Verdissement du parc automobile : les collectivités au pied du mur
Alors que les prévisions climatiques restent alarmantes, la mobilité durable se structure doucement sans pour autant être le fruit d'un travail commun au sein de notre société.
A qui incombe la responsabilité de cette mission ? A toutes et tous logiquement, mais force est de constater que les collectivités sont en premières lignes. Si elles disposent de bonnes idées, leur application et leur articulation sont de vrais défis, lesquels pourraient être relevés grâce à un usage approfondi de la donnée.
Des collectivités actives malgré le manque d’accompagnement de l’État
Oui, l’urgence climatique nous oblige, en tant que société, à agir rapidement pour éviter le pire. Les gouvernements le savent et la pression du résultat s’intensifie d’année en année. La transition vers une mobilité durable en est l’incarnation la plus marquante : il est demandé à notre société de révolutionner son approche de la mobilité en quelques années alors que nos infrastructures, nos usages sont encore calqués en majeure partie sur un modèle non durable, profondément ancré dans notre fonctionnement. Dans ce contexte, les collectivités doivent s’approprier les nouvelles règlementations et recommandations pour transformer la mobilité à leur échelle. Entreprises, citoyens, petites, moyennes et grandes communes, tous sont concernés et incarnent des réalités différentes qu’il faut prendre en compte.
La mobilité durable n’a pas pour réponse une solution unique. Les collectivités le savent et essayent de déployer des dispositifs ciblés et répondant à ce défi : meilleure offre de transports en commun, abonnements multi-mobilité, covoiturage, autopartage, vélo-partage, aides financières à l’achat d’un véhicule ou d’un cycle, rétrofit, stations de recharge pour les véhicules électriques. Ces solutions ne sont pas issues d’une stratégie commune et nationale, elles peuvent être reprises par certaines collectivités mais pour l’heure, chacun fait comme il peut avec les moyens financiers à disposition. Sans oublier la difficile coordination de l’action avec des acteurs locaux comme les sociétés de voieries.
Forcément, avec la mise en avant du « tout électrique » et l’arrivée des zones à faibles émissions (ZFE), les collectivités doivent changer littéralement de braquet. La mise en place de ces ZFE est un défi de taille puisqu’elles demandent une connaissance fine du parc automobile et de ses habitudes au sein d’une commune, ce dont elles ne disposent pas toutes. L’urgence et le manque d’information de qualité peut amener certaines d’entre elles à instaurer des mesures plus répressives, notamment en s’attaquant directement ou indirectement au portefeuille des citoyens. Ainsi, de nombreuses populations se trouvent, de fait, discriminées et exclues dans la conduite de cette transition. Et nous savons que ce n’est pas une approche soutenable pour encourager une mobilité durable.
La donnée valorisée : une solution pour orienter et peaufiner les stratégies de mobilité durable
L’une des clés pour comprendre l’impact des solutions déployées et leur pérennité, c’est la donnée et plus spécifiquement la donnée valorisée. L’idée n’est pas de l’utiliser pour créer et proposer de nouveaux dispositifs car les collectivités en disposent déjà. Non, il s’agit ici de s’appuyer dessus pour améliorer, peaufiner les solutions existantes et les adapter au mieux à la typologie de chaque collectivité et des utilisateurs de véhicules qui s’y trouvent.
Concrètement, cela signifie disposer de plus de données, de meilleurs indicateurs retranscrits dans un outil adéquat et mis à jour régulièrement. Et nombre d’informations sont utiles et stratégiques : type d’infrastructures, agencement des quartiers, profils d’usagers (âge, revenu, localisation), type et nombre de véhicules. En s’appuyant sur ces données valorisées, les collectivités peuvent déterminer avec précision si tel ou tel dispositif sera adapté à un profil en particulier. Dans un contexte souvent marqué par l’urgence, elles peuvent ainsi espérer accélérer leur processus de décision, le rendre plus efficace et ajuster plus facilement leurs solutions en cours de route. Ce suivi est central pour mesurer le verdissement du parc d’une commune et structurer plus précisément son action.
Renforcer la coopération
Bien entendu, et même si l’apport de la technologie est un soutien de taille pour une mobilité durable, nous ne pouvons nous contenter d’une approche « individualiste » de cette transition. La coopération entre les collectivités territoriales est et sera essentielle pour repérer les « success stories » et les dupliquer. Et il y a également une forme de pédagogie à mener auprès des citoyens et de nombre d’acteurs de la filière automobile pour prendre conscience de l’impact de chacun et engager tout le monde dans ce changement.