Paris-Saclay mise sur une appli pour réduire sa congestion automobile

Paris-Saclay mise sur une appli pour réduire sa congestion automobile L'agglomération francilienne, qui abrite des pôles de recherche universitaires et les divisions R&D d'entreprises, expérimente une appli de mobilités qui récompensera les comportements vertueux.

Paris-Saclay, c'est l'histoire d'un succès devenu ingérable. Ce pôle scientifique et technologique qui couvre une zone de 27 communes à cheval sur l'Essone et les Yvelines, abrite plus de 60 000 étudiants, 10 000 enseignants-chercheurs et environ 430 000 salariés. Or d'après l'Insee, 60% des cadres (qui représentent la majorité des salariés) de la zone Versailles-Saclay, ne vivent pas sur place et proviennent d'autres territoires franciliens. Résultat : l'infrastructure routière rurale inadaptée est incapable de charrier un tel flot d'automobilistes. Et l'agglomération se retrouve fortement congestionnée aux heures de pointe.

A la recherche de nouvelles solutions, Paris-Saclay expérimente depuis la rentrée Move in Saclay, une application de mobilités qui tentera de changer les comportements des automobilistes. "Elle est testée depuis plusieurs semaines dans quelques entreprises partenaires, sur un échantillon d'une petite centaine de personnes", précise Stéphanie Morland, responsable développement numérique et smart city de la communauté d'agglomération de Saclay.

Détection du mode de transport

L'appli dispose de plusieurs fonctionnalités. D'abord, l'indication des zones de congestion du territoire en temps réel. Elles sont obtenues grâce à un mélange d'informations fournies par Waze (via son programme d'échange de données Connected Citizens) et de remontées des boucles de comptages (des capteurs physiques placés sur la route). Sur quelques carrefours, des dispositifs de comptage par analyse vidéo (caméras) seront également mis à profit.

L'affichage des zones de congestion dans l'application Move in Saclay. © Move in Saclay

Deuxième étape du dispositif, obtenir l'accord des utilisateurs pour que l'appli analyse leurs déplacements afin de déduire leur moyen de transport. Un travail d'analyse de données et d'IA mené par le data scientist de l'agglo en collaboration avec les chercheurs de l'université Paris-Saclay et les équipes R&D de Nokia, installées elles-aussi sur le territoire. "En analysant la vitesse de déplacement et la géolocalisation du trajet, nous sommes en mesure de déduire si l'utilisateur est à pied, dans un bus, en voiture, à vélo ou en RER", détaille Stéphanie Morland. L'appli se nourrit aussi des confirmations des utilisateurs sur le type de trajet réellement utilisé pour affiner ses déductions.

Viendra ensuite la phase la plus importante et la plus complexe, sur laquelle rien n'a pour l'instant été arrêté : les mécanismes d'incitations et de récompenses des utilisateurs. Plusieurs solutions sont à l'étude. Notamment des locations gratuites de vélos électriques, des places de stationnement  réservées, ou encore des journées dans des espaces de co-working. Elles viendront dans un premier temps des entreprises, dans le cadre de leurs plans de mobilités. Dans un second temps, en 2020, la collectivité réfléchira à la manière dont elle peut participer à cet effort, dans le cadre d'une campagne de communication sur l'appli auprès du grand public.

Parmi les comportements vertueux qui pourront déclencher ces récompenses : le contournement des zones de congestion en voiture, la décision de télétravailler, ou encore le choix de délaisser son véhicule au profit des transports en commun. Le covoiturage pourrait être intégré dans un second temps, grâce à la plateforme d'Etat des preuves de covoiturage, à laquelle Saclay prépare son intégration.

Récompenses ponctuelles

"Ces récompenses ne seront probablement pas mises en place toute l'année, mais plutôt ponctuellement, par exemple lors des canicules et pics de pollution", anticipe Stéphanie Morland. L'agglomération réfléchit aussi à prendre en compte les situations individuelles de chacun (lieu de vie, famille etc.) pour juger des efforts consentis. 

Avec cette appli, Saclay souhaite se constituer un échantillon de données pour comprendre quels peuvent être les besoins de nouveaux services de transport à mettre en place et quelle proportion d'utilisateurs est prête à changer ses comportements. Des informations qui seront aussi fournies aux entreprises, qui en savent aujourd'hui très peu sur la manière dont se déplacent leurs salariés. C'est aussi un moyen de mieux cerner les flux irréguliers, comme ceux des étudiants qui varient au cours de l'année, et d'évaluer l'impact des nouveaux flux. Car les problèmes de congestion de Saclay ne sont pas partis pour s'arranger. Avec la construction d'un vaste campus urbain qui sera finalisée en 2025, 30 000 étudiants et 18 000 salariés supplémentaires viendront grossir les rangs de Paris-Saclay.