Le bitcoin face à l'hiver crypto

Le bitcoin face à l'hiver crypto La crypto-monnaie n°1 résiste tant bien que mal face à la tempête qui emporte exchange après exchange. Suffisant pour en faire une véritable valeur-refuge ?

Luna, Celsius, FTX, Genesis, BlockFi, la liste des exchanges qui se déclarent en faillite s'allonge et bien malin qui saura dire quand elle s'arrêtera. Pendant ce temps, le bitcoin, considéré jusqu'alors comme la valeur refuge de l'écosystème crypto, subit les conséquences de cet effondrement. Depuis des semaines, son cours navigue entre 15 599 dollars et 18 054 dollars selon CoinMarketCap, et s'éloigne de son pic historique de 64 000 dollars de novembre 2021.

Il faut dire que l'hiver crypto n'épargne personne. Les investisseurs qui ont placé leur argent sur la crypto-monnaie native de FTX, le FTT, ou encore sur le Luna en mai, ont certes perdu la quasi-totalité de leurs fonds, mais les détenteurs de bitcoin ne sont pas en reste. Eux aussi souffrent du froid glacial du bear market. Selon une étude publiée par la Banque des règlements internationaux (BRI), entre 73% et 81% des adresses bitcoin ont perdu de l'argent. Entre 2015 et 2021, le nombre d'utilisateurs est passé d'environ 119 000 à 32,5 millions. Or, 73% des utilisateurs ont téléchargé une application lorsque le cours du bitcoin se situait au-dessus de 20 000 dollars.

"Il a bien résisté", pondère pourtant Arthur de la Brunière, senior project manager chez EY Fabernovel, rappelant que "certains le voyaient tomber à zéro". La confiance semble en effet perdurer chez les acteurs institutionnels. Godlman Sachs a annoncé le 6 décembre vouloir acheter plusieurs dizaines de millions de bitcoin et la trésorerie de plusieurs grandes entreprises est encore composée de bitcoins : Microstrategy Incorporated avec 10 055 bitcoins, Tesla avec 9 720 bitcoins ou encore Block Incorporated avec 8 027 bitcoins d'après BitcoinTreasuries.

"Le bitcoin perd sa dominance et ne la récupérera certainement pas"

Etonnant, alors que la méfiance et la peur semblent se généraliser sur les marchés crypto ? Pas tellement, pour Arthur de la Brunière, qui souligne que "le bitcoin a des caractéristiques uniques, il est très différent des autres crypto-monnaies". Sa valeur ne repose que sur la confiance que les investisseurs lui accordent (contrairement aux stablecoins) et il bénéficie pour cela notamment du first mover advantage.

Alors, indestructible le bitcoin ? Quand même pas. Jean-Christophe Liaubet, managing director chez EY Fabernovel, rappelle que "le bitcoin n'a pas réussi le test pour devenir une valeur refuge comparable à l'or". Outre la volatilité de son cours, il évoque l'impact environnemental du minage des bitcoins et la circulation d'une quantité limitée, qui limitent son usage. De plus, la dominance du bitcoin est remise en cause. Sa part dans la market cap totale de l'écosystème diminue. Elle est de 38% environ à la rédaction de cet article contre 95% en 2013 et 70% en janvier 2021. "Le bitcoin perd effectivement sa dominance et ne la récupérera certainement pas", estime Arthur de la Brunière. Pour Jean-Christophe Liaubet, il va maintenir "une part importante mais baissière".

© Global Cryptocurrency Market Charts | CoinMarketCap

Tandis que la part du bitcoin se réduit, celle de l'ether et des stablecoins augmente. La capitalisation de l'USDT, de l'USDC et du BUSD atteint les 130 milliards de dollars sur les 856 milliards de valorisation totale de l'écosystème crypto. La stabilité de leurs cours leur confère un avantage comparé à la volatilité du bitcoin. L'Ether, quant à lui, a vu sa part de marché plus que doubler depuis début 2020 en passant de 7% à 17% fin 2022. Pour rappel, la blockchain Bitcoin ne permet pas de développer des applications DeFi contrairement à la blockchain Ethereum. Les stablecoins et l'ether sont-ils donc les véritables valeurs refuges des cryptos ? A cela, Jean-Christophe Liaubet répond que "la valeur refuge crypto n'est peut-être pas encore née".