Que vont devenir nos stations-services ?

Va-t-on continuer à se rendre à une station pour faire le plein d'électricité comme on faisait le plein d'essence ? Le passage à l'électrique va-t-il modifier nos habitudes ?

Des besoins qui varient

Le passage à l’électrique n’est pas une révolution que pour les constructeurs automobiles. Il change aussi la donne pour les stations-services, les supermarchés et les centres commerciaux. Il sont contraints de s'adapter aux nouveaux besoins de leur clientèle. Pour cela, il faut comprendre les besoins des utilisateurs qui varient selon les lieux géographiques. 

Dans les zones rurales, la recharge se fait surtout à domicile et sur les lieux de travail. Il faut noter que la transition vers l'électrique est forte car le besoin de mobilité individuelle est plus élevé. Il risque d’y avoir une raréfaction des stations services mais en revanche une possible multiplication des "mini-stations" de recharge adossées à d’autres services de proximités est à prévoir. 

Dans les zones péri-urbaines, des hubs de la mobilité voient le jour (stationnement, recharges, transports en communs, vélos etc…). Des transformations s’opèrent avec des stations-services qui deviennent des stations multi-recharges. Nous pouvons voir des bornes de recharges sur les parkings de cinémas, de bowling, de casinos… Pour les professionnels (transports de personnes) il y a des hubs de recharges à la sortie des aéroports et des gares. 

En ce qui concerne les autoroutes, des “fast chargers" permettent des recharges en seulement 30 minutes. 

Des lobbys pétroliers encore importants

Les acteurs majeurs du secteur pétrolier ont compris les enjeux de cette évolution vers les véhicules électriques. En effet, de plus en plus de stations services sont transformées en stations de recharge. Nous pouvons le voir plus particulièrement dans les grandes villes. Par exemple, Shell a converti une ancienne station-service en station de recharge au milieu de Londres afin de mieux marquer la rupture du thermique à l'électrique. Total a remplacé ses pompes à carburant de la station-service de La Défense par des bornes de recharge électriques.

Malgré ces premières transformations, nous pouvons constater que les lobbys pétroliers sont encore très présents. En janvier 2021, une directive européenne contraignait les stations-service à afficher à titre indicatif le prix de l'électricité en euros pour 100 km. "L’objectif est de sensibiliser davantage les consommateurs et d’assurer une transparence des prix des carburants", précisait alors le texte de la Commission européenne. 

Un an après, force est de constater que peu de stations-service ont décidé de jouer le jeu. Le manque de transparence des fournisseurs spécialisés, comme Ionity ou Fastned sur les autoroutes, est bien visible. En effet, cette indication pourrait permettre aux automobilistes, en particulier aux possesseurs de véhicules électriques, de savoir immédiatement quel tarif ils vont payer pour leur recharge. Cela leur éviterait également de devoir se rendre sur une application. Mais, pour le moment, très peu de grands distributeurs y ont recours, que ce soit Shell, Avia, Total ou encore les supermarchés comme Carrefour, Auchan et Leclerc.

L’objectif est d’aboutir le plus rapidement possible à une législation obligatoire d’étiquetage des prix, même si la mise en œuvre prendra un certain temps. L’échéance est fixée à 2023 au plus tard.

L’optimisation du temps durant la recharge

Avec l’arrivée des véhicules électriques, le rechargement des batteries rentre petit à petit dans notre quotidien. En effet, la majorité des rechargements se fait à domicile; mais il est également possible de recharger son véhicule le temps de faire ses courses ou une activité (bowling, cinéma…). Ainsi le temps de recharge est optimisé. 

Quant aux stations essence, 80% pourraient ne plus être rentables d'ici 2035. Elles doivent se réinventer avant qu'il ne soit trop tard. L'une des solutions consisterait à installer des bornes de niveau 3, à la fois puissantes et rapides, qui pourraient alors attirer les conducteurs. Même s’il existe une obligation pour les concessionnaires d'autoroutes d'installer des bornes de recharge, rien n'est dit sur leur puissance. Or, selon Total Energies, l'installation de trois ou quatre bornes rapides coûte entre 500 000 et 700 000 euros à l'opérateur, contre 1 500 à 2 000 euros pour les bornes classiques sur la voie publique.

De plus, aujourd’hui ces bornes peuvent être installées facilement et partout (parkings, dans rue, à domicile…). c'est-à-dire dans des lieux qui ne nécessitent pas la construction de toute une station avec l'écosystème qui va avec, contrairement aux stations essences classiques. Le pré-équipement d’une partie des parkings d’entreprise est obligatoire depuis 2012 pour les bâtiments neufs ou rénovés et depuis 2015 pour les bâtiments existants. Dans certains cas, sans se limiter au pré-équipement, la loi va plus loin et prévoit une obligation d’équipement de certains bâtiments en points de charge pour véhicules électriques.

La montée progressive des voitures électriques dans le parc automobile va profondément transformer la distribution d'énergie. Actuellement, les batteries des voitures électriques sont de plus en plus performantes et les stations de recharges de plus en plus efficaces. Pourtant, le maillage reste insuffisant.

Est-ce un problème de volonté politique ?