Usufruitier et nu-propriétaire, comment bien s'organiser ?

La convention d'usufruit permet à un usufruitier et un nu-propriétaire de décider eux-mêmes des droits et obligations de chacun. De nombreuses clauses peuvent être envisagées.

En quoi consiste une convention d'usufruit ?

Il s'agit d'un contrat entre personnes physiques ou morales détenant un bien (l'un pour l'usufruitier, l'autre pour le nu-propriétaire). Il détermine et organise les règles qui leur sont applicables pendant toute la durée de détention du bien. Le plus souvent, la convention porte sur la répartition, entre les parties, des charges, des impôts locaux ou encore des droits et obligations de chacun en matière de réalisation de travaux.

Dans quels cas la rédaction d'un tel document est-elle recommandée ?

Le régime de l'usufruit est régi par les articles 578 et suivants du Code civil. Mais ces textes sont anciens et ne répondent pas forcément aux problématiques actuelles. Par conséquent, il est recommandé aux personnes détenant un ou plusieurs biens en démembrement de prévoir une convention pour adapter ces règles et éviter d'éventuels conflits ultérieurs. Tel est notamment le cas lorsque le démembrement survient à la suite d'un décès et que le conjoint survivant détient les biens successoraux en démembrement avec ses enfants.

Prenons le cas de la répartition des charges de travaux. Les articles 605 et 606 du Code civil prévoient que l'usufruitier assume les dépenses liées à l'entretien courant du bien alors que le nu-propriétaire assumera les gros travaux. Pour déroger à cette règle, la convention peut parfaitement prévoir que la totalité des dépenses de travaux (courants et importants) pèsera sur l'usufruitier. II peut aussi être décidé que le nu-propriétaire assumera, tout ou partie, des dépenses mais que lors de la réalisation des travaux mis à sa charge, il n'indemnisera pas l'usufruitier pour la gêne occasionnée à sa jouissance.

Comment procéder et à qui s'adresser ? La convention d'usufruit est-elle obligatoirement notariée ?

La convention d'usufruit est obligatoirement notariée lorsqu'elle porte sur un bien immobilier. Mais, dans tous les cas, il est préférable de faire appel à un notaire afin de bénéficier de conseils adaptés dans la rédaction des clauses. Le plus souvent, la convention est rédigée dès le début du démembrement au sein de l'acte de donation ou de l'acte d'acquisition en démembrement ou encore par acte isolé établi au moment du décès lors du règlement de la succession. Mais elle peut aussi être insérée dans un testament en vue d'organiser le démembrement futur du bien légué qui interviendra au décès du testateur.

Les honoraires de rédaction de la convention sont libres et font l'objet d'une convention d'honoraires entre le notaire et son client. Le plus souvent toutefois, ils sont intégrés au coût de l'acte auquel elle est rattachée.

Quelles clauses peut-on prévoir ?

La palette des clauses envisageables est extrêmement large. A titre d'exemple, on peut prévoir de fixer la valorisation des droits démembrés détenus par chacun, les modalités de répartition des charges (ordinaires ou encore de copropriété), des travaux selon leur importance ou leurs périodes de réalisation, des impôts, des assurances... Pour certains biens spécifiques, comme un fonds de commerce, on peut aussi insérer une clause pour définir qui, du nu-propriétaire ou de l'usufruitier, sera tenu d'acheter et d'entretenir le matériel, d'effectuer les travaux de mise aux normes du local... ou encore, pour des bois et forêts, lequel assumera la gestion des coupes et à quelle fréquence...

Au fil des années, est-il possible de modifier certaines clauses de la convention ?

L'objectif de la convention est d'anticiper, dès le début du démembrement, l'essentiel des problématiques qui peuvent se poser entre les parties. Les modifications ultérieures sont possibles à condition que l'usufruitier et le nu-propriétaire soient d'accord pour conclure un avenant à leur convention. A défaut, le recours au tribunal sera nécessaire pour trancher le litige.