Développement du tourisme en France : secteurs privé et public devront collaborer pour atteindre les objectifs fixés

Après 6 mois de travaux ayant réuni 400 acteurs de la filière, Laurent Fabius a clôturé les Assises du Tourisme en dévoilant un plan de bataille pour conforter la place de la France au 1er rang des destinations touristiques du monde.

Pour passer de 83 à 100 millions de visiteurs par an, et surtout redevenir leader en matière de recettes générées, le Gouvernement a annoncé 30 décisions très concrètes dont certaines entrent en vigueur immédiatement.
Cette annonce s'inscrit dans une prise de conscience internationale de l'impact économique majeur que le tourisme peut avoir sur la croissance d'un pays. Déjà en 2010, Barack Obama ratifiait le Travel Promotion Act, qui s'est décliné en une stratégie globale (National Travel & Tourism Stragegy) dès 2012, avec une approche très pragmatique, de la planification des actions à la mesure des résultats. De la même manière, on retrouve aujourd’hui cette même dynamique dans certaines villes étrangères, comme Londres ou Singapour qui déploient des stratégies très agressives. Tous les analystes s'accordant sur un développement majeur du tourisme d'ici 2030, notamment dopé par les pays asiatiques, chaque état, chaque ville, s'est lancé dans la compétition afin d'avoir sa part du gâteau.

A l'instar d'une marque commerciale, si la promotion et l'équipe « commerciale » n'est pas à la hauteur des ambitions affichées, les résultats ne seront pas au rendez-vous… Dans un contexte de difficultés économiques où les caisses des États sont vides, la solution ne peut venir de la fiscalité (cf. l'instauration de taxes sur les nuitées votée ces derniers jours). Si l'on regarde plus attentivement les stratégies anglo-saxonnes, celles-ci s'appuient sur une implication forte du secteur privé dans les actions de promotion. Par exemple, le Travel Promotion Act prévoyait, certes la première année, une mise de l’État pour amorcer la pompe, mais dès la deuxième année, 50 % était apporté par le secteur privé, pour arriver à 100 % sur l'année 3 ! On ne parle pas ici que de cash, mais surtout d'apport en valeur. Les anglais l'ont bien compris en associant des marques prestigieuses comme le British Museum, Harrod's…, à leur GREAT China Welcome Charter, une véritable stratégie de séduction du marché chinois…
Le secteur privé français n'est pas en reste, avec en particulier la création de l'Alliance 46.2 , née de l'initiative de 19 entreprises françaises leaders dans le secteur du tourisme et visant à renforcer l'attractivité de la destination France, ainsi que le Welcome City Lab, incubateur de startups dédiées au secteur touristique, et qui compte parmi ses membres fondateurs de très belles entreprises du secteur touristique.
Retenons également de nos compétiteurs, la mise en place de réelles stratégies de promotions des destinations par le biais de partenariats avec les compagnies aériennes et pas seulement les compagnies nationales, illustrées par exemple par la signature d'accords entre VisitBritain et deux compagnies majeures du Moyen Orient qui sont Emirates et Etihad. Ces accords se sont récemment traduits, entre autres, par l'augmentation des capacités des vols desservant la Grande-Bretagne.
Les énergies et les talents sont présents, il appartient à l'Etat français de les utiliser au mieux, et dans une logique Business, pour favoriser rapidement la création de valeur, au-delà de simples effets d'annonces.