L'investissement dans les technologies autonomes, l'un des facteurs clés de la relance en Europe

Pour penser plus loin et autrement le monde d'après la crise, nous devrons concentrer nos investissements dans les ruptures technologiques dotées d'un fort potentiel de croissance, à l'image des véhicules autonomes

Alors que l’Union européenne prépare son Plan Marshall pour anticiper la reprise économique et construire une Europe “plus moderne, plus durable et plus résistante”, nous sommes convaincus que le secteur de la mobilité,  pourtant si durement affecté par la crise constitue un outil indispensable pour y répondre.

Récemment, la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, soulignait l’importance stratégique d’investir dans les futurs systèmes de mobilité et les infrastructures numériques, et quatre ministres européens des transports, à l’initiative de la France, lançaient un appel conjoint pour “protéger les infrastructures et les opérateurs européens des transports en promouvant une nouvelle politique industrielle pour le secteur des transports”.

Nous, acteurs économiques, aux côtés des décideurs politiques contribuerons à faire des mobilités un accélérateur de la relance européenne et un élément central de la coopération attendue entre les Etats membres pour relever notre continent de la crise. Pour penser plus loin et autrement le monde d’après la crise, nous devrons concentrer notre énergie et nos investissements dans les ruptures technologiques dotées d’un fort potentiel de croissance, à l’image des véhicules autonomes. 

Le déploiement des technologies de rupture nécessite une stratégie ambitieuse

Si la mobilité sera l’une des pierres angulaires du redémarrage de l’économie, c’est parce qu’elle est une condition de l’activité économique. Demain, en optimisant les déplacements et en réduisant les temps de trajets, les véhicules autonomes permettront même d’accélérer cette relance car ils disposeront de tous les atouts pour donner un nouveau souffle aux territoires enclavés où la mobilité fait souvent défaut, ou pour fluidifier le trafic dans les métropoles.

Ils constituent certainement l’une des innovations les plus prometteuses en matière de bénéfices économiques. Le développement de cette technologie de rupture entraînera naturellement d’autres innovations dans son sillage, accroissant in fine le potentiel de croissance. La perspective de ces “grappes d’innovation”, doit nous pousser à agir pour ne pas laisser passer les opportunités. 

La France et l’Europe pourront se saisir réellement de cette opportunité si les décideurs politiques créent les conditions de la relance. La “nouvelle politique industrielle” menée pour sortir de la crise devra intégrer un développement rapide de la mobilité autonome tout en posant clairement les règles du jeu. Dans la compétition mondiale, il en va de la souveraineté économique de l’Union Européenne face à ses concurrents américains ou chinois.

Créer les conditions d’un développement rapide et pérenne grâce à un système d’autorisation exigeant 

Le déploiement de la mobilité autonome repose sur un véritable changement de paradigme qui conduira à repenser les véhicules comme des réseaux interconnectés et intégrés plutôt que comme des machines individuelles. 

Parce que les investissements requis seront importants et que les opérateurs ne pourront pas déroger à des exigences de sécurité extrêmement élevées, il est crucial que le cadre économique défini pour déployer les solutions de mobilité autonome soit incitatif. Il doit permettre de créer les conditions d’un marché qui générera de la valeur pour le développement de cette technologie, à l’image de ce qui a été fait avec les opérateurs de téléphonie ou du schéma d’attribution des fréquences 5G. Dans un cadre clair, exigeant et défini par l’État, les investissements consentis pourront porter leurs fruits. 

Un système d’autorisation ou de licences devra permettre de s’assurer de l'efficacité du modèle économique, des exigences de sécurité mais aussi de la qualité des services fournis par les futurs opérateurs. Mais ce système ne prendra tout son sens que s’il nous permet d’assurer une couverture de l’ensemble des territoires, indépendamment des questions de rentabilité, que s’il nous autorise à satisfaire à l’interopérabilité des réseaux en termes de sécurité, que s’il nous engage sur la voie de l’émergence de champions européens en favorisant la création de consortiums suffisamment solides pour engager les investissement nécessaires au déploiement d’un tel marché en Europe.

Les conditions de la reprise économique existent déjà, nous les avons nommées. La période de crise que nous vivons ne doit pas nous détourner de ces secteurs considérés jusqu’alors comme des facteurs de la croissance de demain. Ils constituent dès aujourd’hui un levier de la relance. 

Par Martin Varsavsky, Fondateur & CEO de Goggo Network et Yasmine Fage, co-fondatrice & COO de Goggo Network