pour les crédits traditionnels. Chez Django, nous n'octroyons que deux paiements fractionnés par marchand sur 35 jours glissants.