Hervé Fauvin (Snapcar) "SnapCar rachète Le Cab pour devenir le leader du VTC d'affaires"

Le directeur général et actionnaire de la plateforme VTC française explique au JDN les raisons du rachat de son concurrent Le Cab, lui aussi très porté sur le B2B.

Hervé Fauvin est le directeur général de Snapcar. © Snapcar

JDN. SnapCar rachète son concurrent Le Cab à Keolis, filiale de la SNCF. Pourquoi cette opération ?

Hervé Fauvin. Nos deux sociétés sont spécialisées sur le service des voyageurs d'affaires, avec 80% de notre chiffre d'affaires provenant du B2B. Ce nouvel ensemble devient le leader du VTC B2B en France, avec plusieurs centaines de milliers d'utilisateurs dans 5 000 entreprises clientes, dont 45% du Cac 40 et 41% du SBF 120. Alors que nous étions présents dans seulement trois villes (Paris, Lyon, Nice, ndlr), Le Cab nous apporte son maillage territorial dans 23 agglomérations, même si pour la plupart il s'agit de réservations de VTC à l'avance plutôt qu'en temps réel. Nous allons par la même occasion augmenter le nombre de chauffeurs dont nous disposons, mais je ne peux  pas encore vous dire dans quelle proportion, car nombre d'entre eux travaillaient déjà sur les deux plateformes.

Le Cab a aussi remporté un appel d'offre auprès de la SNCF pour opérer l'application Mon Chauffeur, qui permet de réserver un VTC à la sortie du train. Nous estimons le potentiel de chiffre d'affaires de cette activité à 50 millions d'euros par an à l'horizon 2023. Enfin, nous ne pouvons pas nier que la marque Le Cab jouit d'une plus grande notoriété que la nôtre, car l'entreprise a réalisé d'importants investissements marketing lorsqu'elle a tenté d'attaquer davantage le marché B2C avec son offre partagée Le Cab + (un échec qui a grevé les finances de l'entreprise, ndlr). Cette notoriété va nous permettre de mieux toucher les entreprises.

Allez-vous garder toutes les équipes employées par Le Cab ?

Le Cab est une belle réussite en termes de notoriété et nous avons besoin de capitaliser sur ceux qui l'ont construite. Hormis les fondateurs, qui sont partis depuis plusieurs mois, aucun départ ni licenciement ne sont prévus à ce stade parmi les 74 salariés. Je préfère cependant rester prudent pour le moment, car nous serons définitivement fixés sur ce sujet en septembre, après avoir bouclé l'intégration des deux sociétés.

Keolis était monté à presque 100% du capital de Le Cab. Avez-vous racheté l'intégralité de ses parts ?

Pour être précis, nous avons racheté à Voxtur (la maison-mère du Cab) son activité VTC, dont Keolis nous a cédé l'intégralité de ses parts. Nous lui avons en revanche laissé l'autre business de Voxtur, la location de véhicules, qui ne nous intéressait pas.

"Le marché est extrêmement complexe et concurrentiel. Nous visons la rentabilité en 2021"

Est-il exact que vous avez racheté Le Cab pour un euro symbolique, comme l'affirment Les Echos ?

Je ne peux pas commenter cette information.

Etes-vous intéressé par les technologies de Le Cab, notamment les algorithmes de la société britannique Addison Lee, sur lesquelles il dispose d'une licence d'utilisation exclusive en France ?

Le Cab a développé des fonctionnalités très intéressantes, par exemple sur la planification automatique des courses. SnapCar est une société technologique et nous continuerons à apporter nos propres innovations.  Mais cela n'aurait pas de sens de garder les deux technologies et marques en parallèle. Nous les ferons converger afin de garder le meilleur des deux mondes.

Quel impact le mauvais bilan financier chez Le Cab aura-t-il sur les résultats de l'ensemble fusionné ?

Nous allons travailler très dur cet été pour rationaliser nos dépenses et identifier les synergies entre les deux marques afin de redresser cette situation. C'est un marché extrêmement complexe et concurrentiel. Nous sommes confiants d'obtenir des résultats tangibles dès 2020 et visons la rentabilité en 2021.