Le minage de bitcoin change petit à petit son image de danger pour la planète

Le minage de bitcoin change petit à petit son image de danger pour la planète Critiqué pour sa consommation d'énergie, le minage de Bitcoin pourrait trouver une utilité sociale. Comment ? En utilisant l'énergie et la chaleur générées par le minage.

Une nouvelle venant des Pays-Bas a fait beaucoup réagir, autant sur la forme que sur le fond. Bert de Groot, ingénieur néerlandais, a en effet installé des serveurs pour miner du BTC dans une serre où poussent des bulbes de tulipes. Grâce à la chaleur produite par les serveurs, la serre est suffisamment chauffée et n'a pas besoin de source d'énergie supplémentaire pour fonctionner. Une preuve formelle des vertus du minage, qui n'est d'ailleurs pas la première.

Depuis l'émergence du Bitcoin, le minage est pointé du doigt par de nombreux observateurs. On le sait : le minage, ou plutôt le mécanisme de consensus de validation de la preuve de travail (Proof-of-Work), consomme une importante quantité d'énergie. Du gaspillage pour certains, de la pollution pour d'autres.

Mais le minage de Bitcoin a des vertus insoupçonnées par beaucoup

Minage de Bitcoin : de véritables projets sociaux en Afrique

Une possibilité de rentabiliser des installations électriques

Aujourd'hui, le minage s'effectue principalement aux États-Unis, en Chine et au Kazakhstan. Mais, le continent qui monte dans le secteur est l'Afrique. Et certains projets de minage sur le continent peuvent réellement aider la population locale et certains espaces naturels, comme le projet Gridless.

Soutenu par Jack Dorsey, fondateur et ex-PDG de Twitter, aussi fervent défenseur de Bitcoin, Gridless a pour objectif d'utiliser le minage pour résoudre les problèmes liés à l'énergie au Kenya et au Malawi. Fondée par la Kenyane Janet Maingi, cette dernière a, avec ses associés, voulu mettre à profit les immenses ressources en énergie renouvelable qui ne sont pas utilisées.

Pour rentabiliser leurs activités, les mineurs cherchent la source d'énergie la moins chère. Or, en Afrique, beaucoup d'énergies renouvelables ne sont pas exploitées en raison de leur coût. En permettant aux mineurs d'installer leur matériel à côté de barrages hydroélectriques depuis peu et de parcs photovoltaïques dès 2023, ils bénéficient d'une énergie quasi gratuite. En échange, l'énergie engendrée est utilisée pour alimenter en électricité les villages avoisinants. Sans les mineurs de Bitcoin, ces sources d'énergie n'auraient pas été exploitées.

Le Congo, un atelier pour les projets d'amélioration de vie grâce au minage

Ce pays est l'un des plus en vue sur le Bitcoin en Afrique. Par exemple, Gloire Wanzavalere a lancé Kivéclair, une plateforme de dons et de paiements en BTC, pour venir en aide aux sinistrés de l'éruption volcanique du Nyiragongo à Goma en 2021. Mais c'est bien le minage qui a fait ses preuves depuis plusieurs années, avec quelqu'un de bien connu de la communauté Bitcoin en France.

Sébastien Gouspillou, fondateur de Bigblock Datacenter, est un peu un baroudeur du Bitcoin vert, lui qui a toujours cherché à utiliser des énergies renouvelables pour miner. Gouspillou est l'un des premiers à avoir vu la potentialité du minage pour rentabiliser des installations électriques et à ce qu'il soit vu comme autre chose qu'une dépense d'énergie.

C'est au parc national des Virunga qu'il a installé ses serveurs. Il faut savoir que ce parc national est très important pour le Congo, notamment parce qu'il permet d'absorber les émissions de carbone. En outre, c'est la deuxième plus importante forêt vierge au monde après l'Amazonie. Or, si le parc accueille deux centrales hydroélectriques, c'est principalement le charbon de bois qui est utilisé comme source d'énergie, ce qui engendre une déforestation massive et même du braconnage.

Il fallait donc trouver un moyen de rentabiliser les deux centrales et, comme avec Gridless, c'est le minage de Bitcoin qui est utilisé. En tournant à plein régime, les centrales peuvent désormais électrifier les villages aux alentours, ce qui a freiné l'utilisation du charbon et donc de déforestation.

Certes, ces projets de minage vert sont encore minoritaires. Mais ils sont de plus en plus nombreux et vont devenir indispensables pour que cette industrie soit préservée.

Minage de Bitcoin (BTC) : de nombreuses possibilités d'utiliser l'énergie générée

Le surplus d'énergie, une source déjà prisée

Les énergies renouvelables sont vertueuses pour l'environnement. Nous savons également que ces sources d'énergie peuvent être intermittentes. Mais, ce que l'on sait moins, c'est qu'elles peuvent produire plus d'énergie que les besoins réels, sans possibilité de conserver cette énergie générée. Une nouvelle fois, c'est là que le minage va être utile.

Le surplus d'énergie est depuis longtemps quelque chose de recherché par les mineurs. C'est d'ailleurs l'une des raisons pour lesquelles ils s'installent près des barrages hydroélectriques. Leur objectif est de récupérer le surplus pour miner, avec un coût énergétique proche de zéro. Or, cette approche va s'institutionnaliser au Japon avec TEPCO, la première entreprise d'énergie du pays.

Avec son projet Triple 1, TEPCO va commencer à miner du Bitcoin uniquement avec le surplus d'énergie produite par les énergies renouvelables. C'est un véritable moyen de valoriser l'énergie perdue, qui aurait été gaspillée. En effet, comme il n'y a aucun moyen de la stocker, elle ne peut pas être utilisée à des fins que certains considèreraient comme plus utiles.

La chaleur, une source évidente à exploiter

Revenons à nos chères tulipes des Pays-Bas, car il s'agit d'une véritable première. Nous parlons effectivement plutôt de récupération de surplus d'énergie ou de rentabilisation d'installations électriques. Toutefois, l'utilisation de la chaleur générée par les serveurs est plus que confidentielle.

L'idée de Bert de Groot est doublement intelligente. D'une part, elle permet de faire pousser des tulipes hors saison sans autre besoin que la chaleur générée par les serveurs. D'autre part, c'est l'ensemble qui est vertueux, puisque les serveurs sont alimentés avec de l'énergie solaire. Bien entendu, cette idée peut être étendue aux autres plantes, ainsi qu'aux fruits et aux légumes poussant sous serre.

En France, les start-up Sato et Trezorio ont inventé des "chaudières à Bitcoin", qui peuvent miner du Bitcoin pendant que vous l'utilisez. Ainsi, le minage ne peut se faire seul, il est lié à votre utilisation de la chaudière. Difficile de contester l'utilité sociale du minage dans un pareil cas, puisqu'il profite directement aux personnes concernées.

Au Canada, MintGreen va même plus loin en permettant de chauffer un immeuble entier. L'utilisation de la chaleur résultant du minage peut avoir de multiples cas d'usage, que nous espérons voir émerger le plus rapidement possible.