Les directions financières, premières de cordée du verdissement de l'entreprise

C'est un fait, les entreprises ont un rôle déterminant à jouer dans le changement climatique

« Dans l’esprit des entreprises et des secteurs financiers, il y a eu une prise de conscience assez récente, à partir de la COP 21, de l'importance des risques climatiques et de la RSE. Le risque climatique est devenu un véritable sujet d'entreprise, ce qui n'était pas le cas il y a dix ou quinze ans » constatait Noam Leandri, secrétaire général de l’Agence de la transition écologique en février dernier.

Et c’est un fait, les entreprises ont un rôle déterminant à jouer dans le changement climatique. Les grandes entreprises françaises seraient mêmes d’ailleurs les meilleures élèves au monde en matière de reporting RSE. En effet, influencées par la réglementation européenne, 95% d’entre elles s’impliquent dans les reporting ESG selon la 12ème édition de l’étude « Survey of Sustainibility reporting » réalisée par KPMG.

Cependant, entre nouveaux indicateurs extra-financiers, exigences des banques, des investisseurs, des clients et des consommateurs finaux, la pression monte dans les entreprises sur le sujet de la durabilité. Une pression qui impacte directement l’activité des directeurs financiers qui doivent redessiner les contours de leur métier en y intégrant des enjeux environnementaux, sociaux, sociétaux, voire de gouvernance. Dans un contexte économique tendu, comment les directions financières peuvent-elles faire de la durabilité une opportunité de croissance pour les entreprises ?

Le rôle central des DAF…

Au-delà des convictions affichées par de nombreux dirigeants, beaucoup d'entreprises ont aujourd'hui atteint la maturité nécessaire pour souhaiter chiffrer et mettre en valeur leurs enjeux environnementaux, sociaux et sociétaux. Dès lors, les DAF sont les candidats idéaux pour en piloter les efforts en matière de développement durable. En tant que partenaires commerciaux et stratégiques des CEO, leur responsabilité est de veiller à ce que les informations financières soient exactes, complètes et vérifiables selon les normes comptables en vigueur.

Parallèlement, ils doivent enrichir leurs données d’informations extra-financières, ce qui requiert d’adopter une vision transverse et de se rapprocher des directions opérationnelles. Outre leurs missions de supervision et de responsabilisation, les DAF doivent donc également développer une structure de gouvernance et des environnements de contrôle pour la gestion des risques et facteurs ESG.

… au service de la croissance des entreprises

Mais si jusqu’à présent, les critères ESG étaient majoritairement traités pour répondre à des enjeux de communication, la donne a aujourd’hui changé et ces critères sont devenus cruciaux du point de vue des fonctions finance. En effet, selon une étude menée par Gartner en 2021, uniquement 16 % des investisseurs tenaient compte des facteurs ESG dans leurs décisions d'investissement en 2009. Dix ans plus tard, ce chiffre atteint plus de 85 %. Cependant, l’intérêt financier ne se limite pas à l’attraction des investisseurs. Pour rappel, plus la note d’une entreprise sur ses facteurs ESG est élevée, plus son coût du capital, aussi bien en termes de dette que de capitaux propres, est faible[1]. L’accent croissant mis sur les critères ESG déculpe fortement le risque pris par les entreprises aux politiques ESG faibles. Et à ce titre, le directeur financier a un rôle prédominant à jouer.

Premièrement, il doit préparer son entreprise à une surveillance accrue des paramètres environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) de la part des investisseurs, des régulateurs et du public. De plus, l'intégration de l'ESG dans la stratégie et la création de la valeur sous-tend la définition de principes directeurs de durabilité qui orienteront les décisions d'investissement de l’entreprise. Dès lors, la fonction finance se révèle un allié de choix puisqu’elle peut inclure les facteurs ESG dans les analyses de rentabilité, tout en quantifiant les impacts de leur stratégie de durabilité. Il est donc crucial que les DAF puissent centraliser les données nécessaires à l'analyse des données ESG, instaurer un suivi des initiatives et du déploiement du développement durable dans les processus financiers ainsi que collecter des données détaillées opérationnelles locales ou étrangères.

Dans un monde de plus en plus éclairé sur les enjeux ESG, mettre en lumière son engagement n’est plus suffisant. D’abord parce que les jeunes talents sont de plus en plus regardants vis-à-vis des mesures durables et éthiques prises par les entreprises et que, pour les attirer et les fidéliser, ces dernières doivent être convaincantes quant à leurs résultats sur le sujet. Ensuite, parce que, sans stratégie connexe en relation avec les rapports produits, le risque d’accusations de « green washing » peut nuire durablement à l’activité et à la réputation des entreprises. Ainsi, pour rester compétitif, s’engager ne suffit plus : il faut aussi avoir de l’impact, et être en mesure de le prouver ! Pour ce faire, le directeur financier devient un acteur majeur de la stratégie ESG de l’entreprise et les récents intitulés de postes à pourvoir tels que « sustainability chief financial officer », « chief sustainable financial officer », ou encore « directeur administratif et financier responsable » sont la preuve que durabilité et croissance vont aller désormais de pair.

[1] «  Investissement responsable et marchés obligataires : principaux résultats », Amundi