Influenceurs : pour protéger les mineurs, Instagram met en place des "comptes adolescents"
"C'est une mise à jour importante, conçue pour que les parents aient l'esprit tranquille", explique à l'AFP Antigone Davis, vice-présidente du groupe en charge des enjeux de sûreté le 17 septembre dernier. Ces "comptes adolescents" seront disponibles pour les utilisateurs âgés de 13 à 17 ans, qui auront un compte privé par défaut et seront mieux sécurisé que les comptes classiques. Ils comportent également des garde-fous quant aux personnes qui peuvent les contacter et les contenus qu'ils peuvent voir. Un mode sommeil sera automatiquement mis en place de 22h à 7h, empêchant l'utilisateur mineur de recevoir des notifications pendant cette plage horaire.
Quid des ados influenceurs ?
Si la plateforme est accusée par de nombreuses associations de nuire à la santé mentale des plus jeunes, cette mesure sert essentiellement à rassurer les parents et à redorer l'image du réseau social. Car ce n'est pas la fin des ados-influenceurs pour autant : pour les mineurs qui souhaitent devenir influenceurs et, par conséquent, un compte public avec moins de restrictions, il leur faudra l'autorisation de leurs parents. Qu'ils soient déjà inscrits sur la plateforme ou non. "Nous savons que les ados peuvent mentir sur leur âge, notamment pour essayer de contourner ces restrictions", explique Antigone Davis. Si un adolescent essaie de modifier sa date de naissance, "nous allons lui demander de prouver son âge". Cependant, META, qui regroupe Instagram, Facebook, WhatsApp et Messenger, refuse de contrôler l'âge de tous ses utilisateurs : "nous ne voulons pas obliger 3 milliards d'utilisateurs à fournir une pièce d'identité". Pour la vice-présidente, les systèmes d'exploitations des smartphones (Android et iOS) disposent de suffisamment d'informations sur leurs utilisateurs et pourraient les partager avec les applications utilisées par les adolescents.
"Instagram crée une dépendance"
Pas sûr pourtant que ces "comptes adolescents" suffisent à rassurer les parents. "Instagram crée une dépendance. L'appli conduit les enfants dans une spirale infernale, où on leur montre non pas ce qu'ils veulent voir, mais ce dont ils ne peuvent détourner le regard", explique Matthew Bergman, avocat américain. En 2021, il a fondé une organisation pour défendre les "victimes des réseaux sociaux". Il représente notamment 200 personnes dont un enfant s'est suicidé "après y avoir été encouragé par des vidéos recommandées par TikTok ou Instagram". Auditionné par le Congrès fin janvier, Mark Zuckerberg avait présenté de courtes excuses aux parents, disant être "désolé pour tout ce que vous avez vécu".