Développer le bâtiment 4.0 ou comment sortir 20 millions de Français de la précarité ?

La SBA alerte sur la problématique de la précarité numérique. Selon elle, les candidats à la présidentielle se doivent intégrer dans leur programme un véritable plan numérique.

La crise sanitaire a mis en évidence la place prépondérante du numérique dans notre société. Celles et ceux qui y avaient accès ont ainsi pu, entre autres, assurer une forme de continuité de leurs activités ou limiter leur isolement. Or, il s’avère que ce service qui devrait être considéré comme essentiel, au même titre que l’eau ou l’électricité, n’est pas aujourd’hui équitablement accessible à tout citoyen sur l’ensemble de notre territoire. Au-delà de la problématique de maillage territorial, de nombreux concitoyens souffrent de précarité numérique faute de moyens pour acquérir un minimum d’équipement, pour accéder à une pièce partagée dans un bâtiment collectif et pour bénéficier d’un accès internet de qualité.

Comment alors travailler ou suivre des cours à distance ? Comment faire face à l’isolement des personnes seules ou dépendantes ? Comment éviter un décrochage voire une marginalisation d’une partie de la population ? Cette précarité numérique ne risque-t-elle pas à terme de déboucher sur une fracture sociale ? S’attaquer à cet enjeu ne serait-il pas un moyen de répondre à d’autres défis majeurs tels que la précarité énergétique ou la précarité sociale ? Autant d’interrogations sur lesquelles la Smart Buildings Alliance travaille depuis des années et pour lesquelles elle souhaite partager aujourd’hui ses conclusions en vue de nourrir le débat politique. 

Avant même la crise sanitaire, plus 14 millions de français étaient en situation de précarité numérique, plus de 12 millions confrontés à la précarité énergétique et près de 10 millions en situation d’isolement social, nous estimons qu’il est urgent de mettre le bâtiment et plus particulièrement le logement collectif résidentiel à l’heure du XXIème siècle. C’est pourquoi la SBA appelle aujourd’hui tous les candidats à la Présidence de la République à intégrer dans leur programme un véritable plan numérique visant à équiper tout logement résidentiel collectif d’une infrastructure numérique mutualisée. 

Combinés au déploiement de systèmes et de solutions, cela permettrait d’assurer des services majeurs tels que l’accès à internet pour tous, l’efficacité et  la sobriété énergétique, la gestion contrôlée des accès, la protection des biens et des personnes, la santé, les réseaux de partage et d’entraide entre voisins, le maintien à domicile et l’assistance aux personnes dépendantes.  

Nous sommes également convaincus que c’est par la mutualisation des infrastructures et des équipements, en s’appuyant sur des systèmes ouverts et interopérables conformes aux recommandations propres au cadre de référence Ready2Services de la SBA, que nous arriverons à réduire les coûts d’investissements en vue d’un bilan opérationnel global positif. Les calculs démontrent qu’en se basant sur une globalisation des coûts et des économies, non seulement l’investissement sera complètement amorti sur une période de 10 ans, mais le ROI est immédiat dans la mesure où cela génèrera une réduction des charges courantes de l’ordre de 5% dès la première année, tout en faisant bénéficier tous les résidents d’une large palette de services tels que :

  • Accès Internet haut débit,
  • Réduction de la facture énergétique de l’ordre de 25%,
  • Système de gestion des accès individualisé et sécurisé,
  • Garantie de détection d’incidents majeurs en temps réel avec actions immédiates,
  • Systèmes d’amélioration du confort (occultation, éclairage, chauffage, ventilation),
  • Systèmes de suivi de la vie courante (prévention des accidents domestiques, des chutes,…)
  • Systèmes visant à préserver leur santé (qualité de l’air intérieur, humidité,…).

Certains bailleurs sociaux et promoteurs ont déjà compris l’intérêt d’une telle initiative en commençant à déployer massivement cette infrastructure à l’ensemble de leur parc immobilier, apportant ainsi aux résidents un meilleur service et une maîtrise des charges tout en optimisant leur propre gestion patrimoniale, nous demandons donc aux candidats qu’ils s’emparent du sujet en vue d’une généralisation à l’ensemble du territoire et en fassent un élément fort de leur campagne.  

Ce plan nous permettra de réduire au plus vite la consommation énergétique des bâtiments, d’en réduire leur empreinte carbone et de répondre ainsi efficacement aux enjeux climatiques. Ce faisant, nous apporterons aussi à tous les Français un Internet haut débit à un coût raisonnable, nous pourrons repenser l’usage des bâtiments, optimiser les espaces, augmenter le reste à vivre des familles et nous serons en mesure d’accompagner les personnes âgées ou dépendantes tout en leur offrant la possibilité de rester le plus longtemps possible dans leur propre logement.

Enfin, alors que la mobilité électrique s’invite progressivement dans le bâtiment accompagnée de l’autoconsommation, se pose à très court terme le sujet du pilotage énergétique. Dans la plupart des cas, il ne sera pas possible de recharger simultanément les véhicules des résidents tout en assurant l’alimentation électrique des usages domestiques traditionnels. Seule une gestion prédictive des besoins énergétiques du bâtiment permettra d’absorber cette surcharge pouvant représenter près d’un tiers du besoin en énergie d’un logement.  

Comme d’autres secteurs ont su le faire, à l’image de l’industrie 4.0, il est donc temps de faire rentrer le logement dans le XXIème siècle, en accompagnant un nouveau secteur d’excellence : le bâtiment  4.0. C’est un enjeu majeur pour notre pays et un préambule à toute politique visant la cohésion sociale et la préservation de l’environnement.