Bousculés et challengés, les syndics de copropriété doivent se réinventer !

Dans notre pays, râler contre son syndic de copropriété est un sport national. Pourtant, on ne change de syndic que tous les 7 ans en moyenne.

Le copropriétaire : un client comme un autre

Ces dernières années, une culture du service client et de l’instantanéité s’est développée au cœur de nos sociétés. Les Français se sont habitués à tout faire depuis leur smartphone, mais surtout à obtenir rapidement ce qu’ils désiraient et à passer à la concurrence à la moindre insatisfaction. Ainsi, de la même façon que l’arrivée d’Uber a profondément modifié le paysage de la mobilité urbaine, obligeant les chauffeurs de taxi à rehausser leur niveau de service, la montée en puissance des e-syndics bouscule aujourd’hui les acteurs traditionnels. 

Certes ces nouveaux entrants ne représentent encore que 3 % du marché, mais près de 200 millions d’euros ont été levés dans la PropTech au cours des deux dernières années. Ces investissements conséquents annoncent une petite révolution avec des acteurs émergents qui pourraient prendre rapidement des parts de marché significatives. 

La crise sanitaire que nous traversons rend cette prédiction d’autant plus crédible. En effet, à l’instar de nombreux autres secteurs, elle a agi comme un révélateur. Là où l’on pensait la présence physique de son gestionnaire indispensable à la bonne marche de la copropriété, la distanciation forcée a affirmé le contraire. Non seulement il a été prouvé qu’il était possible de gérer la grande majorité des démarches de façon dématérialisée, mais aussi que l’on y gagnait en efficacité. 

Les certitudes d’hier volent en éclats 

L’année que nous venons de vivre a clairement fait pivoter un modèle archaïque. Les nouveaux outils de la relation à distance ont démontré leur intérêt. Les assemblées générales ont pu se tenir en visio, tandis que les tchats et messageries ont contribué à maintenir le contact avec les copropriétaires. De son côté, la réglementation, forcée de suivre, a fait un bond en avant de près de 50 ans ! 

Les syndics nouvelle génération se sont évidemment adaptés plus rapidement à la situation que les acteurs traditionnels qui manquaient encore de repères sur ces nouveaux outils. Cependant, de sceptiques, ces derniers se sont mis à embrasser cette révolution numérique, cherchant depuis à combler leur retard à coups d’investissements massifs. En quelques mois, des procédures qui semblaient figées dans le temps ont été radicalement modernisées. 

Vers un modèle hybride

Parce que certains ont goûté à une relation numérique beaucoup plus réactive, avec des gestionnaires disponibles pour leur répondre, le retour en arrière semble peu probable. La possibilité donnée aujourd’hui de communiquer avec son syndic par messagerie instantanée, de consulter ses documents en ligne, de régler ses charges via un espace sécurisé ou encore d’échanger facilement entre membres de la copropriété, sont désormais des services incontournables. Les syndics qui ne les proposent pas sont d’office écartés des appels d’offres.   

Pour autant, le 100 % digital n’est ni envisageable ni souhaitable. C’est plutôt vers un modèle hybride que la profession s’oriente, mixant des services en ligne pour faciliter les échanges et une présence physique possible pour les événements importants.  

Ce qui est certain, c’est que le métier va évoluer. Une fois tout le monde aligné, les acteurs du secteur devront se démarquer en proposant de nouveaux services. Libérés des visites sur sites chronophages, les gestionnaires pourront se concentrer sur des missions à valeur ajoutée. 

Un métier à réinventer 

Aujourd’hui, les syndics de copropriété sont attendus sur des sujets dans l’air du temps, qui concernent et préoccupent l’ensemble des Français, tels que l’écologie. Les gestionnaires devront plus que jamais jouer leur rôle de conseiller, en remettant en compétition les prestataires (électricité, eau, espaces verts…) au regard de leurs engagements RSE. Dans ce cadre, ils seront confrontés au respect de la RE 2020, qui élève encore le niveau d’exigence en matière de performance énergétique. Cela aura à la fois une incidence sur les résidences neuves avec des prestataires compétents, que dans l’ancien, qui doit dès à présent s’inscrire dans cette rénovation énergétique de l’habitat. Cela nécessitera surtout une montée en compétence des syndics sur ces sujets, ainsi qu’une bonne dose de pédagogie pour accompagner les copropriétaires. Ainsi, les gestionnaires seront capables de produire des préconisations éclairées, se positionnant dès lors en véritables partenaires des copropriétés qu’ils représentent. 

L’année qui vient de s’écouler a prouvé aux copropriétaires que la relation à distance était possible et aux gestionnaires qu’ils pouvaient exercer leur métier différemment. Une évolution qui tire l’ensemble de notre profession vers le haut, pour le meilleur !