Réalité augmentée et impression 3D révolutionnent le monde de la fabrication

Pour mieux répondre aux attentes de leurs clients, les fabricants devront, en 2017, intégrer les innovations technologiques. Certaines tendances, telles que la réalité augmentée ou l'impression 3D, seront déterminantes.


Nous sommes au cœur d’une véritable révolution technologique qui transforme le mode de fabrication des produits. Cette transformation n’est pas ressentie uniquement dans les ateliers d’usine : les clients exigent aujourd'hui toujours plus de personnalisation, non seulement en termes de produits et de services, mais aussi sur l’ensemble de l’expérience d’achat et d’utilisation des marchandises. Voici les cinq grandes tendances technologiques qui détermineront l’innovation et les opportunités pour les fabricants en 2017 au sein, autour et au-delà de leurs lignes de production.

Réalité augmentée

2016 aura été une année d’expérimentation dans le domaine de la réalité augmentée (RA). En 2017, celle-ci devrait partiellement s’imposer dans deux secteurs principaux. Le premier est celui de la formation des opérateurs. De nombreuses entreprises utilisent de plus en plus souvent les outils de réalité augmentée pour mettre au point des programmes de formation efficaces, capables d’impliquer les salariés. La RA fonctionnant dans un environnement concret et fournissant des moyens informatiques pour améliorer le monde réel, elle est parfaitement adaptée pour assurer un transfert de compétences chez les professionnels de façon bien plus étendue que ne le permettaient les anciennes méthodes de formation.

Le second secteur concerné est celui des essais et de la personnalisation des équipements ainsi que des produits. La RA peut en effet aider les designers industriels à éprouver le modèle d’un produit avant sa finalisation. Par exemple, la division de Jaguar Land Rover mettra en place des showrooms en réalité virtuelle à la fin du mois de février chez 330 concessionnaires américains afin d’aider les clients à mieux visualiser les modèles et à se projeter plus facilement avant l’achat. Cette technologie est également utilisée pour visualiser la structure de caisse d’un véhicule et la disposition d’un moteur, ou encore pour comparer des maquettes numériques à des maquettes physiques, et mettre plus facilement en évidence de possibles disparités. De plus, la RA peut contribuer à personnaliser des produits en présentant aux clients différentes versions de conception avant d’en lancer la production.

Impression 3D

Bien qu’elle existe maintenant depuis plusieurs années, l’impression 3D n’en est encore qu’à ses balbutiements. En effet, sa montée en puissance a été plus lente que prévu. Certaines entreprises sont parvenues à réaliser des supports imprimés en 3D. En 2016, une fusée Ariane équipée d’une pièce critique fabriquée grâce à l’impression 3D a été lancée. Selon Airbus, le prochain moteur d’Ariane sera fabriqué grâce à ce procédé et son coût devrait être divisé par dix. Pour autant, des obstacles subsistent.

Si le potentiel disruptif de cette technologie a déjà été confirmé, la chaîne d’approvisionnement reste bien souvent l’élément qui fait barrage. L’impression 3D impose à l’entreprise de disposer de plusieurs matériaux de base, l’organisation doit donc se doter d’une solide chaîne d’approvisionnement. Dans la mesure où l’impression 3D requiert des modifications majeures dans la configuration des entreprises, nombre d’entre elles devraient créer une chaîne d'approvisionnement dédiée à cette technologie dans les six à huit prochains mois.

Gestion des données au sein et non à l’issue des processus

Chaque entreprise de fabrication cherche à renforcer ses capacités de gestion de données. La plupart d’entre elles prévoient d’embaucher un chief data officer en 2017 pour garantir que les données recueillies soient utilisées de façon efficace et monétisées lorsque cela sera possible. Comme l’a montré la récente étude de Cognizant intitulée People - not just Machines - will Power Digital Innovation, l’analytique, les algorithmes, le big data et l’automatisation améliorent considérablement l’innovation, la productivité et la prise de décision dans tous les secteurs, y compris celui de la fabrication.

En intégrant des capteurs non seulement dans leurs équipements d’usine, mais également dans leurs produits, les fabricants peuvent mieux comprendre comment est utilisé chaque article, et anticiper à quel moment il conviendra d’intervenir sur un composant spécifique – éliminant en même temps tout arrêt de production superflu. Cette analyse des données permet également aux entreprises d’améliorer l’efficacité de leurs produits et de proposer, après la vente de ces derniers, des services de maintenance et d’analyse continue.

Jusqu’ici, les atouts de la collecte, de la synthèse et de l'analyse des données ont principalement été corrélés à la voiture connectée. En analysant tous les aspects d’un véhicule, les constructeurs automobiles sont ainsi à même de vérifier l’efficacité du carburant, et d’observer les comportements du propriétaire ainsi que ses habitudes de conduite, afin de déterminer par exemple les primes d’assurance. Toutefois, l’aptitude de l’entreprise à monétiser plus largement ces investissements dépendra de ses capacités d’analyse.

Développement continu des véhicules connectés et sans conducteur

Les voitures connectées et sans conducteur ont constitué un sujet d’actualité majeur en 2016. Aujourd’hui, la quasi-totalité des constructeurs automobiles dans le monde travaillent au développement d’une voiture sans conducteur, les attentes de l’industrie et la confiance des consommateurs dans ce type de véhicules continuant de croître. Toutefois, après l’hyper médiatisation autour de ces voitures et des avantages potentiels qu’elles apporteraient en termes de mobilité et d’indépendance, nous atteignons aujourd’hui un point d’inflexion. Alors qu’en 2016 déjà, PSA faisait faire un trajet de 300km entre Paris et Amsterdam à sa Citroën C4 Picasso autopilotée, ces moyens de déplacement représenteront moins de 10 % des transports d’ici la fin de cette année.

En dépit de ce constat, le développement des véhicules sans conducteur devrait se poursuivre à bon rythme tout au long de 2017 et au cours des prochaines années, ce processus devant être soutenu par de nouveaux progrès dans le domaine de l’intelligence artificielle.

La cybersécurité et le transport personnel

L’un des facteurs majeurs freinant le développement des véhicules connectés est l’inquiétude qui règne au sujet de la législation relative à la cybersécurité et à la protection des données. Partout dans le monde, la détention et l’utilisation des données générées par ces nouvelles sources fait l’objet de nombreuses réglementations, comme le projet de règlement général de l’Union Européenne sur la protection des données (GDPR). Ce point mérite d’être pris en considération et pourrait bien devenir un véritable casse-tête pour les constructeurs automobiles, surtout par rapport à son incidence sur la monétisation potentielle de ces données. Pour les constructeurs, la sécurité sera essentielle. Si les consommateurs n’ont pas confiance dans la capacité de ces derniers à protéger leurs données personnelles, l’adoption des voitures connectées et sans conducteur pourrait bien ne pas progresser aussi vite que prévu.

Tout au long de l’année 2017, les entreprises devront se repenser, imaginer et se réinventer pour rester compétitives. Les constructeurs doivent donc s’engager pleinement dans les technologies numériques afin de replacer le client au centre de leurs activités et d’atteindre l’excellence opérationnelle nécessaires pour répondre aux besoins des consommateurs, de leurs partenaires commerciaux et de tous les acteurs de l’écosystème manufacturier.