Et si les sciences du comportement permettaient l'effet papillon nécessaire à la transition écologique : des petits gestes, de grandes conséquences

La transition écologique est un enjeu majeur. Pour y répondre de nombreuses solutions émergent. Elles sont basées sur la sobriété, la technologique, les organisations… pourtant les résultats sont insuffisants.

Près de 35 ans après le rapport de Brundtland [1] qui fixait pour la première fois à l’échelle mondiale les objectifs d’un développement durable, "un mode de développement qui répond aux besoins des générations futures de répondre aux leurs", les enjeux pour la maîtrise des impacts de l’homme sur son environnement n’ont jamais été aussi présents dans les politiques publiques qu’aujourd’hui. Force est néanmoins de constater que les ambitions politiques ne suffisent pas à provoquer le changement de société attendu. Le confort des sociétés modernes alimenté par des comportements de consommation dont les impacts environnementaux ne cessent de croitre ne facilite pas les choses.

Qui n’a pas déjà commandé en ligne plutôt que d’aller au commerce du coin par gain de temps ou de facilité, ou tout simplement pour bénéficier de cette promotion exceptionnelle disponible uniquement sur le web ? Pourtant, au regard de la transition écologique, un achat en ligne est hautement critiquable si l’on considère son impact carbone. Et c’est bien là que se situe le problème car les individus ne sont pas des êtres rationnels, ils ont plutôt tendance à privilégier des schémas de pensées courts et peu énergivores [2]. C’est précisément là qu’interviennent les sciences comportementales.

En effet, la nécessité de modifier les pratiques sociales avec l’apport des sciences humaines et sociales est désormais partagée. En France, l’ADEME publie régulièrement des guides d’appui aux changements de comportements destinés aux politiques publiques [3, 4].

Aujourd’hui nous sommes conditionnés par nos actes, notre façon de consommer, de produire, de travailler, de vivre ensemble, etc. Pourtant on le sait, l’impact de nos comportements sur l’avenir de la planète et la préservation de notre environnement n’est plus à démontrer.

Alors comment accompagner le changement ? Sans contrainte ni récompense, il est possible de provoquer de vrais changements à l’échelle individuelle et collective, grâce aux sciences comportementales.

Les sciences du comportement permettent de faciliter l’adoption de nouveaux comportements à l’aide de différents leviers qui peuvent consister, par exemple, à proposer à un individu d’effectuer une action qui lui demande peu d’effort, avant de lui suggérer de changer un comportement plus important. Autrement dit, « demander peu pour obtenir plus ». Concrètement : prenons le cas d’un homme de 45 ans qui se rend quotidiennement à son travail en voiture. Si l’ambition finale est qu’il « abandonne » sa voiture pour ce trajet, une stratégie pourrait être de l’aider à prendre conscience des inconvénients que représente la voiture (économique, écologique, etc.), d’identifier ses alternatives (transports en commun, vélo, etc.), puis de lui proposer de tester l’une de ces alternatives sur un premier trajet, puis plusieurs fois par semaine, etc.

Ces "étapes" sont autant d’actes préparatoires guidant progressivement l’individu vers le comportement attendu. Un petit geste pour de grandes conséquences.

Face à l’urgence climatique, l’implication des populations pour un changement de société pour tous et par tous est prioritaire. Et pour les faire participer, le rôle des collectivités/élus est capital. Avec l’apport des sciences comportementales, nous avons enfin la possibilité mettre en place un réel outil d’implication citoyenne, durable et collectif.

Références bibliographiques :

[1] Brundtland Gro (1988). Notre avenir à tous, Montréal, Éd. du Fleuve.

[2] Kahneman, D. (2011). Thinking fast and slow. New York: Farrar Straus and Giroux.

[3] ADEME. (2016). Changer les comportements, faire évoluer les pratiques sociales vers plus de durabilité. L’apport des sciences humaines et sociales pour comprendre et agir.

[4] ADEME. (2020). Analyse des opportunités de l’accompagnement au changement de comportement automatisé au regard de l’accompagnement humanisé.