Covid-19 : vers une explosion de l'IoT dans la santé ?

Aujourd'hui, l'Internet of Things (IoT) connaît un développement accéléré depuis la crise sanitaire et les nouvelles habitudes de vie des utilisateurs.

Au début de l’année 2020, la ville de Wuhan a été le premier vivier d’une épidémie qui s’est rapidement propagée au reste du monde. Le gouvernement français a instauré un confinement strict au mois de mars qui a bouleversé le quotidien des Français. Le déconfinement a été amorcé mais les mesures sanitaires mises en place ne permettent pas un retour à la normale.

Cette grande crise sanitaire et toutes les mesures prises pour ralentir la propagation du virus ont augmenté l’intérêt et accéléré le développement de l’Internet des objets ou Internet of Things (IoT). L’Internet des objets est défini comme l’interconnexion entre Internet et une pléthore d’objets connectés qui permettent de faciliter le quotidien des utilisateurs, assurer la sécurité ou réaliser des économies d’énergie, par exemple. Face à la crise sanitaire, les mesures de confinement, les recommandations de distanciation sociale et les gestes barrières, l’Internet of Things présente une solution pour répondre aux besoins évolutifs des utilisateurs et aux nouveaux enjeux sanitaires.

Équipements de domotique, médecine à distance et amélioration de la qualité de l’air : quels sont les nombreux axes de l’Internet of Things et pourquoi cette technologie séduit-elle davantage depuis la crise sanitaire ?

La santé connectée face à la crise de coronavirus

La crise de la Covid-19 a bouleversé nos systèmes de santé et a obligé la plupart des États à revoir leur mode de fonctionnement. Sur le territoire français, face à la saturation des hôpitaux et des services d’urgence au cœur de la crise sanitaire, la télémédecine a connu un intérêt soudain et un petit succès.

En effet, plusieurs mois avant la crise sanitaire et les mesures de confinement, les consultations via la télémédecine, c’est-à-dire un rendez-vous avec un médecin par visioconférence, représentaient un pourcentage très marginal des consultations médicales. Les patients préféraient se déplacer jusqu’au cabinet de leur médecin même si les consultations médicales à distance sont remboursées par l’Assurance Maladie depuis 2018.

Cependant, la crise sanitaire a totalement changé la donne. En effet, les mesures de confinement, les recommandations de distanciation sociale et les hôpitaux surchargés ont encouragé les Français à recourir de plus en plus aux consultations à distance pour davantage prévenir les risques de contamination, permettre de cibler plus rapidement les patients "à risques" et éviter la circulation plus rapide du virus.

Au plus fort de la crise, l’Assurance Maladie a enregistré plus d’un million de téléconsultations entre le 6 et le 12 avril 2020. Au-delà des téléconsultations qui ont permis une meilleure gestion du flux et un "tri" des patients, les technologies de l’e-santé permettent également un suivi amélioré des malades.

Les personnes les plus fragiles ont pu continuer à recevoir les conseils et les soins adaptés, malgré la crise sanitaire. En effet, l’Internet of Things de la santé a permis aux malades chroniques de bénéficier de plusieurs de ses avantages :

  • Une collecte de plus de données pour préciser davantage le diagnostic
  • Une amélioration générale des diagnostics
  • Un suivi de santé plus régulier
  • Une meilleure gestion des crises et des urgences sanitaires

Les appareils de santé connectés comme les montres, les thermomètres ou les glucomètres ne sont pas les uniques leviers d’action de la médecine connectée. En effet, certains pays davantage contaminés ont mis en place des technologies supplémentaires pour aider les services de santé et les patients à lutter contre la pandémie de Coronavirus. Par exemple, la ville de Wuhan, premier cluster de la Covid-19, a mis en place des robots connectés pour distribuer les médicaments aux patients infectés, permettant de limiter la circulation du virus sur le territoire.

Les nouvelles technologies liées à la médecine et la santé et leur développement peuvent permettre d’améliorer sensiblement la gestion des patients, le suivi et le traitement des maladies.

Les équipements domotiques aux services des personnes âgées

La crise de la Covid-19 a touché les Français de manière inégale. En effet, les personnes âgées ont été davantage impactées par la crise sanitaire qui a secoué le monde entier. Qu’ils vivent à domicile ou soient placés dans un EHPAD, les personnes âgées représentent la tranche de la population la plus fragile face au virus.

Au plus fort de la crise sanitaire et particulièrement pendant le confinement, les personnes âgées ont été davantage touchées par le virus et ont également subi l’isolement : les EHPAD ont dû interdire les visites des proches des résidents pour des raisons sanitaires évidentes et les contacts avec les personnes âgées vivant à domicile ont également fortement diminué.

Malgré toutes ces mesures de sécurité, les pouvoirs publics ont comptabilisé de nombreux décès dus au virus au sein des EHPAD français : il y a eu 28 022 morts entre le 1er mars et le 11 mai, date de la fin des mesures de confinement. Cette crise sanitaire qui n’est pas encore terminée a accru le souhait des seniors de vieillir à leur domicile, dans les meilleures conditions possibles. Aujourd’hui, plus de 85% des personnes âgées souhaitent vieillir chez eux. Néanmoins, cela n’est pas toujours possible avec une perte d’autonomie ou d’éventuels handicaps.

Afin de faciliter le quotidien des personnes âgées et permettre le maintien à leur domicile le plus longtemps possible, le développement des technologies de la domotique et de l’Internet des objets présente une solution viable sur le long terme pour permettre aux seniors de mieux vivre leur fin de vie sans bouleverser leurs habitudes dans un EHPAD.

En effet, au-delà des objets connectés les plus répandus comme les volets automatisés ou les lampes connectées, certaines entreprises souhaitent développer et concevoir des équipements plus spécifiques aux personnes âgées et aux personnes handicapées :

  • Les outils pour le suivi de la santé, la prise des médicaments, etc.
  • Les bracelets ou les médaillons connectés pour prévenir les chutes, par exemple
  • Les fauteuils roulants connectés

Ces objets connectés et les nombreux systèmes domotiques déjà existants sont de plus en plus demandés par les particuliers afin d’améliorer le quotidien des plus dépendants et permettre le maintien de l’autonomie des seniors ou des personnes handicapées. Ces préoccupations s’accroissent davantage avec le risque d’une seconde vague du virus.

L’Internet of Things : comment instaurer un climat de confiance pour les utilisateurs ?

Dans le domaine de l’Internet of Things, les innovations et les solutions connectées ne manquent pas et continuent à se développer progressivement :

  • Les transports plus intelligents et connectés grâce à des capteurs pour améliorer le service des transports publics et encourager les citoyens à privilégier les transports en commun 
  • La maison intelligente (smart home
  • La ville intelligente (smart city) pour s’adapter à son environnement, etc.

Certaines start-up imaginent déjà concevoir des solutions connectées pour mettre l’Internet of Things au service de la qualité de l’air, largement encouragées par le développement de nombreuses maladies chroniques dues à un environnement insane et pollué. Les malades chroniques représentaient l’une des tranches de la population considérée comme "à risques" par les experts.

Néanmoins, le développement des projets d’Internet of Things et le déploiement de ces solutions connectées sont un peu freinés par les utilisateurs eux-mêmes, souvent sceptiques. Si nous souhaitons parvenir à développer l’Internet of Things à une plus grande échelle, les pouvoirs publics et les professionnels doivent parvenir à instaurer un climat de confiance entre les utilisateurs et tous les produits connectés. Ils doivent rassurer les citoyens et mettre tout en œuvre pour éviter les dérives et protéger les équipements connectés et les données qu’ils peuvent collecter.

En effet, la plupart des utilisateurs sont réfractaires à l’idée de l’Internet des objets si ceux-ci ne garantit pas une protection suffisante pour leurs données personnelles. Certains imaginent qu’une collecte mal gérée va mener à une société de surveillance et des dérives totalitaires. Afin de prévenir et d’éviter ces éventuelles dérives qui pourraient malmener les données personnelles des utilisateurs, les procédures de collecte et d’utilisation des données doivent être rigoureuses et totalement transparentes afin d’instaurer ce climat de confiance qui pourrait accélérer un développement plus complet des solutions de domotique.

Face à l'émergence des nouveaux dangers sur le web, les gouvernements doivent également mettre en place des juridictions spéciales afin de permettre la garantie des droits des citoyens, peu importe les circonstances. Aujourd’hui, le gouvernement français met à la disposition des citoyens sur son site toutes les informations relatives à la protection des données sur Internet afin de faire valoir leurs droits face aux technologies de l’Internet des objets.

Pour répondre à ces questions, accompagner le développement de l’Internet of Things et éviter toutes les dérives possibles, la plupart des experts souhaitent instaurer une souveraineté numérique européenne pour ne plus dépendre des fournisseurs de plateformes comme Google et pouvoir créer un système protégé et réglementé de manière globale pour tous les citoyens européens.