Crise de l'énergie : donnez aux Français les moyens de participer à la sobriété énergétique !

En pleine crise énergétique, les Français sont appelé à réduire " immédiatement " leur consommation. Mais sont-ils réellement le problème ? Développer le délestage serait un élément de solution.

Il y a quelques semaines, le gouvernement, ainsi que les dirigeants de TotalEnergies, EDF et Engie, ont appelé l’ensemble des Français à réduire « immédiatement » leur consommation de carburant, de pétrole, d’électricité et de gaz, pour faire face aux risques de pénuries et de flambées des prix pour l’hiver 2022. Mais les Français sont-ils réellement le problème ? L’an dernier, ils étaient 12 millions à souffrir de précarité énergétique et, plus généralement, les comportements de consommation évoluent déjà vers plus de responsabilisation. Comment encourager la sobriété énergétique sans attaquer, encore une fois, le confort des Français ? Quels sont les moyens à disposition des pouvoirs publics ? Le "vieux" procédé du délestage est un premier élément de réponse. 

Recherche électricité désespérément 

Aujourd’hui, nous faisons face à une multitude de facteurs qui chamboulent le monde de l’énergie : la crise du gaz russe, les arrêts pour maintenance de nos centrales nucléaires, l’essor des nouvelles énergies renouvelables (qui par leur nature sont intermittentes), l’accélération de la demande en électricité avec la croissance des véhicules électriques, des pompes à chaleur et des climatiseurs.

Face à ce constat, tous les acteurs de l’énergie sont d’accord : l’hiver 2022 va être très compliqué à gérer sans approvisionnement complet de gaz russe. La réponse probable sera d’allumer des centrales à charbon (comme l’a annoncé récemment le gouvernement), d’acheter de l’électricité chez nos voisins européens ou encore d’augmenter les prix

L’autre solution serait de limiter la consommation électrique. Toutefois, la réalité de l'hiver fait que les Français vont quand même chauffer leur logement. De même, cela ne résout pas le problème des passoires énergétiques auxqueles nombre de particuliers sont confrontés. Pour les aider à économiser de l’énergie, la route est longue et les investissements conséquents. 

Le délestage, quésaco ?

Il y a une vingtaine d’années, la France a créé une sorte d’assurance dans le monde de l’énergie : le délestage. Le principe ? En cas de diverses variations de production ou de consommation électrique dans le pays, le réseau de transport d'électricité national (RTE) peut éteindre ou allumer des appareils électriques pour réduire ou augmenter la demande en électricité. 

Le délestage, c’est donc l’assurance que le réseau électrique fonctionne et qu’il n’y ait aucune coupure de courant. Cette assurance, RTE la paye à des grands industriels qui ont une forte consommation électrique.

Pendant de nombreuses années, cette assurance a très bien fonctionné. Problème, le gisement des grands industriels est désormais saturé. Pour pallier cet obstacle, RTE peut se diriger vers du délestage résidentiel (aussi appelé “effacement diffus” ou “flexibilité”), avec beaucoup de petites quantités de points de consommation. Cela tombe bien, avec le chauffage électrique (incluant la pompe à chaleur) et la recharge des voitures électriques, il y a de plus en plus de possibilités.

Concrètement, comment ça marche ? Le procédé est des plus simples. RTE, via des partenaires, installe un boîtier dans un logement privatif, et ce boîtier répond à des signaux en cas de forte demande. Par exemple, il est capable d’éteindre le ballon d’eau chaude, le chauffage électrique, ou de stopper la recharge de la voiture électrique. Cet arrêt ne dure que quelques minutes seulement. Si l’impact pour le consommateur est négligeable, l’impact sur le réseau est considérable !

Ce boîtier peut coûter qu’une centaine d’euros s’il est déployé sur plusieurs millions de logements. Généralement, le boîtier est payé par un spécialiste technologique qui ensuite se fait directement rémunérer l’assurance par RTE. Dans certains cas, le détenteur du logement peut même être rémunéré pour sa participation et bénéficier des économies réalisées par RTE.

Aujourd’hui, on compte 150 000 boîtiers de ce type sur le territoire. C’est loin de suffire  pour répondre à la crise hivernale qui se profile. Or, le gouvernement et RTE ont tout intérêt à soutenir financièrement leur déploiement. En parallèle, 13 millions de logements se chauffent à l’électricité, plus de 15 millions ont un chauffe-eau électrique, et presque 500 000 foyers possèdent un véhicule électrique. Ces chiffres représentent autant de gisements d’assurance énergétique disponibles, et qui sont quasiment inexploités. Au vu du prix pour équiper tous ces logements, qu'attendent le gouvernement et RTE pour soutenir financièrement leur déploiement ?