Paiement fractionné en ligne : vers de nouveaux modes de consommation qui favorisent la reprise économique

Avec la reprise, ils veulent dépenser sans se sentir coupables, Pour ce faire, ils vont notamment pouvoir capitaliser sur le paiement fractionné, qui vient bouleverser le marché du crédit à la consommation.

Des injonctions contradictoires pendant le confinement

Est-il essentiel ou pas de continuer à acheter autant de vêtements ? Quelle que soit la réponse, c’est un peu comme si, pendant la pandémie, on avait redéfini à la place des français ce qui est important ou pas. Ces derniers en ressortent avec un véritable sentiment de culpabilité. Cette notion d’essentiel et de non essentiel n’est pas anodine. Elle impacte tous les sujets concernant la RSE (Responsabilité Sociale des Entreprises) et le respect de la planète. Les consommateurs se retrouvent ainsi face à des injonctions contradictoires : d’une part, consommer pour soutenir l’économie, et d’autre part, réduire leur consommation pour diminuer leur impact carbone.  Ils veulent consommer mieux et responsable, néanmoins, dès la pandémie terminée, ils se surprennent à acheter des vêtements, produits considérés comme non essentiels il y encore quelques mois.

Le paiement fractionné pour se responsabiliser

Les nouveaux acteurs du paiement fractionné apportent une alternative rassurante à ce sentiment de culpabilité. Grâce à la possibilité de payer un achat en ligne ou en magasin en trois fois, les consommateurs peuvent se faire plaisir tout en étant responsables. Ils peuvent accéder aux produits qu’ils ne pouvaient pas s’offrir auparavant, notamment en combinant les avantages liés au prix soldé et le paiement échelonné. Le fait de pouvoir étaler son paiement en toute conscience, sans frais, ni nécessité de passer par une procédure de crédit contraignante, coûteuse et incertaine, est pour eux un soulagement. Ils libèrent progressivement leur épargne et la reprise économique s’en trouve favorisée.

Des nouveaux acteurs avec un modèle de business nouveau

Visant à lutter contre le surendettement, la loi Lagarde, promulguée en 2010, a permis de mieux encadrer certaines pratiques opaques comme le crédit revolving. Soucieux d’augmenter leur palette d’offres, certains acteurs bancaires historiques, issus du monde bancaire, comme Oney, Cofidis ou Cetelem proposent des options de paiement en trois ou quatre fois. Néanmoins, les nouveaux acteurs du paiement fractionné obéissent à un modèle de business différent. Ils ne sont pas originaires du monde bancaire. Ils ne prennent aucun frais financier et n’appliquent pas de taux effectif. Ils se rémunèrent auprès de la marque ou du marchand. Ils encaissent une commission à chaque fois qu’un client choisit leur mode de paiement. Comme les fintech, ils sont issus du monde de la technologie. Ils traitent donc les éléments financiers au travers de plateformes et d’algorithmes, capables de donner instantanément un accord là où une banque, basée sur un modèle plus prudentiel aurait tendance à dire non.

Des acteurs qui devraient s’imposer durablement

Ces nouveaux acteurs du paiement fractionné veulent transformer leur offre en une véritable carte de paiement. Conquis, de nombreux magasins, centres commerciaux et marques, proposent déjà le paiement en trois fois, réservé aux titulaires de la carte. C’est une démarche gagnant-gagnant où le marchand final ne prend aucun risque. Il ne paie la commission que dans le cas où le consommateur choisit le paiement fractionné. En outre, le fait de pouvoir payer en trois fois conduit le consommateur à se faire plaisir sans culpabiliser, car  passer  d’un achat de 90 euros à 120 euros est relativement indolore (3x30 à 3x40€). Le marchand augmente mécaniquement le taux de conversion du panier moyen sur son site de 15%, sachant qu’en temps normal, 70% des visiteurs en moyenne repartent sans acheter.

Un phénomène de fonds

Ce phénomène n’est pas uniquement lié au Covid. C’est une tendance forte. Dans tous les pays où le taux d’utilisation de la carte de crédit est important, lorsqu’un acteur du paiement fractionné s’installe, on constate une baisse de l’utilisation de la carte de crédit. Le report se fait mécaniquement vers la carte de paiement de l’acteur concerné. Le consommateur comprend très vite qu’il a tout intérêt à procéder ainsi. En effet, la carte de crédit est facturée par la banque. Pour chaque mini-crédit contracté, l’usager paie et la banque se rémunère sur ce crédit. La France devrait donc connaître la même évolution.

Ce n’est que le début

Aujourd’hui, dans notre pays, très peu de marchands proposent le paiement fractionné. En ligne, leur pénétration est estimée à moins de 15%, pour un marché français du e-commerce estimé à 112 Milliards d’euros. Ces nouveaux acteurs ont donc une forte marge de progression devant eux. Ce n’est qu’une question de temps avant qu’ils ne s’imposent dans l’hexagone. L’évolution vers ce nouveau moyen de paiement, permettant aux consommateurs français de se faire plaisir au moment où ils le souhaitent, devrait mécaniquement leur donner l’impression d’une forme d’augmentation du pouvoir d’achat. Il est donc naturel de voir de nouvelles lois en préparation pour mieux encadrer le secteur et continuer à toujours plus protéger les consommateurs. Sans pour autant oublier que le paiement fractionné devrait également contribuer à moyen terme, et de manière importante, à la reprise économique globale.