Banques vs fintechs : SEPA gagné

Banques vs fintechs : SEPA gagné Les acteurs bancaires et les Baas s'affrontent sur le terrain du SEPA, où le prix joue un rôle majeur. Les fintech se retrouvent dans une position moins confortable qu'il y a quelques années.

Devenir participant direct au SEPA implique trois exigences. Adapter et gérer la connectivité de ses plateformes : systèmes d'information et API au standard SEPA, répondre à un cadre réglementaire fort et à des exigences importantes en matière de capital afin de gérer les risques de contrepartie. Participer à un CSM (plateforme interbancaire de flux de paiement) implique de disposer de comptes à la Banque de France et d'être enregistré auprès de la BCE, pour que les paiements SEPA puissent être effectués sans problème, l'entreprise doit donc être solvable. "Les ratios de Bâle fixent des seuils en-dessous desquels l'établissement bancaire doit fournir des garanties, ce n'est pas le cas pour les néo-banques", précise Faysal Oudmine, CEO de la solution de paiement Fintecture.

Dans le cas d'une participation indirecte, l'entreprise passe par l'intermédiaire d'une banque sponsor qui donne en quelque sorte sa crédibilité à l'acteur indirect SEPA et gère au passage une grande partie de l'échange des messages (données émanant des flux entrant ou sortant SEPA). La société participant indirectement au SEPA doit en revanche travailler sa connectivité pour l'adapter à la banque sponsor et établir un système d'échange de message sur mesure.

Avec l'émergence des fintechs, une nouvelle macrocatégorie d'intermédiaires est apparue. Les Baas travaillent en général avec une ou deux banques, s'y intègrent et proposent à leurs clients fintechs des produits de comptabilité, carte, paiements pour leurs services d'embedded finance. Ils s'appellent Treezor, Swan, Xpollens ou encore Solarisbank et ont tous participé à l'essor du business model fintech en les dotant d'infrastructures bancaires modernes. L'entente se heurte cependant à quelques problématiques.

Avantage aux banques

Si les fintechs ont su bousculer le marché à coup de tarifs agressifs, un certain nombre d'entre elles ont grandi et commencent à avoir des difficultés à travailler avec ces intermédiaires Baas. Comme souvent, le premier problème réside dans le prix. Compter 40 centimes pour un paiement (entrant ou sortant) avec Qonto, contre 20 avec la Société Générale. Les exemples ne manquent pas et cela s'explique naturellement par les intermédiaires à payer pour être greffé au SEPA et par un effet d'échelle nettement favorable aux banques traditionnelles.

L'autre raison est qu'en faisant appel à un Baas, une fintech doit suivre les exigences de KYC et de compliance des Baas. Un impératif qui va à contresens du business model fintech dans la mesure où celui-ci n'a que peu de contrôles sur les procédures d'onboarding et sur les paiements. Par ailleurs, le modèle du Baas ne permet pas tant d'agilité car ces derniers conservent les données de leurs clients fintech et restent maîtres du délai de paiement, souvent peu lisibles. "Cela crée de la valeur pour les PSP mais pas pour les fintechs qui se construisent dessus. Les banques disposent donc d'un boulevard sur ce marché à condition de travailler leur connectivité et elles pourront bientôt concurrencer les Baas", prophétise Victor Mithouard, head of marketing de la solution de paiement Numeral. La brèche est là, reste à voir à quelle vitesse les banques s'y engouffreront.