DPE de complaisance : une fraude élevée à 21 milliards d'euros

DPE de complaisance : une fraude élevée à 21 milliards d'euros 19% des logements français seraient concernés par une fraude à la "DPE de complaisance", notés E au lieu de F, selon une étude récente.

Enjoliver la lettre de son DPE (diagnostics de performance énergétique) semble plutôt rentable, selon une étude de la start-up KRNO. L'entreprise, qui œuvre pour la fiabilité des diagnostics immobiliers, a réalisé une étude avec l'aide de deux chercheurs en mathématiques et en intelligence de la société. Sans même s'intéresser aux faux DPE réalisé par un faussaire ni même aux DPE mensongers, où le diagnostiqueur triche en améliorant fortement la note, KRNO s'est concentrée sur les notes "enjolivées", où un coup de pouce du diagnostiqueur permet d'atteindre une lettre supérieure. 

19% des biens passent de F à E 

En étudiant les données de 8 millions de diagnostics issus de la base de données ADEME, la start-up s'est intéressée à la distribution mathématique théorique que l'on peut attendre. Ainsi, 19% des biens classés F obtiennent la lettre E. 6% des biens classés G passent en F et 6% passent de E à D. Si le chiffre le plus important concerne le passage de F à E, c'est bien parce que cette lettre comporte un intérêt financier particulièrement avantageux, les logements classés F et G étant considérés comme des passoires thermiques. 

Une fraude estimée à 21,4 milliards d'euros 

Cette fraude concernerait 1,3 million de logements en France et coûterait 21,4 milliards d'euros, selon l'étude. Un chiffre obtenu en s'appuyant sur le nombre de logements dans les différentes classes énergétiques — 650 000 logements F surclassés en E et 450 000 logements E surclassés en D — ainsi que les différences de prix d'une étude à l'autre. En effet, selon l'étude des notaires sur la "valeur verte", la différence de prix est de 10% entre un logement G et un logement F, et 8% entre F et E. Cependant, ce chiffre est calculé en prenant en compte un prix moyen du bien immobilier en France à 250 000 euros. "J'ai été moi-même surpris par l'ampleur du phénomène […], c'est pour cela qu'il s'agit d'une véritable fraude et pas d'un phénomène innocent, sans impact financier", estime Ruben Arnold, PDG de KRNO. 

Cependant, la start-up ne rejette pas la faute sur les diagnostiqueurs malhonnêtes mais sur le mode de calcul de la DPE. "Il y a un vrai problème sur la marge d'erreur, une question qui n'es pas prise en compte contrairement au métrage Carrez où l'on ne peut dépasser les 5%. Et il y a aussi le fait que le diagnostiqueur pour communiquer ou connaître le résultat avant qu'il ne soit enregistré officiellement". La start-up préconise donc l'enregistrement sur la base de données ADEME avant l'obtention du résultat, afin de tracer les modifications s'il y en avait. La société commercialise une autre option à ses clients : un examen contradictoire du DPE pour les acheteurs, afin de relever des erreurs de diagnostics. Enfin, une solution plus efficace mais plus coûteuse serait de réaliser un contrôle récurrent, comme le contrôle technique des véhicules.