L’industrie pharmaceutique européenne est-elle à un tournant ?

L’industrie pharmaceutique européenne atteint une année charnière. De très nombreux produits pharmaceutiques ont été commercialisés dans les années 1980/1990, or les brevets de bon nombre d’entre eux arrivent à expiration d’ici l’année prochaine. Les laboratoires vont donc pouvoir lancer leurs propres génériques.

La recherche pharmaceutique est couteuse et la durée d’un brevet est de 20 ans seulement.  Pendant ce temps, la société titulaire d’un brevet contrôle le marché mais bien souvent plus de 12 ans sur les 20 sont consacrés aux essais cliniques, si bien qu’une étude britannique estime que la mise sur le marché d’un nouveau médicament peut coûter plus d’1 milliard de livres sterling.  De telles dépenses d’investissement mettent à mal sa rentabilité.  Bien souvent, à l’issue de la phase de recherche et développement, il reste dans le meilleur des cas 10 ans à la société titulaire du brevet pour opérer la commercialisation du médicament et espérer un retour sur investissement satisfaisant. 


Mais les choses sont en train de changer pour l’industrie pharmaceutique de marque sous l’effet combiné de la « perte des brevets » et de l’intensification des contrôles réglementaires. A expiration des brevets des médicaments phares, les fabricants de génériques s’emparent de la molécule et commercialisent des médicaments similaires, à des prix bien moins élevés généralement puisqu’ils n’ont pas à rentabiliser les coûts de R&D. Ceci met une crée  une pression supplémentaire sur les coûts et sur les processus de fabrication de l’industrie.  Les bonnes pratiques de distribution viennent aussi compliquer l’environnement réglementaire avec des obligations d’évaluation des risques des processus logistiques et la nécessité de maintenir des conditions de température permettant de préserver la stabilité des médicaments transportés. Contrairement aux pressions pour revoir à la baisse le prix des médicaments génériques, les nouvelles lignes directrices des bonnes pratiques de distribution compliquent les conditions de transport et viennent majorer les coûts, avec des répercussions sur les dépenses de production globales.

Sous l’effet de ces forces du marché, les sociétés pharmaceutiques de marque se montrent plus vigilantes vis-à-vis des coûts de transport. Pour satisfaire leurs équipes d’Assurance qualité, elles doivent justifier de niveaux de visibilité, de qualité et de fiabilité conséquents, tout en restant à des prix accessibles.  C’est toute la chaîne logistique de l’industrie pharmaceutique qui en ressent les effets et de nouveaux modèles économiques émergents, tenant compte des nouvelles conditions de transport imposées.


L’industrie estime que la forte demande de produits pharmaceutiques génériques entraîne l’augmentation des besoins en transports à température contrôlée, ce qui pourrait se traduire par une croissance annuelle de 13% du marché de la chaîne du froid entre 2014 et 2019. Le développement de ce type de production s’accompagne de recommandations spécifiques en termes de qualité et de la nécessité de solutions de transport plus économiques.  Les utilisateurs aspirent toujours à de hauts niveaux de visibilité, ainsi qu’à des conditions d’approvisionnement rapides et fiables.  C’est ce qui explique que les groupes pharmaceutiques externalisent leurs besoins de transport et  cherchent des alternatives.