Agrégateurs de mobilités : qui propose quoi ?

Agrégateurs de mobilités : qui propose quoi ? Transports publics, VTC, vélos, trottinettes, autopartage... Des applis agrègent en un seul endroit de nombreux services de mobilités, avec des modèles économiques très variés. Tour d'horizon.

Face à l'explosion de l'offre de services de mobilités, le temps est venu de mettre un peu d'ordre dans les smartphones. Ce besoin de clarté ainsi que la volonté des grands groupes de diversifier leur offre de transport ont provoqué l'apparition d'une multitude de services de multimodalité, d'agrégation et de comparaison. Tour d'horizon non exhaustif de ces applis en France et de leurs modèles économiques.

Les agrégateurs partenariaux

Ils sont le fruit de diversifications de la part de grands groupes qui œuvrent déjà dans le secteur des transports. Fonctionnant le plus souvent sur la base de partenariats, ils n'ont pas vocation à présenter l'offre disponible de manière exhaustive, mais plutôt à mettre en avant les services de l'entreprise, de celles dans lesquelles elle a investi et de partenaires, auxquels une commission est prélevée pour chaque trajet apporté.

L'exemple le plus emblématique en France de cette stratégie est celui de la SNCF, avec son appli Assistant SNCF qui mêle aux informations de trafic sur ses trains un calculateur d'itinéraire en transports en commun, des réservations de taxis et VTC, des covoiturages courte et longue distance, ou encore de l'autopartage. Uber a également diversifié son offre, avec une stratégie consistant à proposer un plus petit nombre de services, mais en garantissant une expérience pleinement intégrée à son appli, de la recherche jusqu'au paiement. En plus des VTC, elle propose les trottinettes et vélos de sa filiale Jump ainsi que les scooters du français Cityscoot à Paris. Un calculateur d'itinéraires de transport en commun a aussi été ajouté à l'appli dans la capitale. On peut aussi citer PSA et son application Free2Move, qui propose son propre service d'autopartage, celui de ses concurrents (Ubeeqo, GoMore, Drivy…), mais aussi des vélos (Vélib', Donkey Republic), trottinettes (Bird, Lime, Tier, Voi…) et scooters (Coup, Troopy) en libre-service.

Services : Assistant SNCF, Uber, Free2Move.

Les agrégateurs promotionnels

Ils sont un peu agrégateurs malgré eux. Les agrégateurs promotionnels sont des applis, principalement de cartographie (Google Maps, Mappy) et de calcul d'itinéraire (Citymapper, Moovit), qui se sont naturellement tournées vers la promotion de services de mobilités pour doper leurs revenus. Lorsqu'un utilisateur recherche un trajet à pied, en voiture ou en transport en commun, l'appli va également lui afficher le temps et le prix de services de mobilités permettant d'effectuer le même trajet, le plus souvent des VTC et trottinettes. L'appli joue alors le rôle d'un apporteur d'affaire, et est rémunérée pour chaque trajet renvoyé vers le service, ou pour avoir engendré la création d'un nouveau compte. Ces agrégateurs incluent rarement la réservation et le paiement des services (ils se content de renvoyer vers les applis), ils ont plutôt vocation à les faire découvrir qu'à permettre de les utiliser au quotidien.

Services : Google Maps, Citymapper, Moovit, Mappy

Les opérateurs et autorités de transports

Les applis des opérateurs et autorités de transports suivent un mouvement en cours dans les transports publics. Ils veulent élargir leur offre au-delà des traditionnels métro, bus, trains et trams, en créant leur propres services publics ou en mettant en avant des opérateurs privés. La démarche devrait se développer partout en France, mais n'en n'est pour l'instant qu'à des débuts.

Par exemple, malgré des investissements depuis plusieurs années dans des opérateurs comme Cityscoot ou Klaxit (covoiturage courte-distance), la RATP ne les a toujours pas intégrés à son application. L'opérateur a cependant annoncé le développement d'une nouvelle appli en beta test depuis novembre, MaaX, qui intègre scooters, autopartage, vélos et trottinettes. L'autorité des transports franciliens, Idf Mobilités, doit aussi intégrer davantage de moyens de transports sur son appli Via Navigo. Pour l'instant, elle se cantonne au covoiturage, dans le cadre d'une opération de subvention du secteur, et aux Vélib.

Les autres grandes villes ne sont pas tellement plus avancées en la matière, se contentant en général d'intégrer leur offre de vélos municipale. A l'exception notable de Mulhouse : l'application de la métropole alsacienne reliée à un compte mobilité mélange transports en commun, vélos, autopartage et stationnement privé, paiement compris. Encore minoritaire, ce modèle devrait se développer dans les années à venir. Car nombre de collectivités considèrent qu'agréger l'offre de mobilités participe de leur rôle d'organisatrices de l'offre de transport et qu'elles peuvent jouer le rôle d'intermédiaire neutre qui ne prélève pas de commission.

Services : ViaNavigo, MaaX (beta test), Compte Mobilité.

Les agrégateurs et comparateurs indépendants

Sans historique de service dans les transports, les agrégateurs et comparateurs indépendants veulent se placer entre les services et les clients en promettant de nouveaux clients aux premiers et une plus grande clarté ou de meilleurs prix aux seconds. eScoot permet par exemple de localiser au sein de la même application les trottinettes de la plupart des opérateurs, ainsi que des vélos en libre-service et Vélib', et les scooters de CityScoot. Quant à la comparaison des prix, elle prend tout son sens chez les VTC, dont les prix peuvent fortement varier en fonction des pics de demande et qui n'appliquent pas les mêmes multiplicateurs à leurs tarifs. Bebop, Eurecab, My Move VTC ou encore Search.cab se sont lancées sur ce créneau. Eurecab a la particularité d'indexer également les courses réservables à l'avance de chauffeurs ne dépendant pas d'une plateforme. Tandis que BeBop, Search.cab et My Move VTC comparent également les prix avec les taxis (G7), dont les prix réglementés varient bien moins que ceux des VTC et qui deviennent donc de bonnes affaires lors des pics de demande. Certaines, comme Bebop et Search.cab, développent aussi une activité B2B, en proposant aux entreprises de toujours prendre le VTC le moins cher, alors que les contrats entreprises proposés par les plateformes incluent rarement des réductions, mais plutôt des fonctionnalités supplémentaires.

En revanche, ces applications ne permettent pas de se faire une vision globale du marché, car elles sont dépendantes d'accords commerciaux avec chaque plateforme pour afficher leurs prix et toucher une commission. Aucune d'entre elles n'a pour l'instant réussi à toutes les intégrer.

Services : Bebop, Eurecab, My Move VTC, Search.cab, eScoot.