Plus petite et plus rapide, la navette Milla veut doubler EasyMile et Navya

Plus petite et plus rapide, la navette Milla veut doubler EasyMile et Navya Cette start-up française fabrique une navette autonome et son logiciel de conduite sans chauffeur. Elle veut lancer une dizaine d'expérimentations cette année.

Y'a-t-il de la place pour un troisième acteur français de la navette autonome ? Frederic Mathis en est persuadé. Il est le président de Milla, une start-up de 33 employés fondée en 2017 et installée dans les Hauts-de-Seine qui conçoit et produit sa propre navette autonome, ainsi que le logiciel de conduite sans chauffeur. Elle peut aussi gérer l'opération des services lorsque ses clients ne sont pas encore assez matures pour le faire. La société dispose également d'une activité de conseil et d'ingénierie de services de véhicules autonomes pour des grands groupes comme Renault-Nissan.

Ces deux activités sont issues de deux sociétés, IFSM pour l'ingénierie, fondée par Frederic Mathis, et Beta Epsylon, une entreprise du Mans rachetée par IFSM et qui a conçu un petit véhicule électrique ayant servi de base à la navette Milla. "L'expérience de notre activité d'ingénierie et le rachat de Beta Epsylon nous ont permis de développer une solution complète", raconte Frederic Mathis. La société a généré 10 millions d'euros de chiffre d'affaires depuis sa création, principalement via son activité de services auprès des grandes entreprises, qui ne doit plus représenter que 20% de ses revenus à terme. Car l'avenir de la start-up est dans les navettes.

Jusqu'à 50 km/h

Son véhicule est sa principale différenciation avec les deux champions français du secteur, EasyMile et Navya. Il s'agit d'un engin de six places de la taille d'une Renault Zoé, contre une quinzaine chez la concurrence. "Notre navette est faite pour passer dans des rues étroites et ne pas gêner les riverains. Elle peut atteindre une vitesse de 50 kilomètres par heure, alors que les autres restent en dessous de 20", assure Frederic Mathis. Ce manque de vitesse de la plupart des navettes testées actuellement est l'un des principaux freins à leur utilité, en particulier sur des trajets qui dépassent les quelques kilomètres. Selon Frederic Mathis, les véhicules de ses concurrents n'ont pas été conçus pour atteindre ces vitesses, contrairement au sien, basé sur un véhicule électrique plus proche de l'automobile qui monte à 90 kilomètres par heure dans sa version non-autonome. Autre paramètre permettant ces vitesses, tous les passagers sont assis, voire attachés, ce qui permet des freinages plus puissants.

Milla prépare une levée de fonds de 8 millions d'euros

Côté applications, Milla ne veut pas rouler en centre-ville et se concentre plutôt sur les zones rurales et périurbaines, dans une logique de rabattement vers les transports en commun. La start-up teste depuis septembre 2019 sa navette à Vélizy (Yvelines), dans le cadre d'une ligne de transport à la demande de 2,5 kilomètres comprenant huit arrêts. Les utilisateurs disposent d'une appli pour appeler la navette (avec opérateur de sécurité) lorsqu'ils souhaitent l'emprunter. Elle roule à la vitesse maximale autorisée, soit 30 kilomètres par heure. A Aix-en-Provence, Milla relie la gare TGV à une zone d'activité. Un parcours de dix kilomètres qui emprunte une départementale (pas encore autonome sur ce tronçon), un chemin utilisé par les pompiers, puis termine sur un site privé, avec des pointes à 50 kilomètres par heure. La start-up prépare d'autres expérimentations à Nice et dans la vallée de Chevreuse (à cheval sur les Yvelines et l'Essone).

Milla souhaite mener une dizaine d'expérimentations cette année. Elle n'a construit que 5 véhicules pour l'instant et devra donc doper ses capacités de production. Pour y arriver, elle prépare une levée de fonds de 8 millions d'euros qui devrait intervenir cette année. Puis éventuellement une seconde à 14 millions l'année prochaine, pour financer des déploiements en Amérique du Nord. La start-up espère décrocher des contrats d'expérimentation à Chicago et en banlieue de Montréal.