Le Royaume-Uni ferme sa dernière centrale à charbon

Le Royaume-Uni ferme sa dernière centrale à charbon Située à Ratcliffe-on-Soar, au cœur de l'Angleterre, le Royaume-Uni ferme aujourd'hui sa dernière centrale à charbon. La fin d'une ère de 140 ans.

Alors que la première centrale à charbon au monde avait ouvert en plein centre de Londres, créée en 1882 par Thomas Edison, le Royaume-Uni tourne aujourd'hui la page d'une ère de 140 ans. À Ratcliffe-on-Soar, au cœur de l'Angleterre, entre Derby et Nottingham, la dernière centrale à charbon ferme aujourd'hui ses huit cheminées, qui ne fumaient plus que par intermittence. Une fermeture saluée par Greenpeace UK, en la personne de Doug Parr : "La Grande-Bretagne a donné un exemple que le reste du monde doit suivre".

Vers une neutralité carbone en 2050 

La centrale, inaugurée en 1967, souligne l'ambition du Royaume-Uni de mettre à fin à l'utilisation du charbon dans sa production d'électricité, une première pour un membre du G7. Londres s'est fixé pour objectif de décarboner son électricité d'ici 2030, puis d'atteindre la neutralité carbone d'ici 2050. C'est le premier pays du G7 à se passer de ce combustible : l'Italie s'est fixée comme objectif 2025, la France 2027, le Canada 2030, l'Allemagne 2038. Le Japon et les États-Unis, eux, n'ont pas donné de date précise. Dans un communiqué, le gouvernement britannique promet ainsi le début d'un "nouvel âge", avec la création de nouveaux emplois dans le secteur de l'énergie, en misant sur les énergies vertes. L'énergéticien allemand Uniper, propriétaire de la centrale, a annoncé le démantèlement total de la centrale "d'ici la fin de la décennie" et la création d'un "pôle de technologie et d'énergie sans carbone". 

Le Royaume-Uni compense avec le gaz naturel 

Si le charbon représente un élément majeur de l'essor économique du Royaume-Uni dès le XIXème siècle, représentant près de 70% de son électricité dans les années 1980, une baisse de son utilisation a été mise en place dès les années 1990 grâce à des règlementations strictes en raison de la pollution et par la fin de l'ère manufacturière. En 2013, cette énergie extrêmement polluante représentait seulement 38% de l'électricité, 5% en 2018 et seulement 1% en 2023. L'an dernier, le gaz naturel, énergie fossile présentée comme moins polluante, représentait un tiers de l'électricité. L'éolien représente un quart et le nucléaire environ 13%. 

Pour investir dans les éoliennes flottantes, l'énergie marémotrice ou le nucléaire, Londres compte créer une entreprise publique, Great British Energy. Basée à Aberdeen, en Écosse, celle-ci entre dans le plan du Royaume-Uni de se tourner vers les énergies vertes. Récemment, le gouvernement britannique a par ailleurs nationalisé pour 630 millions de livres (746 millions d'euros) l'opérateur du réseau électrique britannique ESO. Celui-ci est chargé de réguler l'équilibre entre l'offre et la demande d'électricité et de connecter plus facilement "les nouveaux projets de production" durables. Tony Bosworth, de l'ONG Friends of the Earth, se félicite de cette décision : "La place du charbon est désormais dans les livres d'histoire. La priorité est désormais de s'éloigner du gaz en développant aussi rapidement que possible l'énorme potentiel du Royaume-Uni en matières d'énergies renouvelables".