Des fabricants européens de puces visés par Washington pour leurs liens avec des entreprises chinoises
Le document cite notamment ASML et Tokyo Electron, deux acteurs clés du secteur des équipements de fabrication de puces, qui auraient intensifié leurs ventes à la Chine malgré les restrictions américaines.
Des ventes massives malgré les restrictions américaines
Cinq grands fabricants d'équipements pour semi-conducteurs ont vendu à la Chine des technologies jugées sensibles pour un montant total de 38 milliards de dollars en 2024, selon un rapport publié mardi par une commission spéciale du Congrès américain. Ce document, consacré à la concurrence entre les États-Unis et le Parti communiste chinois, souligne que ces transactions ont bénéficié à des entreprises que Washington considère comme une menace pour sa sécurité nationale.
Le rapport cite notamment les sociétés américaines Applied Materials, KLA Corporation et Lam Research, mais cible plus directement deux groupes non américains : le néerlandais ASML et le japonais Tokyo Electron. Ces derniers sont accusés d'avoir accru leurs ventes à des entités chinoises après le renforcement des restrictions américaines à l'exportation.
Selon le document parlementaire, cinq sociétés chinoises soupçonnées de liens avec l'armée figuraient parmi les 30 principaux clients de ces fournisseurs entre 2022 et 2024. Parmi elles se trouve SMIC, le principal fabricant de puces en Chine. Le rapport précise qu'en 2024, ASML a vendu 70 % de ses systèmes de lithographie par ultraviolets à la Chine, contre 26 % en 2022. Ces équipements sont indispensables pour graver les circuits sur les plaquettes de silicium utilisées dans les semi-conducteurs.
Des appels à élargir les restrictions d'exportation
Le rapport souligne que la Chine représente 39 % du chiffre d'affaires des cinq principaux fabricants de machines-outils pour semi-conducteurs. Il met en garde contre les risques que représentent ces technologies dans le développement de capacités militaires et de surveillance. " Les fabricants de machines-outils vendent de quoi forger des armes et des outils de surveillance du futur ", alerte le rapport cité par Le Figaro avec AFP.
Face à cette situation, la commission recommande un durcissement des restrictions à l'exportation vers la Chine. Elle suggère de ne plus limiter les contrôles aux composants avancés des puces, mais d'agir également sur les outils nécessaires à leur fabrication. Le rapport appelle par ailleurs à une coordination renforcée entre les États-Unis, les Pays-Bas et le Japon, afin d'unifier les règles d'exportation et d'éviter les contournements.
Enfin, les auteurs du document estiment que les livraisons de ces équipements constituent une étape clé dans les efforts de la Chine pour atteindre l'autonomie technologique dans le secteur des semi-conducteurs.