Industrie : le climat des affaires au plus bas depuis 2008, hors Covid

Industrie : le climat des affaires au plus bas depuis 2008, hors Covid Le moral des patrons de l'industrie s'est dégradé en octobre, selon l'Insee, tiré vers le bas par les secteurs de l'automobile et de l'aéronautique.

Période maussade pour l'industrie. L'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) a dévoilé ce jeudi 24 octobre son indicateur du climat des affaires, "calculé à partir des réponses des chefs d'entreprise des principaux secteurs d'activité marchands". L'indicateur général s'établit à 97, trois points sous sa moyenne de long terme. Un chiffre tiré vers le bas par l'activité industrielle.

Avec une chute de sept points en un mois, le climat des affaires dans l'industrie tombe ainsi à 92. Il s'agit de "la plus forte baisse mensuelle depuis novembre 2008", si l'on excepte la période de la crise sanitaire de Covid-19, pointe l'Insee.

Une "divergence entre l'industrie et les services"

A l'inverse, l'indicateur marque un léger rebond dans le secteur des services, reprenant deux points pour s'établir à 101.  "Cette divergence entre l'industrie et les services n'est pas courante. Elle matérialise le fait que les deux moteurs de la croissance privée sont en train de diverger et que le rebond de l'activité viendra surtout des ménages et pas des entreprises", note Dorian Roucher, chef du département de la conjoncture de l'Insee, auprès des Echos.

La dégradation du climat des affaires dans l'industrie va jusqu'à interroger les prévisions économiques de l'Insee : "Nous avions anticipé une hausse de la production manufacturière au second semestre. L'enquête du mois d'octobre fragilise cette hypothèse", reconnait Dorian Roucher. Pour autant, "à ce stade, cela ne remet pas en cause notre prévision d'une croissance du PIB à l'arrêt au quatrième trimestre", même s'"il y a désormais un aléa négatif lié à l'industrie".

L'automobile et l'aéronautique en difficultés

Les patrons de l'industrie sondés reconnaissent en effet réviser à la baisse leurs anticipations de production, à mesure que les commandes se réduisent et que les stocks augmentent. La tendance est particulièrement forte dans deux secteurs : l'automobile et l'aéronautique. Les carnets de commandes du premier subissent la concurrence chinoise, tandis que le second signale des problèmes d'approvisionnement, en plus de pâtir des difficultés économiques de Boeing, client majeur de plusieurs entreprises françaises.

"L'industrie française souffre d'une demande raréfiée, de prix de l'énergie élevés et de la résurgence d'une très forte concurrence chinoise dans l'automobile et dans des secteurs liés à la transition écologique, stimulée par des écarts de prix à la sortie d'usine de plus de 20 points ", conclut Denis Ferrand, directeur de Rexecode, auprès des Echos. A ces éléments de conjoncture défavorables pour le secteur français s'ajoutent, selon lui, "le réarmement industriel des Etats-Unis".