Comment l'IoT optimise la cadence des lignes de production

Comment l'IoT optimise la cadence des lignes de production Avec la reprise de l'activité, les industriels ont besoin de doubler leur production. Les objets connectés sont ainsi utilisés pour trouver des leviers d'optimisation dans les processus.

Si les industriels étaient jusque-là nombreux à déployer des dispositifs IoT pour faire de la maintenance prédictive, leurs motivations ont quelque peu évolué avec la crise sanitaire. "La reprise de l'activité a soumis les industriels à une pression importante", observe Arnaud Huvelin, fondateur de la start-up Déclique, spécialisée dans l'amélioration continue à l'aide de ses boutons IoT. "Ils doivent doubler leur production… avec le même nombre d'équipements", poursuit le dirigeant. Il devient indispensable, dans ces conditions, d'optimiser la cadence des lignes de production. Et c'est là qu'intervient (à nouveau) l'IoT.

"Beaucoup veulent faire en sorte que la donnée découlant de l'IoT permette d'améliorer l'exploitation des usines", témoigne Fabio Bocchi, directeur des ventes en France pour l'éditeur Aveva, filiale de Schneider Electric. Et d'assurer que "la majeure partie des projets réalisés sont aujourd'hui liés à cette volonté d'optimiser les lignes de production." L'équipementier automobile italien Brembo, qui a sollicité PTC, fournisseur américain de solutions dédiées au cycle de vie des produits, est un bon exemple. Le procédé lui a permis d'optimiser sa chaîne de production en dix semaines seulement. L'industriel ne partait pas de zéro. Il disposait déjà d'interfaces et d'entrepôts de données qui lui ont permis de dresser une feuille de route de numérisation avec un pilote sur trois lignes.

"L'optimisation des cadences des lignes de production n'est pas un sujet nouveau pour les acteurs de l'automobile", rappelle Fabio Bocchi, directeur des ventes chez Aveva France. Ça l'est en revanche pour nombre d'autres secteurs, dont l'agroalimentaire. Laurent Couillard, directeur général d'InUse, l'éditeur français d'une plateforme IoT, cite l'exemple d'un client opérant dans le secteur de la boulangerie, incapable de comprendre comment maximiser ses cadences autrement qu'en augmentant son four, une pratique sans effet.

"Avant toute chose, il faut se doter d'un responsable d'amélioration continue"

Parce que notre boulanger n'est pas un isolé, et qu'ils sont nombreux parmi les industriels à partager les mêmes interrogations, voici la bonne recette. "Avant toute chose, il faut se doter d'un responsable d'amélioration continue car il s'agit d'une démarche sur le long terme avec une méthodologie", prévient Arnaud Huvelin. Mettre la pression aux équipes pour produire plus ne fonctionnera pas, ajoute celui qui a lancé en juillet dernier une offre permettant à un industriel client de faire suivre chaque semaine les performances de son usine par un expert de Déclique. "Nous facturons cette offre 500 euros par mois pour accompagner les TPE et PME qui ne peuvent pas investir dans ce poste", justifie Arnaud Huvelin.

Côté process, il est importe de prendre le temps d'analyser la production sur une période donnée, ou le temps d'un lot, pour déterminer les principaux facteurs d'influence. La première étape consiste à relever les points de friction. Décliques propose ainsi des boutons qui permettront aux opérateurs de signaler des points d'amélioration dans la chaîne de production. "Les capteurs remonteront les données qui vous permettront d'établir une feuille de route", explique Fabio Bocchi. L'expert préconise par ailleurs de synchroniser l'IoT avec les outils de MES gérant la totalité de la chaîne de production. Aveva a d'ailleurs noué un partenariat avec Planet Together, en avril dernier, pour disposer d'une brique lui permettant de prédire les cadences des lignes de production dans son MES. "Se doter d'un MES permet d'engager une réflexion sur le "product as a service" afin d'obtenir plus de marges", assure-t-on au sein de la communauté d'entreprises de l'IoT Valley, qui réoriente sa stratégie sur la donnée industrielle capable de transformer les modèles d'affaires. Par la suite, Fabio Bocchi suggère d'ajouter des algorithmes d'intelligence artificielle pour prédire quelle serait la cadence optimale en fonction des paramètres intervenant sur les lignes de production.

Ce parcours est celui suivi par l'entreprise française Lectra, concepteur de solutions d'intelligence industrielle – logiciels, équipements, données et services – pour les marques, les fabricants et les distributeurs. L'industriel a commencé par déployer de nouvelles machines de découpe de tissu connectées en 2007, pour effectuer de la maintenance prédictive. L'IoT représente aujourd'hui un outil lui permettant d'optimiser la cadence de ses lignes de production et la qualité de ses produits. "L'IoT nous a permis de définir les meilleures pratiques tissu par tissu. Ce dernier est une matière vivante qui a des réactions différentes. On ne peut pas couper un tissu avec les mêmes paramètres, selon les défauts, la dureté, la chaleur, taux d'humidité, etc.", précise Daniel Harari, son PDG. Chacune des 5 000 machine industrielle est équipée de 400 à 500 capteurs. Au-delà de la maintenance prédictive et de l'optimisation des cadences de production, l'IoT donne à Lectra l'opportunité de fournir de nouveaux services de conseils à ses clients, grâce à l'exploitation de la donnée. "Dans la mode, les acteurs ne sont pas encore capables d'optimiser l'utilisation des machines selon les types de matière car ils changent de production et donc de tissus plusieurs fois par jour", indique le PDG, qui se réjouit de pouvoir leur apporter son expertise en la matière.