Démystifions le MaaS : Un plan en 3 étapes pour un fonctionnement en ville

Qu'est-ce que le MaaS (Mobility as a Service) et comment les villes peuvent-elles passer du discours à l'action ?

Le concept de MaaS est finalement assez simple. Il s’agit d’une application mobile avec un plan et un large panel d'options de transport venant remplacer la voiture, telles de multiples alternatives pour les trajets du quotidien.

Le cloud nous a permis de proposer des services tels que de la musique, des films ou encore des logiciels, mais pour ce qui est des transports en ville le sujet est bien plus complexe. Il faut en effet naviguer dans les ambitions des secteurs public et privé ainsi que dans celles des usagers.

Le MaaS offre toutefois une alternative sérieuse et viable aux déplacements en voiture qui pousse les villes européennes à creuser l'idée. Mais quelles sont les étapes nécessaires à sa mise en œuvre ?

Etape 1 :

La première des priorités pour les villes consiste à déterminer la norme de données qu'elles souhaitent voir appliquer par les opérateurs. Avant cela, c'est un peu comme si chacun parlait une langue différente. Un article récemment publié par David Zipper explique l’origine et les avantages de la nouvelle norme ouverte, Mobility Data Specification (MDS), qui a vu le jour à Los Angeles pour faire face à l'augmentation des trajets en scooters. Les véhicules partagés étant tous connectés, les villes sont en mesure de suivre et de gérer les solutions de transport à partir des données émises par ces flottes par opposition aux capteurs de flux de trafic traditionnels.

Etape 2 :

L'étape suivante consiste pour les villes à déterminer si elles veulent elles-mêmes proposer une plateforme de MaaS ou si elles préfèrent laisser cette charge aux seuls acteurs du secteur privé. Le marché très disputé, se composent des centaines d'entreprises en compétition pour offrir aux usagers des réseaux de transports multimodaux. L’offre actuelle de MaaS inclut :

  • Des applications de cartographie telles que Google et Citymapper qui sont devenus des fournisseurs MaaS de "1ère génération" leurs applications ne faisant que suggérer des solutions de voyage, mais ne permettent toujours pas à l'utilisateur de réserver et de payer à partir de leur application.
  • Des opérateurs traditionnels comme Grab et Uber qui évoluent quant à eux vers un positionnement d’opérateurs de mobilité multimodale offrant une multitude de services sur leur application – dont certains qu’ils ne délivrent pas eux-mêmes. Uber avait ainsi annoncé son partenariat avec Cityscoot, (filiale de la RATP) lors de la précédente édition du salon Autonomy Paris en 2019.
  • Des startups indépendantes comme Whim Global, Migo et Zipster à Singapour qui espèrent quant à elles proposer un mix de solutions publiques et privées sur leurs applications conso.
  • Des éditeurs de logiciels comme Trafi et Kyyti qui proposent des solutions en marque blanche aux opérateurs de transport en commun.
  • De grands opérateurs de transports publics et privés qui sont également entrés dans la course. La SNCF emploie 1000 ingénieurs dans son laboratoire numérique, Transdev possède Cityway, Mobimeo est la toute dernière initiative de la Deutsche Bahn, quant au partenariat RATP - Ile de France Mobilité il leur aura permis de développer leur propre application.

Cette large palette d’offres de solutions de MaaS est logiquement, quelque peu déroutante et difficile à comprendre et donc à intégrer pour les villes. Bien orchestré le MaaS présente pourtant une formidable opportunité pour les villes de pouvoir réduire l’usage de la voiture et donc la pollution et la congestion qui en résultent. Elles se doivent donc malgré tout de tester certaines des très nombreuses options disponibles.

L’opérateur de transport public berlinois BVG a ainsi chargé Trafi de lui créer sa propre application MaaS, Jelbi, qui propose six modes de mobilité, du train aux scooters. « En rassemblant toutes les pièces du puzzle de la mobilité, nous pouvons offrir à nos utilisateurs une alternative intéressante à l'utilisation de la voiture privée », déclare Jakob Michael Heider, Directeur de Jelbi chez BVG. Parallèlement, BVG travaille avec Mobimeo à la création d’une fonction de navigation ‘live’ appelée "compagnon" dans l’actuelle application FahrInfo de BVG. L’exécution simultanée de plusieurs stratégies semble être est un moyen judicieux pour garder les nombreux utilisateurs sur l'application BVG existante tout en leur proposant une nouvelle alternative de sorte qu’ils puissent A / B tester les deux.

Les villes doivent également comprendre les modèles économiques des solutions MaaS des acteurs privés. A quel mode de transport l'application de MaaS doit-elle donner la priorité ? La marche à pied est sans nul doute la meilleure option pour les petits trajets en ville, mais si le modèle économique du propriétaire de l'application repose sur un principe de commissionnement sur chacun des trajets, il est évident qu’il n’aura aucun intérêt à encourager l'utilisateur à marcher. Les villes européennes dotées de transports publics militent de plus en plus pour une combinaison transports en commun, mobilité active et véhicules partagés, dans l’ordre d’énumération, et leur implication dans une plateforme peut garantir qu'elles obtiennent gain de cause. Ingo Wortmann, Président du Directoire de Munich Transport (MVG) explique ainsi : "Le partage fait partie de notre ADN en tant qu'opérateur de transport public. L’objectif actuel du MVG est de couvrir également le premier et le dernier kilomètre en coopérant avec de nouveaux partenaires sur de nouvelles offres. Nos clients veulent atteindre leur destination depuis et vers leur porte d'entrée, et non pas seulement d'un arrêt à un autre".

Étape 3 :

La dernière étape consiste pour les villes à délivrer des licences d'exploitation aux meilleurs des très nombreux opérateurs privés offrant des véhicules et des trajets partagés et à établir les bases d’une collaboration. En demandant à tous les opérateurs d’alimenter un tableau de bord centralisé avec leurs données, les villes pourront augmenter ou réduire l'offre de services pour répondre à la demande et éviter ainsi que des scooters ou vélos flottants ne viennent encombrer les rues. Grâce à une plateforme de MaaS, ils seront également en mesure de proposer aux usagers des options de transport répondant à leurs objectifs. Et comme toujours, les données collectées deviendront extrêmement précieuses avec le temps pour leur permettre de modifier leurs infrastructures et accueillir de nouvelles solutions de mobilité.

Ross Douglas est le président et fondateur d'Autonomy, le salon dédié aux professionnels des mobilités, dont le JDN est partenaire. L'édition 2020, qui se tiendra les 4 et 5 novembre, sera gratuite et 100% numérique. Au programme :  conférences, tables rondes, stands d'exposition virtuels,  démonstrations en direct.. 

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