Petite échelle, grosses marges : Toosla vise la Bourse pour assurer sa croissance

Petite échelle, grosses marges : Toosla vise la Bourse pour assurer sa croissance Avec une flotte de seulement 300 véhicules et quelques millions d'euros de chiffres d'affaires, le service de location de véhicules haut de gamme a entamé son processus d'entrée en Bourse.

Dans le secteurs des mobilités, il y a deux sujets fâcheux que les patrons de grosses start-up aiment peu aborder, ou non sans un pointe d'agaçement : la rentabilité de leur entreprise, qui fait toujours défaut des années après sa création, et l'éventualité d'une entrée en Bourse, sans cesse repoussée par de nouvelles levées de fonds sur les marchés privés. Des sujets qui n'effraient pas Toosla, une petite start-up qui propose des locations de voitures connectées haut de gamme via une appli en France et en Espagne. Fondée en 2017, l'entreprise tutoie la rentabilité  et s'apprête à entrer en Bourse en France sur le marché Euronext Growth, après avoir reçu l'approbation de son document d'enregistrement par l'AMF début novembre. Toosla devra encore obtenir le visa du gendarme financier avant de pouvoir lister ses actions à la Bourse de Paris.

Une décision qui a toutefois de quoi surprendre au regard de la petite échelle de la start-up française. Toosla est présente dans seulement deux villes (Paris et Madrid), avec une flotte totale de 300 véhicules, pour un chiffre d'affaires de 2,8 millions d'euros en 2020 et attendu à plus de 4 millions d'euros en 2021.

Lever pour mieux emprunter

La start-up, qui a levé 8 millions d'euros en 2019, n'a-t-elle pas peur que ce manque d'envergure désintéresse le marché ? "Il est vrai que nous sommes plus petits que les introductions boursières habituelles," reconnaît Eric Poncin, fondateur et PDG de Toosla. Mais il met en avant des perspectives de croissance plus fortes, et surtout un service haut de gamme (les voitures sont des BMW, Mercedes ou Tesla) qui assurera à terme une meilleure rentabilité que ses concurrents. La marge d'Ebidta ajustée (qui ne retire pas les crédits d'impôts, amortissements, dépréciations et provisions du calcul)  de l'entreprise atteignait les 10% en 2020. D'ici 2025, l'entreprise se dit capable d'atteindre une confortable marge brute d'exploitation (la véritable mesure de rentabilité) de 15%. "Plus notre flotte grossira, plus notre chiffre d'affaires augmentera, plus les coûts de l'entreprise seront dilués, meilleure sera notre marge", résume Eric Poncin.

L'acquisition d'une plus grande flotte est d'ailleurs la principale raison de cette entrée en Bourse, mais pas pour les raisons auxquelles on pourrait s'attendre. Car si Toosla veut déployer 6 000 véhicules en France et en Espagne ou elle se trouve déjà, mais aussi dans les grandes villes d'Allemagne, d'Italie et du Royaume-Uni, elle aura besoin de fonds massifs pour y arriver. Mais pas ceux du marché, ceux des banques. "Les fonds levés via cette introduction en Bourse ne serviront pas à acheter des voitures en tant que telles, mais plutôt à augmenter nos fonds propres pour améliorer notre ratio de solvabilité, et ainsi emprunter pour moins cher auprès des banques," explique Eric Poncin. Le fait d'être une société cotée facilitera également l'octroi de crédits pour financer l'achat de véhicules, assure-t-il.

Finalement, Toosla se présente au marché avec une proposition inverse à celle de la plupart des start-up de mobilités qui se sont retrouvées à sa place auparavant. Au lieu de proposer une énorme échelle et des pertes massives, avec la promesse de les résorber en diminuant les coûts ou en augmentant les prix, Toosla arrive avec une rentabilité quasi atteinte, mais devra décupler son chiffre d'affaires pour transformer en véritable source de revenus ses marges élevées en proportion, mais petites en absolu.