La détaxe digitale, un véritable enjeu d'attractivité territoriale et de souveraineté

La France est la première destination touristique avec près de 89,3 millions de touristes qui viennent consommer chaque année dans l'hexagone. Parmi eux, 19,3 millions d'étrangers hors UE sont d'ores et déjà éligibles à la détaxe. Demain, ils seront près de 30 millions avec le Brexit.

La complexité administrative entourant la détaxe transforme en effet rapidement cet avantage en contrainte. Toutefois, la digitalisation de ce procédé, encadrée par les autorités compétentes, dessine la nouvelle voie à suivre pour démocratiser et simplifier l'accès à la détaxe. Et son intérêt va bien au-delà de la seule dynamique économique.

Un dispositif contraignant et trop peu connu

La France, ses paysages variés, sa gastronomie et son art de vivre font rêver bien au-delà de nos frontières et de celles de l’Union européenne. Chaque année, des millions de touristes étrangers atterrissent ainsi dans notre beau pays et en repartent les bras chargés de souvenirs. 

Si certains sont informés de l’opportunité économique que représente la détaxe, d’autres en revanche en ignorent jusqu’à l’existence même. Sur 15 millions de touristes (hors UE, Brexit et enfants de moins de 16 ans), seuls 2 millions ont ainsi profité de ce dispositif en 2018. La raison tient principalement dans les règles qui l’encadrent et dans leur application.

Pour commencer, un seuil d’achat minimal a été fixé par magasin. Si celui-ci est tombé à 100 € le 1er janvier dernier, son montant élevé continue de pénaliser les petits commerçants qui n’y ont pas accès. Et c’est loin d’être le seul frein. Outre un évident manque de communication auprès des touristes étrangers, les procédures administratives pour récupérer la TVA sur ses achats sont longues et fastidieuses. Heureusement, comme dans de nombreux secteurs, la digitalisation révolutionne aujourd’hui la détaxe. 

Le digital dessine le futur de la détaxe 

Des solutions numériques, agréées par les Douanes françaises, ont vu le jour ces deux dernières années, qui viennent simplifier la détaxe pour lui permettre de se démocratiser et de tenir toutes ses promesses. Désormais, depuis un simple smartphone, les touristes étrangers et les expatriés de passage dans l’Hexagone peuvent en profiter en seulement quelques clics. Cette digitalisation leur permet de s’émanciper du seuil légal de dépense minimale par magasin en regroupant l’intégralité des factures scannées sur un bordereau de détaxe unique. Un touriste étranger peut donc désormais réaliser ses achats dans différentes boutiques sans se soucier de leur montant. Une aubaine pour les petits commerçants qui profitent désormais comme les grandes maisons de luxe de ce pouvoir d’achat augmenté !

Enfin, contrairement au dispositif papier, très contraignant pour l’utilisateur, cette numérisation permet d’obtenir des remboursements plus rapidement, dans les 72 h contre 3 mois en moyenne actuellement.

De la facture au ticket de caisse : franchissons le pas sans attendre !

On pourrait alors penser que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Pourtant, si les progrès sont évidents, il reste un frein à lever. Aujourd’hui, pour profiter de la détaxe, le touriste étranger doit présenter une facture pour chaque achat. Le ticket de caisse, même détaillé, n’est pas considéré comme une preuve par l’administration française. L’argument pour le refuser consiste à dire que sans le nom de l’acheteur, la fraude à la TVA est simplifiée. En réalité, celui-ci ne tient pas. Rien de plus facile en effet, avec les outils modernes, que de falsifier une facture. On pourrait ainsi tout à fait imaginer une double preuve consistant à scanner à la fois le ticket de caisse et le ticket CB pour les règlements par carte. Si le Ministère des Affaires Étrangères soutient cette proposition, Bercy résiste encore. Or, un touriste étranger aura la plus grande difficulté à demander une facture chez un commerçant s’il ne parle ni français ni anglais, ce qui arrive encore très souvent. Accepter le ticket de caisse comme preuve d’achat permettra de faire décoller la détaxe digitale et donc à l’État d’augmenter, voire de doubler, ses recettes touristiques. À l’heure où les frontières se rouvrent progressivement après plusieurs mois d’arrêt, il y a là une opportunité à ne surtout pas manquer. 

Soutenir l’innovation française : un enjeu de souveraineté national

Aujourd’hui, seuls deux acteurs de la détaxe digitale sont agréés en France. Mais au vu des opportunités que ce marché représente, on peut présumer qu’ils seront plus de 20 dans un ou deux ans et tous ne seront pas français. Si nous comprenons parfaitement la prudence dont fait preuve l’administration, force est de constater que le gouvernement n’applique pas la prise de risque qu’il encourage pourtant chez ses entrepreneurs. 

Rappelons également que les données recueillies sont des informations sensibles qu’il vaut mieux éviter de glisser entre toutes les mains. Préserver la souveraineté de ces données doit être une priorité pour notre pays. D’autant qu’il serait vraiment dommage, avouons-le, que le futur leader de la détaxe digitale en France, soit une entreprise étrangère !